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Sonic Youth

En général, les producteurs ne comprennent rien...

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Fin des seventies, début des eighties, la scène musicale new-yorkaise est frappée d'un mal mystérieux : la 'no wave'! Un syndrome anticonformiste, anti-commercial, qui touche également le monde artistique de cette cité cosmopolite, et prétend rendre la plus grande liberté d'expression à ses disciples. Un virus avant-gardiste qui pousse tous ceux qui l'ont contracté à saborder systématiquement tout ce qui pourrait être accessible. De cette période chaotique, mais particulièrement féconde en créativité vont naître toute une série de groupes novateurs dits 'underground': Live Skull, DNA, et puis surtout Swans et Sonic Youth. Deux ensembles qui vont rencontrer, tout en conservant leur propre style, une évolution musicale quasi parallèle. Comme par exemple en 1989, lorsqu'ils décideront de passer sur un label major ou lorsqu'ils vont se mettre à accorder une plus grande importance à l'aspect mélodique de leurs compositions ("The Burning World pour Swans et "Goo" pour Sonic Youth). Et puis à cause de cet esprit d'indépendance qu'ils veulent conserver par dessus tout. Sonic Youth vient donc d'enregistrer "Dirty", un album de noisy-punk complexe, savoureux, remarquable, un album qui avait été enregistré sous la houlette du producteur de Nirvana, Butch Vig. C'est Steve Shelley, drummer de Sonic Youth qui s'est  fait le porte-parole du groupe. Nous l'avons a rencontré pour vous...

Quel a été le rôle de la no-wave dans la genèse de Sonic Youth ?

Nous sommes issus de ce mouvement musical minimaliste. Un mouvement qui s'est produit à New York fin des seventies. Il  a donné naissance à des tas d'autres groupes tels que DNA, Lydia Lunch, etc.

Pourquoi les groupes new-yorkais migrent-ils de plus en plus souvent à Los Angeles ? Sonic Youth n'est-il pas tenté par l'aventure ?

Il est plus facile de vivre à l'extérieur de New York. Los Angeles baigne dans un certain confort, bénéficie d'un climat idyllique. Le soleil y brille en permanence. Ce n'est pas pour rien que les rock-stars britanniques s'y installent ‚également. Nous nous y sentons bien. C'est notre chez nous. Ce qui ne nous empêche pas d'aimer les voyages. Et les multiples tournées nous permettent de voir du pays. Quant à Los Angeles, elle est devenue notre seconde résidence parce que notre label s'y trouve. Au fils du temps nous nous sommes fait beaucoup d'amis que nous retrouvons régulièrement et avec plaisir...

N'est-il pas trop difficile de conserver son indépendance lorsqu'on appartient à un label major ?

Je ne crois pas. Nous maîtrisons bien notre sujet. Nous ne laissons le soin à personne d'autre de décider ou de vérifier à notre place. En particulier pour la réalisation de nos disques. Nous choisissons le producteur, l'ingénieur du son, le studio d'enregistrement, et les titres qui composeront l'album. Je pense même qu'il ne nous est jamais venu l'idée d'envoyer une démo à une firme de disques. Geffen se contente de signer les chèques et de payer les studios.

Est-ce que Sonic Youth se sent investi d'une mission bien spécifique ?

Composer, jouer, expérimenter. Composer parce que nous sommes, malgré la fuite du temps, toujours heureux d'enregistrer. Jouer parce que se produire sur scène est excitant. Et expérimenter parce que nous cherchons toujours à innover. Communiquer notre amour de la musique, c'est probablement notre mission.

La plupart des artistes estiment très souvent que le disque qu'ils viennent d'enregistrer est la meilleure création de toute leur œuvre. Pensez-vous la même chose de "Dirty" ?

Tous nos albums sont différents. Il est difficile de déterminer quel est le meilleur. Chaque disque reflète ses propres caractéristiques, des caractéristiques liées aux variations de notre état esprit et à des tas d'autres choses pas toujours évidentes à comprendre. "Dirty" a bien été enregistré. Et inévitablement je l'apprécie beaucoup. C'est tout ce que je peux affirmer.

Comment s'est déroulée la "Weld Tour" qui vous a entraîné dans le sillage de Neil Young, à travers les States? Ne pensez-vous pas avoir été  manipulés ?

La tournée s'est parfaitement déroulée. Neil Young est un musicien fabuleux. Nous avons assisté à ses prestations à plusieurs reprises. Je ne pense pas que nous ayons été manipulés. Nous avons apport‚ une bouffée de fraîcheur à cette tournée, et en retour, nous en avons retiré une fameuse dose d'expérience. Evidemment ce n'était pas toujours facile, car le public de Neil Young appartient à une autre génération, alors que le nôtre est plus jeune. Mais nous n'avons pas été manipulés. L'idée ne m'a d'ailleurs jamais effleuré l'esprit. Certainement pas par Neil Young!

