Yuksek revisite Laurent Voulzy…

Le musicien, compositeur, réalisateur et producteur de musique électronique Yuksek revisite « Cocktail chez mademoiselle », le titre de Laurent Voulzy paru en 1979 sur son album « Le cœur grenadine ». Il en propose une relecture retro futuriste, groovy et…

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Ash

Retour à l’adolescence pour les quadras…

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Le parcours d’Ash est plutôt atypique. En 28 ans de carrière, il n’a publié que 8 albums (parmi lesquels « 1977 » et « Free all angels » constituent la quintessence), mais une ribambelle de singles (NDR : pour la plupart issus ou repris sur les elpees), dont une vingtaine ont atteint le Top 20 des charts, trois live, un Ep et quelques compilations. Entre 1997 et 2006 ainsi qu’au cours de l’année 2011, le trio est passé à un quatuor en intégrant la guitariste rythmique Charlotte Hatherley. Son succès, il l’a obtenu au cours des nineties, époque au cours de laquelle votre serviteur avait eu l’occasion d’interviewer le leader, Tim Wheeler (lire ici) 

Depuis, la formation s’est enfoncée dans un certain anonymat, malgré la sortie de disques et l’organisation de tournées ponctuelles. Ce qui ne la prive pas d’une fanbase, plutôt fidèle, dont la plupart, comme ce soir, est constituée de quadragénaires.

La formation se produisait à l’Aéronef de Lille ce 21 février 2020, dans une salle en version club. Et on était curieux de voir et d’entendre si le trio avait encore de beaux restes. Compte-rendu.

Il appartenait au groupe lillois Esplanades d’ouvrir la soirée. Il s’agit, en fait, du nouveau projet de Tim Placenti et Rémi Mencucci qui sévissait auparavant au sein d’un quintet baptisé Tim Fromont Placenti. Le premier se consacre au chant, parfois au piano et à la guitare et le second à la batterie et aux backing vocals. La première partie du concert est assez intéressante, mettant en valeur la voix haut-perchée, parfois falsetto de Tim, sur une musique pop/rock flamboyante et énergique, parfois enrichie de bandes préenregistrées. Après le funk baroque « Funny talking animals », le duo va proposer des titres plus mainstream et un peu racoleurs, nonobstant le recours à une gratte à six cordes. Dommage, après un si bon départ ; mais on retiendra surtout l’organe vocal de Tim, plutôt impressionnant… (voir notre section photos )

Deux supporting act pour ce vendredi, puisque la formation américaine (NDR : elle est issue de Duluth, dans le Minnesota) Social Animals embraie. Fondée en 2012, elle est drivée par Dedric Clark et implique également un guitariste, un drummer et un bassiste. Son premier et futur elpee a reçu le concours de l’ingénieur du son Paul Kolderie (Radiohead, Pixies). Il devrait sortir cette année.

Dedric débarque sur le podium, une bouteille de pinard à la main, dont il va s’abreuver, de temps à autre, lors du set. Physiquement, il ressemble à Julien Clerc. Sa voix est chevrotante, alors que plutôt britpop, la musique campe un hybride entre celle de Maxïmo Park et The Music… (voir notre section photos ici)

Place enfin à Ash. Avant que le band ne grimpe sur l’estrade, les baffles crachent un extrait d’un des épisodes de ‘Star Wars’. Dès les premières mesures de « Buzzkil », morceau qui ouvre le set, votre serviteur est secoué par la puissance du son et surtout la ligne de basse qui martèle sa poitrine. Et puis, le volume sonore est trop fort. Au bout de vingt minutes, une seule solution, prendre du recul et se réfugier près de la table de mixage. Et là, surprise, le son est bon, sans doute amorti par la densité de la foule, agglutinée aux premiers rangs.

