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Sophia

Le nouvel album de Sophia est plus positif, plus ouvert...

Leader de The God Machine, une formation américaine 'culte' qui a sévi au cours des années 90, et de Sophia, son projet actuel, Robin Proper-Sheppard est un musicien remarquable mais surtout, un être foncièrement attachant. Dans le hall des tout nouveaux locaux de PiaS, en plein centre de Bruxelles (juste à côté du Centre Belge de la Bande Dessinée), son accueil est chaleureux. Aujourd'hui, c'est la journée 'promo' pour la sortie du dernier opus de Sophia, ‘As We Make Our Way (Unknown Harbours)’. Robin est habillé de noir (tout comme votre serviteur) ; souriant, il me propose un café et la conversation s'engage tout naturellement sur le thème de Bruxelles, la ville où il a élu domicile, il y a de nombreuses années.

« J'aime beaucoup Bruxelles », confie-t-il. « Au départ, j'ai choisi cette ville lorsque mon ex-épouse et moi se sont séparés, parce que cette solution permettait aisément de faire un saut à Londres en Eurostar pour voir ma fille. Et aujourd'hui, je m'y sens très bien. J'habite dans le centre et j'ai un petit territoire privé qui s'étend entre mon appartement du côté de Sainte-Catherine, le Delhaize de La Bourse et l'Archiduc. »

L'Américain a vite trouvé en notre pays une terre d'accueil qui soutient les artistes. « Le gouvernement ici a pris des mesures en faveur des artistes et il est possible d'obtenir des subsides, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays. Et les conservatoires de musique sont plus ouverts aux musiques modernes et alternatives. Les musiciens belges avec lesquels je travaille vivent uniquement de la musique. »

A l’instar des productions précédentes, ‘As We Make Our Way’ propose un indie-rock flirtant avec le folk et le post-rock. Mais on sent quand même une évolution importante. « La plus grande nouveauté, c'est que ce disque n’est pas aussi triste que les précédents. Auparavant, mes compositions exprimaient la souffrance de mes amours déçues ; tandis que sur celui-ci, le point de vue est moins personnel. La production est moins brute et laisse davantage de place aux expérimentations sur le son, les textures et la dynamique... Oui, le nouvel album de Sophia est plus positif, plus ouvert. »

Un des deux premiers titres qui a servi de 'teaser', ‘Resisting’, témoigne de cette évolution. Il se distingue par une superbe progression, très post-rock, vers un refrain qui résonne comme un hymne. « C'est juste ! J'ai constaté que mes nouvelles compositions avaient un impact différent. Mes amis m'ont avoué qu'ils étaient touchés par ce côté plus ouvert, moins égocentrique. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai changé le titre de l'album : à l'origine il s’intitulait 'As I make my way' et j'ai remplacé le 'I' par 'We' pour souligner cette ouverture. »

La chanson ‘You Say It's Alright’ est également un bel exemple de la nouvelle direction empruntée par Sophia. « Je l'ai composée à la guitare, mais on a beaucoup travaillé sur les arrangements, en introduisant un arpeggio au synthé, afin de créer une tension tout au long du morceau. Au départ, les fans de Sophia ont été surpris par ce côté électro ; mais maintenant les retours sont très positifs. Et le riff de guitare, à la fin, rappelle un peu The God Machine. » Après plusieurs écoutes, les voix atmosphériques font aussi penser à M83.

Mais c'est le côté très 'dark' de Robin Proper-Sheppard qui intéresse surtout votre serviteur. L'occasion d'en savoir plus sur ses références postpunk/new-wave ! « J'adore The Cure, Bauhaus et tous ces groupes issus des années '80. En fait, au début, on exécutait des reprises chez The God Machine. Par exemple le ‘Double Dare’ de Bauhaus. ‘Disintegration’ de The Cure m’a également énormément marqué. De même que le répertoire d’Echo And The Bunnymen. Eux-mêmes étaient influencés par la musique garage et psyché des années 70. J’apprécie aussi beaucoup Wire ; Graham Lewis est un ami. »