Quel est l'impact de MTV aux States ?

MTV est une très grosse chaîne de télévision capable de diffuser 25 programmes en même temps. J'exagère, mais c'est pour vous donner idée de l'importance de cette institution qui détient un chiffre d'audience assez impressionnant. En fait, dans le domaine musical elle fait la pluie et le beau temps. Elle est capable de construire ou de détruire la carrière d'un artiste. Elle ne doit d'ailleurs pas se soucier de la concurrence, puisqu'elle est la seule sur le marché. Nous avons déjà eu la chance d'y apparaître. Pas très souvent, c'est vrai!

Pour l'enregistrement de "Dirty" vous avez engagé Butch Vig à la production. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de confier ce rôle à une personne extérieure au groupe ?

Auparavant, nous n'accordions guère d'importance au producteur, puisque nous assurions nous même cette fonction. Nous n'avons jamais rencontré de gros problèmes pour nous acquitter de cette tâche. Et puis il n'est pas facile de dénicher l'oiseau rare. En général, ils ne comprennent rien à ce que nous voulons. C'est tout juste si nous ne devrions pas leur enseigner comment ils doivent s'y prendre. Butch, lui est venu à la musique de la même manière que nous. Notre formation musicale repose sur les mêmes bases. L'entente ne pouvait qu'être bonne. Et le résultat est excellent!

Qu'est-ce qui différencie "Dirty" de "Goo" (NDR: le précédent album) ?

Le producteur (NDR: Butch Vig!). Le mixeur (NDR: Andy Wallace, personnage qui a notamment travaillé avec Henry Rollins et les Screaming Treess), et puis une équipe de techniciens dont le talent nous a permis d'œuvrer en toute décontraction, de gagner en spontanéité et en assurance. Et tout cela se ressent tout au long de l'album. En fait nous avons surtout voulu nous débarrasser des questions de coordination qui avaient pesé sur "Goo", pour mieux nous concentrer sur notre sujet.

Sonic Youth est-il un groupe violent ?

Non, pas du tout. Nous sommes plutôt des gens paisibles. Si la violence transpire à travers notre musique, elle n'existe qu'à travers l'esprit de celui qui la perçoit comme telle. Pour nous, elle véhicule une forme d'excitation typiquement blanche , une forme d'excitation bien plus vivace que celle qui tente de se manifester à travers la pop music.

Te sens-tu concerné par le phénomène du racisme qui frappe les Etat Unis? Los Angeles et New York en particulier? Comment as-tu vécu l'explosion de violence qui a suivi l'acquittement des policiers blancs inculpés pour avoir molesté un noir à L.A.? Le Ku Klux Klan exerce-il toujours sa violence xénophobe ?

Le racisme demeure encore et toujours un problème de société aux States, un problème qui fait encore aujourd'hui et malheureusement partie de l'existence de l'Américain. Je ne suis pas politicien, mais il m'interpelle. Les émeutes qui ont éclaté à L.A. nous ont quelque peu surpris. Nous étions à New York et avons suivi les événements à la TV. La faute incombe au gouvernement de Georges Bush qui n'a pas pu prendre ses responsabilités et qui a laissé pourrir la situation. A New York je ne crois pas que le phénomène aurait pu prendre une telle ampleur, car la violence est beaucoup moins liée aux problèmes raciaux. Elle existe mais sous une autre forme. Le Ku Klux Klan ? C'est un chapitre embarrassant. Je suis navré que ce type de secte existe encore...

Quelle est ton opinion sur le développement du SIDA, fléau qui semble toucher particulièrement le pays de l'oncle Sam ?

Le monde a dû adapter son mode de vie en fonction de la maladie. Cette affection est horrible... les membres de Sonic Youth ne sont heureusement pas du style à vivre dangereusement. Nous sommes très prudents et ne calquons certainement pas notre comportement sur l'archétype du groupe rock, c'est à dire dont les membres se droguent et mènent une vie sexuelle hyperactive... le danger est trop important!

Steve’s Sonics

L7 ? Elles sont stupéfiantes!

Fugazi ? Bon groupe américain qui conserve la tête sur les épaules!

Axl Rose ? Une plaisanterie!

Madonna ? Une plaisanterie, mais féminine!

Idoles ? Tom Waits, Leonard Cohen, Birthday Party, Neil Young

Vieux ? Un fait de la vie

Jeune ? Le plus longtemps possible

Sonic Youth ? Ma vie!


(Version originale de l'interview parue dans le n° 5 – septembre 1992 - de Mofo)