Bref, c’est à partir de cet instant que les choses sérieuses commencent pour votre serviteur. Tim Wheeler se sert d’une guitare Flying V, souvent prisée par les métalleux. Hyperkinétique, Mark Hamilton déploie sa fameuse carcasse. Il doit mesurer au moins 2 mètres. Il brandit son instrument dans tous les sens quand il ne monte pas sur les retours de scène. Casquette de baseball vissée sur le crâne, barbu, Rick Murray est un peu caché derrière son imposant kit de batterie, à l’arrière. Au cours du set, le groupe va nous livrer une majorité de titres parus en single, dont les incontournables « Goldfinger », un percutant « Kung Fu » à la sauce Buzzcocks, au cours duquel le bassiste, monté sur les épaules d’un spectateur, déambule dans la fosse, « Orpheus », « A life less ordinary », le rêveur et estival « Oh yeah », l’hymnique « Shining light » et bien sûr le classique « Girl from mars ». Des compos qui manifestement font vibrer les quadras, heureux de revivre leur jeunesse. On a quand même droit à un titre plus récent, « Darkest hour of the night », et puis un extrait de la B.O. du film « Twilight of the innocents », « You can’t have it all ». De nombreux spectateurs reprennent les refrains en chœur et d’autres se mettent même à danser. Le britrock tour à tour sensuel, mélodique, intense, accrocheur, mélancolique ou tropical, mais surtout mélodique a vraiment fait mouche dans le public, libérant une bouffée d’adolescence. 

Lors du rappel, Ash va encore nous accorder deux morceaux, le semi-acoustique « Walking barefoot » et l’allègre « Burn baby burn ». Et le trio de venir saluer l’auditoire, avant de s’éclipser, apparemment ravi de l’accueil qui lui a été réservé ce soir… (voir notre section photos )

Et on saluera encore l’initiative de l’Aéronef qui a permis aux sourds et malentendants de vivre une expérience sensorielle. Equipés d’un subpac, sac à dos vibrant, ils peuvent ainsi profiter de certains concerts...

 

(Organisation : Aéronef)

Richard Ashcroft

Un Richard très en verve...

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Plus ou moins 800 personnes s'étaient déplacées pour assister au set de l'ex chanteur du groupe mythique The Verve. Des conditions idéales pour bien entendre et surtout pour bien voir la prestation d'un tel artiste. Pas de supporting act. Juste un DJ dont le grand mérite fut de passer inaperçu.

Richard Ashcroft monte sur scène entouré de sept musiciens. Un violoncelliste/claviériste préposé aux samples, un percussionniste, un drummer, un saxophoniste/flûtiste, un bassiste, un guitariste et enfin l'épouse de Richard, encore et toujours aux claviers. Richard s'accompagne également à la guitare, dont il en change comme de chemise (NDR : pardon la panoplie !). Et dès le premier morceau, nous pénétrons dans le monde de la big music. Oui, oui, la big music comme la concevait Mike Scott des Waterboys. C'est à dire maximaliste et avec beaucoup de punch. Et parfois quelques touches de hip hop ou plus exactement de house. Et dans ce style, les chansons de son dernier opus prennent une toute autre dimension. Mieux encore, lorsque Richard aborde le psychédélisme, on est totalement subjugués. A l'instar du très intense New York, dont l'interprétation est de toute beauté. Digne des deux premiers elpees de The Verve. Pour calmer l'atmosphère, Richard nous accorde quelques compositions acoustiques. En solo. Epinglant au passage son tube, « The drugs don't work ». La voix de Richard est superbe. Même en live ; et lorsqu'elle se fait crooner, elle me fait de plus en plus penser à celle de Neil Diamond. Pour le rappel, après un « The signs of silence » prémonitoire ( ?!?!?), le groupe nous a gratifié d'une adaptation alternative et exceptionnelle du célébrissime « Bitter sweet symphony ». Mais sans les samples de violons du « Last time » des Stones (NDR : faut croire que Richard en a un peu marre de payer des royalties à la bande à Mick Jagger). Une version sauvage, intense, électrique, puissante. Tout le public était littéralement sur le cul. Etincelant !

 

 

 

 

Nashville Pussy

Une véritable leçon de rock’n’roll…

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Originaire d’Atlanta, Nashville Pussy a été fondé par Blaine Cartwright et son épouse Ruyter Suys, au cours des nineties, un quatuor déjanté qui a toujours aimé jouer sur l’image provocatrice, à la limite de la pornographie. Au sein du line up, plusieurs drummers masculins et bassistes féminines ont déjà défilé. Le groupe a publié son nouvel elpee, « Pleased to eat you », en septembre dernier. Il s’agit de son septième ! 

Le supporting act est assuré par Scramjet, un combo issu de l’Est de la France, mais établi en Belgique depuis deux ans. Formé en 2009, ce power trio réunit Piero Mondeira (chant/guitare), Sturgis Rushmore (batterie) et Savatore Canicatti (basse) et reconnaît pour influences majeures Black Sabbath, Queens Of The Stone Age et MC5. Un album à son actif et un second en préparation.