Irait-on jusqu'à affirmer qu'il existe un élément de postpunk dans sa musique ? « Oui ! C'est aussi une question d'attitude. Je n'ai pas peur de choquer, de surprendre. Il y a une 'angularité', un 'anti-conformisme'. A la fin de 'Drifter', par exemple, les synthés sont dissonants. Ce n'est pas une chanson 'pop' ! Et ce concept, je le tiens de toutes ces formations nées dans les années '70 et '80. »

Il existe également une structure 'prog' dans la musique de Sophia. Pas comme chez Genesis ou Yes, mais dans l'approche progressive des compositions, qui recèlent différentes séquences, différentes atmosphères. Un peu comme chez Radiohead et les formations de post-rock. Qu'en pense le principal intéressé ? « Je confirme ! Merci pour ces comparaisons, qui m'honorent ! »

Ce qui surprend lors de cette interview, c'est que contrairement à la plupart des musiciens connus, Robin Proper-Sheppard s'intéresse véritablement à son interlocuteur. Ce qui permet de présenter mes activités comme scribouillard bénévole pour différents 'webzines', DJ et animateur d’émission radio. On parle du nouvel elpee de The KVB, paru sur Invada Records ; de l’interview que votre serviteur a réalisée en compagnie de John Foxx et je promets de lui envoyer 'Hiroshima, Mon Amour', le titre culte d'Ultravox !

Plus tard, Robin accordera un showcase privé devant une centaine de fans dans la petite salle, chez PiaS. Sans micro et sans amplification, il va nous réserver des versions acoustiques de ses chansons, en agrémentant sa prestation d'anecdotes savoureuses. Un moment inoubliable !

Sophia se produira en concert au Botanique le 26 avril (c’est sold out) et dans le cadre du festival Pukkelpop, le 19 août.

Pour vous procurer le nouvel album « As We Make Our Way (Unknown Harbours) », c’est ici 

Photo Philip Lethen

Sophia

Les doutes étranges de Robin Proper-Sheppard...

Écrit par

Robin Proper-Sheppard est un type hyper sympa, fort intéressant, mais particulièrement torturé. Pas toujours très sûr de lui, non plus. Ce qui peut paraître paradoxal, lorsqu'on connaît l'œuvre de feu God Machine, de Sophia et puis la qualité des prestations 'live' que son groupe est capable d'accorder. Après avoir terminé l'enregistrement de son nouvel album, 'Technology won't save us', il craignait la réaction du public et même de la presse. A un tel point que trois semaines avant la sortie officielle du disque, il n'avait toujours rien organisé : ni promo, ni planning de tournée. En fait, c'est à travers les interviews que Robin parvient à dissiper ses doutes et ses incertitudes. Et pourtant, son nouvel opus est tout à fait remarquable. Robin confirme le profil inattendu de sa personnalité…

« Oui, c'est exact. Après avoir sorti cet album, j'étais dans l'incertitude la plus totale. Encore plus que pour les autres. J'étais envahi par le stress et l'anxiété. Et le fait d'en parler avec la presse me rassure. Un ami journaliste m'a un jour confié que dans mes lyrics je m'exprimais beaucoup en noir ou en blanc. Pourtant, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Je n'avais jamais pensé à ça. En acquérant de la maturité, j'accepte que les choses soient bien plus nuancées… » Encore que dans la chanson 'Pace', il déclare 'Nous ne pouvons changer le monde'. Robin s'explique : « J'ignore si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Si on ne peut le changer, il faut l'accepter. A partir du moment où tu acceptes les choses telles qu'elles sont, tu dois t'y faire. Ou alors, il y a moyen d'améliorer les choses. Pourquoi accepter ce qui est perfectible ? Tu vois ce que je veux dire ? En général, je ne suis pas quelqu'un de très positif, mais cette chanson l'est… » Alors, finalement, ce 'Technology won't save us' est un vivier de messages ? Rien que le titre de l'opus y fait penser. Robin réagit : « Je n'en sais trop rien. Beaucoup de gens me le disent. Fondamentalement non. Je ne pense pas que ce que je fais aujourd'hui soit tellement différent. Même si c'est à la fois différent et pas différent (NDR :?!?!?) D'abord, je n'étais pas convaincu encore être capable d'enregistrer un nouvel album. » Oui mais pourquoi la technologie ne peut pas nous sauver ? Robin répond : « Tu connais le récit de cette chanson ? C'est un faits-divers authentique. Un père et un fils travaillaient sur la plage. Puis soudain, le temps a changé. Le vent s'est levé, le brouillard est tombé et la marée est montée. Résultat, ils ne retrouvaient plus leur chemin. Le père disposait d'un portable et a contacté les services de secours qui se trouvaient à une centaine de mètres. Ces derniers entendaient le bruit de la mer dans le récepteur, ils étaient tout proches, mais ils ne parvenaient pas à les localiser. Le gamin était même grimpé sur les épaules de son père. Mais malheureusement, ils se sont noyés. Donc la technologie n'a pas permis de les sauver. Maintenant, il faut comprendre cet événement au sens spirituel. On sait que la technologie épargne, prolonge des vies. Simplifie les procédures. Enfin on l'imagine, car cette forme de simplification les rend aussi plus compliquées. Je veux dire que l'excès de technologie rend les gens plus dépendants, moins intelligents, incapables de réfléchir voire de réagir… »