Dès le début du set on a l’impression de replonger au cœur des seventies. L’énergie est omniprésente. Les traces de blues malsain et de stoner graisseux sont bien perceptibles. Explosive, puissante mais mélodieuse, la voix s’autorise de belles envolées. Les morceaux libèrent, en outre, un excellent groove. Piero ne tient pas en place et est parfaitement épaulé par une solide section rythmique. Plus paisible, « Final Fight » nous réserve une jolie envolée aux cordes. Le spectre du Led Zeppelin plane tout au long de « Hangin’ On The Phone ». Pas étonnant que le band attaque une cover de « Kashmir ». Et elle est excellente. « Queen Of The Night » se caractérise par un changement radical de rythme en milieu de parcours. Et le set de s’achever par une autre reprise, mais de Jimi Hendrix, « Electric Ladyland »…

Setlist : « Intro », « Hangin’ On The Phone », « What I Saw », « Final Fight », « The Visionary », « Excuse Me », « Kashmir », « Queen Of The Night », « Electric Ladyland ».

C’est la reprise du « Kicked In The Teeth » d’AC/DC qui ouvre le set. Première constatation, le volume sonore a augmenté de quelques (?!?!?) décibels. Ruyter Suys, la guitariste, a enfilé un tee-shirt particulièrement échancré et un short en jeans au dessus de bas résilles. Blaine Cartwright, le chanteur/guitariste a toujours ce look de bouseux ventripotent. Coiffé d’un stetson de couleur noire, il ressemble de plus en plus à feu Lemmy Kilmister (Motörhead). A la basse, Bonnie Buitrago, est intenable. Mais pas autant que Ruyter Suys, hyperactive du début à la fin du show et dont la crinière blonde est constamment en mouvement. Elle s’agenouille régulièrement pour balancer ses solos ou aguiche les premiers rangs en affichant ses généreux attributs. Assoiffé, Blaine Cartwright vient régulièrement se désaltérer en lampant une bouteille de Jack Daniels, qu’il va vider en compagnie des deux gonzesses qui assurent le show. Le couple a beau friser la cinquantaine, il est toujours aussi déchaîné sur les planches. Enfin, le drummer va se révéler, à travers ses interventions imparables, mécaniques, sauvages voire tribales, un musicien techniquement balèze… 

La musique de Nashville Pussy se nourrit de racines sudistes, empruntées tour à tour à Lynyrd Skynyrd ou à ZZ Top, même si les riffs de gratte sont aussi meurtriers que ceux dispensés par Angus Young mais avec la fougue semblable à celle affichée par Airbourne…

Sex, fun and rock'n'roll est la devise du groupe. Mais un r’n’r graisseux, décomplexé et redoutable. Le tout sur fond de drapeau sudiste.

Pas de temps mort entre les titres. Les hymne primaires, grrovy, défilent ou déferlent, selon…

La voix de Blaine évoque pourtant aujourd’hui davantage Alice Cooper. Et c’est particulièrement flagrant tout au long du sémillant « Go Home And Die », une compo dont les lyrics auraient pu être signés par Vincent Funier, en personne.

Infernal, le concert s’achève par l’inévitable « Go Motherfucker Go ». Ce soir, face à un auditoire comble (250 personnes), Nashville Pussy a dispensé une véritable leçon de rock’n’roll…

Setlist : « Kicked In The Teeth » (AC DC cover), « Piece Of Ass », « Wrong Side Of A Gun », « PillBilly Blues », « We Want a War », « Rub It To Death », « Go Home And Die », « She Keeps Me Coming And I Keep Going Back », « CCKMP » (Steve Earle cover), « 5 Minutes To Live », « Low Down Dirty Pig », « First I Look At The Purse » (The Contours cover), « Go To Hell », « I'm So High », « I’M The Man », « Why Why Why ».

Rappel : « Struttin' Cock », « Till The Meat Falls Off The Bone », « Go Motherfucker Go ».

(Organisation : Zik Zak + Rock Nation)

Mingawash

Un être vous manque…

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Le Télégraphe est un bar situé face à la gare d’Ath, un endroit au sein duquel se déroulent régulièrement des concerts. A l’affiche de ce samedi 9 juin, Mingawash et Dadabovic. Deux formations qui se connaissent et s’apprécient. Certains sont même devenus des potes. Pas grand monde dans la salle pour le premier show. 70 personnes tout au plus.

Dabadovic est programmé en supporting act. Mais le soundcheck est plutôt chaotique. Les balances sont difficiles à régler, et le set ne commence que vers 21 heures. La set list de la formation est identique à celle de la répétition générale, accordée au Zik Zak.

Dadabovic pratique une fusion énergique et frénétique entre métal et hardcore. Si vous préférez, du trashcore moderne. Déjanté, le spectacle ressemble à une comédie burlesque. Le professeur Dadabovic, le chirurgien Toniatoski, l’infirmière transsexuelle Janolapov et le fou Romanescù sont les personnages centraux. Bourrés de jeux de mots, les textes sont à prendre au second degré. Des vidéos amorcent chaque compo. Une mise en forme susceptible de vous conduire à l’internement psychiatrique. Mais si les malades sont de sacrés musicos, difficile de comprendre pourquoi il faut pousser le décibelmètre dans le rouge…

Place ensuite à Mingawash. Après avoir publié deux Eps (« Pandi Panda Panda Pendu » et « Zoofolie »), le combo a gravé son premier long playing, l’« Imposteur », en avril dernier. Et il est parti en tournée pour le défendre. Martin est soutenu par Clément aux vocaux, avec lequel il débute une tournée, qui passe ce soir par Le Télégraphe. Depuis que Martin Moreau (NDR : après avoir sévi chez Feel, ce batteur milite aujourd’hui a sein de Lemon Straw) a débarqué, comme second vocaliste, Clément peut davantage se concentrer sur le chant. Le show est aussi délirant que le précédent. Visuel également. Gaëtan et Max se chargent des grattes et Denis se consacre à la basse. Sans oublier Théo, le batteur fou responsable d’interventions aussi sauvages que tribales, ainsi que le percussionniste insolite (grosse casserole et fût de coca-cola), Christopher. Deux pandanettes sur les quatre ont fait le déplacement. Pas de Roy le Panda, non plus. Dommage, car en général, c’est lui qui met le feu.  

Le son est meilleur. Faut dire que la configuration des lieux n’est pas facile pour l’ingé-son. Martin et Clément changent régulièrement de déguisement. Ils se sont travestis en gonzesses pour « Médiant ». Energiques, rageurs, les morceaux défilent. Il y a un peu plus de monde pour ce set. Et manifestement le public est enthousiaste. Mais comme il n’y a pas assez d’espace pour pogoter, les mouvements sont plus timorés. Ce qui n’empêche pas la température ambiante de grimper. Un bon show qui a sans doute manqué du petit grain de folie que seul le Panda est capable d’apporter. Dommage ; mais le concert était, ma foi, plutôt sympa. A revoir néanmoins, sur une plus grande scène, lorsque la troupe est au complet.

(Organisation : Le Télégraphe).

Slash

Un Slash des grands jours…

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Il y a bien longtemps que votre serviteur n’a plus mis les pieds dans l'ancien temple dédié au rock'n'roll : Foret National. Pour assister au spectacle, vous avez le choix. Soit vous débarquez suffisamment tôt et allez vous coller contre les barrières du frontstage. Soit arrivez ‘pépère’ et vous vous installez assis, face à la scène, juste à côté de la table de mixage. Votre serviteur a choisi la seconde solution et il ne va pas regretter son choix.

Il revenait à Monster Truck d’assurer le supporting act. Pas vraiment un cadeau d’ouvrir pour un mythe comme Slash. La salle a été configurée en taille club. Elle est alors susceptible d’accueillir 4 000 spectateurs. Le combo est drivé par deux barbus. Jon Harvey et Jeremy Widerman. Ils se partagent les vocaux. Le premier se charge de la basse et le second de la guitare. Brandon Bliss, le claviériste, s’est planté à gauche. Il se sert le plus souvent d’un vieil Hammond. Et le drummer Steve Kiely, occupe une position centrale. A ce jour, le combo a publié deux Eps : « Monster Truck » en 2010 ainsi que « The Brown » l’année suivante ; et un premier elpee en 2013, « Furiosity ».