Cette compo est instrumentale, construite sous la forme d'un crescendo. Comme lors d'une symphonie moderne au cours de laquelle Robin se muerait, en quelque sorte, en chef d'orchestre. En 2001, il avait d'ailleurs réalisé ce type de projet lors des 'Nachten'. Robin précise : « Avec un quatuor à cordes. En fait, il aurait fallu beaucoup plus de musiciens : au moins huit pour les cordes et quatre aux cuivres. Et une tournée plus conséquente. Mais cette expérience était formidable. Je me souviens même que le public avait souhaité un 'happy birthday' à ma fille. Le fait de réaliser un projet et d'être surpris du résultat suscite un sentiment très fort au fond de toi-même. De très positif. Mais je ne sais pas si je serai encore capable d'accomplir un projet pareil dans le futur. Je me vois d'ailleurs difficilement le reproduire. C'est unique en son genre. Un mélange entre l'œuvre, l'auditeur et le compositeur. Trois éléments en même temps. En symbiose… Je rêve vraiment d'incarner un personnage créé de toutes pièces. J'apprécie tout particulièrement m'asseoir et contempler mon œuvre, plutôt que de communiquer en empoignant une guitare et en commençant à chanter. Sortir de moi-même et me regarder. C'est une forme d'autosatisfaction qui me permet d'atteindre l'extase. C'est la musique qui m'aide à transcender mes émotions. Et à cet instant, j'en suis le témoin… Je ne connais pas assez la musique pour jouer au chef d'orchestre ; et d'ailleurs je ne m'habille pas en queue de pie et ne porte pas de nœud papillon. Et pour moi, la baguette, ce serait plutôt le drumkit. Mais cette chanson m'a tellement pris de temps. Et en particulier pour les arrangements de cordes et de cuivres. C'est un processus d'écriture par essai et erreur au cours duquel je me dis, ça c'est trop joyeux, ça c'est trop triste. Il est très long. Mais je voudrais le voir exécuter sur scène. Certaines personnes me demandent si je ne vais pas concocter un disque symphonique ou exclusivement instrumental. Mais mon écriture vient de manière naturelle. Sans forcer. Enfin, je veux dire les mots. Le gros boulot est venu de la phase instrumentale. Or, les mots viennent de la musique et pas l'inverse. C'est la musique qui engendre le texte. Une chanson comme 'Lost' est née tout naturellement. Je n'ai même pas dû me forcer pour l'écrire. Idem pour 'Big city rot'. Mais c'est parfois tellement difficile d'expliquer d'où la muse vient. Et je dois accepter cette situation… »