La musique de cette formation canadienne trempe dans le rock'n'roll. Le set s’ouvre par  « The Lion », un démarrage sur les chapeaux de roues. Les riffs de gratte sont puissants et huileux. Les barbus arpentent toute la largeur du podium. Un peu à la manière du band australien, Airbourne. Les claviers ruissellent comme ceux de feu John Lord, lors des débuts de Deep Purple. Quel bonheur de revivre ce rock aussi musclé que mélodieux. « Furiosity » est le titre maître du dernier LP. Les riffs de gratte vous donnent envie de vous lever de votre siège et de rejoindre la fosse afin de participer à la fête. D’ailleurs, dès le deuxième morceau, c’est déjà le bordel, là-dessous. « Old Train » est un autre extrait du dernier opus. Le morceau est puissant, mais la mélodie est palpable et le refrain efficace. Wolfmother, AC/DC, Led Zeppelin, Airbourne et In Flames vous traversent l’esprit. « Sweet Mountain River » s’inscrit dans le même registre. Les sensations sont excellentes, d’autant plus que le son est irréprochable. « Swordest Beest » est une compo speedée et dynamique. Franchement, pour une première partie, Monster Truck a assuré grave. A revoir absolument comme tête d’affiche. En tout cas, il faut remercier Slash pour avoir emporté ce combo dans ces valises… (Pour les photos voir ici)

De son véritable nom Saul Hudson, Slash est né le 23 juillet 1965, dans le quartier de Hampstead, à Londres. Il a cependant grandi au sein d'un petit village répondant au nom de Burton. Le pseudo 'Slash' lui aurait été attribué par le père d'un ami lors d'une soirée. Depuis qu’il a quitté Guns N' Roses en 1995, le légendaire guitariste a multiplié les projets : Velvet Revolver, Slash’s Sankepit et une aventure solo ; des épisodes auxquels ont participé, selon les circonstances, de grosses pointures comme Ozzy Osbourne (Black Sabbath) et Lemmy Kilmister (Motörhead). Faut dire que l’artiste jouit quand même d’une solide notoriété. Son étoile brille d'ailleurs fièrement depuis quelques années sur le Walk Of Fame d'Hollywood. Pas étonnant, puisqu’il a aussi bossé en compagnie d’Iggy Pop, de Dave Grohl, de Chris Cornell, d’Alice Cooper et de Myles Kennedy.

Eponyme, le premier LP de Slash est paru en 2010. Le deuxième LP en solitaire, « Apocalyptic Love », remonte à 2012. « World On Fire » constitue donc son troisième. Une oeuvre pour laquelle il a de nouveau bénéficié du concours de Myles Kennedy flanqué de ses Conspirators. Compositeur et guitariste rythmique, Myles s’est forgé une fameuse réputation de vocaliste. Et pour cause, sa voix est susceptible de couvrir 4 octaves. Excusez du peu !  

A contrario du show qu’il avait accordé à l'Ancienne Belgique, et tout au long duquel, je l’avais trouvé particulièrement statique, Slash –coiffé de son éternel haut de forme– ne tient pas en place. Hormis pendant un solo de guitare kilométrique qu’il réserve à « Rocket Queen ». Surdoué, il dégaine ses riffs avec une énergie sans faille. Tout au long du set, la part belle sera donnée à six reprises judicieusement choisies des Guns. A l’instar de son dernier opus, et comme il y a deux ans, à l'Ancienne Belgique, Slash est épaulé par Myles Kennedy, le brillant chanteur d'Alter Bridge, ainsi que de ses Conspirators. Soit le drummer Brent Fitz et le bassiste, ainsi que le gratteur Franck Sidoris, aux vocaux pour deux compos.

Le logo du dernier opus de Slash (NDR : un smiley !) trône en arrière plan. Le nom du band y est bien sûr associé. Et celui de Myles, en-dessous. Pour bien rappeler qu’il est de la partie ce soir. Ce smiley est également reproduit sur la face avant de la grosse caisse.

Après une intro digne d’une musique de cirque, le concert s’ouvre par « You're a Lie », un extrait du deuxième elpee, « Apocalypse Love ». Slash s’est planté à droite du podium. Myles a vraiment une voix remarquable. Et franchement je la préfère à celle d’Axl Rose, qui ne m’a vraiment jamais bottée. Ce qui ne va pas empêcher Slash de nous rappeler qu’il a sévi chez les Guns N' Roses. Et tout au long du set. Notamment à travers « Nightrain », « Mr. Brownstone », « Rocket Queen » et le splendide « Sweet Child O' Mine » (« Appetite for Destruction ») ainsi qu’une version percutante du « You Could Be Mine » (« Use Your Illusion II »).

La section rythmique est solide. La gratte de Slash est bien plus amplifiée que celle de Franck. Dès « Halo », Slash se dégourdit les jambes, arpente l’estrade de gauche à droite ou encore vient confronter le drummer. « Avalon » est imprimé sur un tempo rapide. Dans la fosse, la foule commence à jumper. Dispensées en ‘live’, les nouvelles compos passent bien la rampe.

Myles remercie le public. Slash fait une véritable démonstration sur sa Gibson, tout au long de « Back From Cali ». Il mérite manifestement son statut de guitar hero. « Automatic Overdrive » est également tiré du dernier long playing ! Le maître de cérémonie nous réserve un petit solo sur « Ghost », plage qui figurait sur l’opus éponyme de Slash. Myles prend un pause backstage et cède le micro à Todd Kerns pour les deux chansons suivantes : « Doctor Alibi » et « Out Ta Get Me », encore un titre des Guns, qui relève à nouveau d’« Appetite for Destruction ». Brent se fend d’un superbe solo de batterie pour introduire « Too Far Gone », moment choisi par Myles pour reprendre sa place aux vocaux. Après « Beneath the Savage Sun », les quelques instants de calme sont consacrés à une chouette ballade intitulée « Bent To Fly ». « World on Fire » redémarre en trombe. Myles y étale l’amplitude de sa voix. Tout au long d’« Anastasia », piste issue de son dernier LP, Slash se sert d’une Gibson à 12 cordes (NDR : de couleur verte !) et livre alors un exercice de style époustouflant de technique. Manifestement, il vient de marquer des points.

Et le show –qui a quand même duré deux heures– de s’achever par « Slither », une cover du Velvet Revolver, issue de l'album « Contraband ». Myles présente les musicos et remercie le public. Slash le remercie également. Il faudra attendre la fin du show avant qu’il ne place 3 mots.

Le rappel va se limiter à une ultime reprise de Guns N' Roses, « Paradise City ». En délire, la foule reprend le refrain en chœur. Une apothéose magnifiée par la pluie de confettis multicolores tirée par deux canons. Un remarquable concert pour un Slash des grands jours… Peut-être même le meilleur set post Guns N' Roses du Londonien auquel j’ai pu assister ! (Pour les photos voir )

(Organisation : Live Nation)

Washed Out

Touch The Sky

Écrit par

Entre l’Ep « Life Of Leisure » (2009) et « Paracosm » (2013), Ernest Greene a parfait son art de la mélopée aérienne, transformant Washed Out en projet incontournable de la scène Chillwave. Une scène qui te transporte haut dans le ciel avant de te laisser retomber délicatement sur un champ de nuages cotonneux. Bref, un style qui fait appel à l’imaginaire et laisse rêveur. Après un passage éclair accompli en 2010, au Charlatan de Gand, puis, un an plus tard, au Sonic City de Courtrai, Washed Out prenait rendez-vous pour la 3ème fois avec ses fans belges à l’Orangerie du Botanique afin d’y présenter « Paracosm ». 

Et ils n’étaient pas nombreux à répondre à l’appel… Washed Out est de ceux qui ne déplacent manifestement pas encore les foules, malgré deux LP solides (« Within & Without », publié en 2011, et le petit dernier, « Paracosm »). C’est donc dans une Orangerie à peine un peu plus pleine qu’une Rotonde sold-out qu’Ernest et ses quatre musiciens (dont sa femme aux claviers) ont pris possession de la scène de l’Orangerie. Podium sur lequel se produisait le sympathique Amateur Best en guise de mise en bouche, quelques minutes auparavant.

Le défi principal de Washed Out consiste donc essentiellement à reproduire cette atmosphère éthérée propre à ses productions. Greene a le mérite de ne pas choisir la voie de la facilité, en laissant le laptop au placard. Armé de son synthé et aidé de ses quatre musicos, il dégoupille un pur live et s’en sort plutôt bien. La retranscription scénique de ses tubes leur concède une autre dimension, tout en sobriété. La troupe explore largement la discographie du producteur et les meilleurs compos y passent, même les excellents « Belong », « New Theory » et « Feel It All Around », brillamment réimaginés pour le live. Les fans de la première heure ont même eu droit en bonus à la version perso de Washed Out du titre « Despicable Dogs », originellement interprété par ses grands potes de Small Black. Bémol de la soirée, le son, qui parfois a enterré les mélodies et quelques subtilités susceptibles de magnifier l’ensemble. Le clou du spectacle est enfoncé au rappel lorsque Greene se lance sur « Eyes Be Closed » sous forme d’un grand final qui va mettre tout le monde d’accord. 

En une heure, Washed Out a offert à son public un moment hors du temps, humble, sobre et parfois même intense, qui aurait gagné à être partagé par un public bien plus nombreux.