'Birds' est probablement la chanson la plus sophistiquée du nouvel album. Les arrangements me font même parfois penser à ceux utilisés par Neil Hannon chez Divine Comedy. Robin réagit : « Je ne connais pas The Divine Comedy. Je me souviens du travail nécessité pour les cuivres, lors des sessions d'enregistrements de l'album. Il y avait un type d'harmonie que je souhaitais développer en leur compagnie. Et on s'est parfaitement compris pour le réaliser. Maintenant, j'estime que mon style de songwriting est très simple. Et je ne cherche jamais à en remettre une couche. Cela ne sert à rien. Par rapport aux albums précédents, j'ai eu un mal fou à me remettre à bosser. Je traversais une crise de confiance. Je ne savais pas du tout où j'allais. Mais dès que je suis passé à travers, c'est un peu comme si la nature avait repris ses droits. J'ai fait appel au même type d'instrumentation que lors de l'album précédent. Mais, il est vrai que la genèse de ce disque est assez étrange. Et dans cette étrangeté, je n'étais pas sûr que le public allait s'y retrouver. Je sais que ma réaction peut paraître étonnante lorsqu'on sait que je suis dans le métier depuis une quinzaine d'années. De nombreuses personnes m'ont déclaré que c'était le meilleur album de Sophia, à ce jour. Je le pense. Enfin, je l'espère. C'est vraiment étrange… »

Deux autres plage, 'P1/P2' et 'Lost (she believed in angels)' réverbèrent des sonorités de guitare rappelant les Chameleons et House of Love. Serait-ce une coïncidence ? Robin admet : « Tout à fait d'accord. Mais ce qui est amusant à ce propos, c'est qu'à l'écoute de ces chansons j'étais anxieux parce que je pensais qu'elles semblaient un peu trop destinées au 'stadiums rock'. A cause des grosses guitares. Et j'ai posé la question à mes amis. Ils m'ont rassuré en m'expliquant que ce type de chanson relevait de ma créativité et puis collait bien au groupe. Mais franchement, j'ai beaucoup hésité avant de les inclure sur le disque. » Le dernier de l'opus, 'Theme for the Mary Queen' est encore plus noisy. Depuis God Machine, Robin ne s'était plus autant lâché. Enfin chez Sophia. Car, il a également monté un groupe parallèle : The Ma(r)y Queens (NDR : cherchez l'erreur !) Une formation qui ne lésine pas sur l'électricité. Robin confesse : « A début de cette année, j'ai accompli une tournée acoustique. Et le groupe Vito m'accompagnait pour assurer le supporting act. A la fin du set, on interprétait quelques chansons ensemble. Simplement pour prendre notre pied. Ce type de musique fait partie de mon univers. Elle me sert en quelque sorte de soupape. Quand il y a trop de pression. Et finalement, je me suis dit pourquoi je ne reproduirai pas cela avec Sophia ? Je n'allais quand même pas me renier. Et puis merde après tout, j'ai aussi le droit de prendre mon pied. De faire ce que j'ai envie de faire…» D'ailleurs, Robin écoute toujours du punk issu des sixties. Et en particulier les Electric Prunes ou encore les 13th Floor Elevators. Celui des eighties aussi. Ajoutant : « Il est incroyable que cette musique se régénère tous les 20 ans et refait surface… »

Puisqu'il nous parle de Vito, formation qui a rejoint son label The Flower Shop Recordings, il était intéressant de savoir quels sont les artistes qui figurent aujourd'hui dans son écurie : « Vito, un groupe de Cardiff. Copenhagen. Ils vont faire un break maintenant. En fait, ils doivent récupérer, car il y a deux jours on s'est réuni et ils ont un peu trop carburé (rires). Gamine. Il y a aussi des artistes qui travaillent encore avec moi, mais il n'est pas sûr qu'ils continuent. Mais il y en a d'autres. Dont je tairai les noms. Des trucs épatants. Tu comprends mieux pourquoi, la confection d'un nouvel album de Sophia nécessite autant de temps, maintenant… »

'Twilight at the hotel Moskow' est un autre instrumental. Une assez jolie compo qui n'évoque pas le souvenir d'un voyage en Russie, mais en Serbie. A Belgrade, très exactement. Au cours duquel il avait logé à l'hôtel Moskow. « J'y ai accompli une croisière sur le Danube. C'est une chanson étrange traversée de différents courants : bohème, country, jazz, etc. Mais aussi un mélange d'émotions. Une chanson vraiment représentative d'une manière étrangement abstraite du concept Sophia. »

Merci à Vincent Devos.