(Organisation : Botanique)

 

Tim Kasher

Sunday Bloody Sunday

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En congé temporaire de ses camarades de Cursive et The Good Life, Tim Kasher trace la route, en solitaire. Ou presque. Pour la tournée promo de son premier LP solo, « The Game Of Monogamy », le bon pote de Conor Oberst a emmené dans ses valises Mexican Elvis, une petite formation pop-rock teutonne aux compos simples mais efficaces. Ce dimanche 13 février, Kasher et ses ‘special guests ‘effectuaient un passage (très) discret sur les planches de la Rotonde du Botanique.

Lorsque je débarque au sein d’une Rotonde quasi-déserte, le set de Mexican Elvis est déjà arrivé au beau milieu de son parcours. Drivé par le Londonien Peter Hall, ce quatuor a été formé à Munich et implique trois autres musicos allemands. La salle ne compte pas beaucoup plus d’une quarantaine de mélomanes. Mais les musiciens ne se laissent pas miner pour autant et jouent les extraits de « John Frum Alaska », leur dernier opus, un sourire aux lèvres. Entre deux chansons, Hall prend ce grand vide à la plaisanterie, présumant que les gens sont restés planqués chez eux pour mater le feuilleton policier du dimanche. La brève prestation s’achève par l’excellent « Drop Hawaii », long de 7 minutes et « The Washington D.C. », un nouveau single doté d’un haut potentiel radiophonique.

Tim Kasher, rasé de près, ne se fait pas attendre très longtemps. Normal. En guise de backing band, le singer-songwriter s’offre les services de son support act, Mexican Elvis. Pas de sound-check tiré en longueur donc. Et une entrée dans le vif du sujet, devant un public pas beaucoup plus nombreux qu’une heure auparavant. Les morceaux extraits de « The Game Of Monogamy » s’enchaînent naturellement mais la qualité des nouvelles compos du chanteur est assez inégale. Certains titres partent dans tous les sens, ce qui dessert la voix particulière et affectée de Kasher. Heureusement, le chanteur effectue un petit tour d’horizon au sein la discographie de ses deux autres formations, The Good Life et, surtout, Cursive dont il interprète une version retravaillée et fort réussie de l’irrésistible « The Recluse ». Au bout d’une bonne quarantaine de minutes, Kasher se retire non sans avoir effectué un court rappel. Même si le set n’était pas à la hauteur de ses prestations antérieures, Tim, soutenu par son backing band, s’est dignement démené. Et ce malgré l’absence d’un public qui a manifestement préféré passer son dimanche sous sa couette…

(Organisation : Botanique) 

Alain Bashung

Un beau témoignage d’amour…

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Ce jeudi 27 novembre, c’est l’effervescence face au 110 du Boulevard Anspach. L’enceinte de l’Ancienne Belgique est prise d’assaut, une heure déjà avant le concert de ce soir. Ni la pluie, ni le vent qui vient nous glacer jusqu’aux os, ne semble décourager la meute impatiente. Pourtant, immobile depuis quelques minutes, je décide de me dégourdir les jambes. Impossible de rester sur place sans se me sentir happé par l’hiver dont la rigueur commence déjà à frapper. Je lance un regard circulaire vers la masse. J’essaye de retrouver Bernard Hulet, avec qui je partagerai la soirée. Il sera les yeux de Musiczine, je serai la plume. Introuvable ou noyé dans la foule, je sais qu’il doit être sur les lieux depuis un bon moment. Les photographes ne disposeront pas de couloir réservé ; c’est Monsieur Bashung lui-même qui l’a souhaité. Il devra donc se battre pour se creuser un trou stratégique, d’où il regardera le concert à travers l’œilleton. Je quitte le boulevard pour m’engouffrer chez un bouquiniste voisin.

45 minutes plus tard, je me dirige à nouveau vers la salle. Les vendeurs de places au marché noir grelottent ; mais il y a fort à parier que leur petit business sera lucratif. La soirée est en effet ‘sold out’ depuis belle lurette. Un arrêt au stand presse, un sourire ravi à l’hôtesse qui me remet mon sésame, une fouille en bonne et due forme et un détour par les vestiaires plus tard, je pars à la recherche d’un coin agréable pour ne rien louper de la soirée. Pas simple. Je suis même forcé de monter au deuxième balcon pour dénicher ce petit angle de vue, plus ou moins sympa. Je pose le bloc note sur le rebord de la rambarde. Ok, pour moi c’est bon les gars ! Je n’ai toujours pas retrouvé Bernard, mais ce grand gaillard se débrouillera, c’est une certitude. (NDR : Je vous invite d’ailleurs à aller jeter un œil sur ce lien pour confirmer mes propos : http://www.musiczine.net/fr/index.php?option=com_datsogallery&Itemid=47&func=viewcategory&catid=622)

Le public est composé en grande partie de quinquas. On y croise tous les looks : du classique au vieux rockeur. Quelques ados accompagnent leurs parents. Ils portent des tee-shirts dont l’effigie ne trompe pas sur leurs goûts musicaux. Pas mal de trentenaires aussi. Tout ce petit monde affiche une mine ravie, et prouve l’étendue des générations touchée tour à tour par la tête d’affiche. Il faudra que tout ce petit monde patiente encore. Fred, la première partie n’a pas encore commencé son set Il est annoncé pour 20 heures.

20 heures tapante, la salle s’obscurcit. Le premier Français de la soirée débarque guitare à la main. Son set est tendre. Sa voix se pose agréablement sur des accords simples et envoûtants. Les textes parlent d’amour ou de relations humaines. D’écologie ou de prise de conscience. Il se sample lui-même, le pied sur la pédale, pour permettre des croisements d’accords. Il reçoit les acclamations du public. Il en recevra encore plus lorsqu’il se permettra une reprise de Noir Désir « A l’Envers à l’Endroit ». En 25 minutes Fred est parvenu à capter notre attention, et préchauffer nos cœurs. Un bien beau défi quand on connaît le pedigree de l’artiste suivant ; pas mal s’y seraient cassés les dents.

La salle continue à se remplir. Dans mon pigeonnier on commence à se sentir à l’étroit. Un couple vient juste de se coller (et c’est peu dire) à ma gauche, essayant au fil des minutes de grappiller un peu plus d’espace. Même les flagrances insupportable de ce parfum dont les ‘vieilles’ se tartinent en général, ni les dialogues complètement vides qu’ils m’obligent à écouter n’auront raison de ma ténacité. Je reste bien à ma place, je bombe le torse. Tout le monde veut le meilleur confort pour tout voir, on n’est pas prêt de me déloger.

20h50, l’AB a respecté ses engagements de ponctualité. Les musiciens font leur apparition. Alain Bashung arrive à son tour. C’est l’hystérie dans la salle. L’accueil est d’une puissance telle, qu’il doit insuffler une bonne dose de motivation à l’artiste. Coiffé d’un chapeau noir, vêtu d’un costume de la même couleur et les yeux cachés par de lunettes fumées, l’homme est beau. Il a la classe du dandy, et un charisme à couper le souffle.

On essaye un instant, d’effacer de sa mémoire les mots ‘maladie’, ‘cancer’, ‘chimiothérapie’ qui sont souvent associés au chanteur. On essaye de se persuader que c’est uniquement la timidité qui le pousse à se dissimuler derrière ses lunettes et son couvre-chef. On oublie le mal qui le ronge pour ne se consacrer qu’aux émotions positives. Un petit pincement au cœur surgit malgré tout, de temps en temps. Assis sur un tabouret, il remercie son public pour l’accueil réservé. Il ouvre les festivités par une phrase qui va tout embraser : ‘Ce soir, je vous propose des chansons, des chansons… et encore des chansons’. Comme au Cirque Royal au mois de mai dernier, il ouvre son set par « Comme un Lego ». La sobriété, est de mise. Le violoncelle et la guitare viennent élever l’instant. Les premiers frissons n’ont aucune peine à vous envahir. C’est l’échine électrisée qu’on est plongé au sein d’un univers sensuel et délicat. Il embraie par « Je t’ai manqué ». Le jeu de lumière vient découper les différents protagonistes ; mais on ne voit que le chanteur. Il avale littéralement la lumière. Il se lève du tabouret que les roadies viennent discrètement déplacer pour entonner « Hier à Sousse », accompagné de son harmonica. Le deuxième clin d’œil de la soirée adressé à Bertand Cantat, apparaît sous le costume de « Volontaire » qui est proposé de manière beaucoup plus rock que la version originale. « Mes Prisons » précède « Samuel Hall ». Une adaptation plus soutenue que celle opérée sur l’elpee « Fantaisie Militaire ». Les lumières transfigurent l’instant, en embrasant la scène de ses milles feux. Complètement bluffé, et sous les coups de butoir du solo de guitare, on frise le sublime quand démarre « Vénus ». Un silence complet dans la salle traduit le respect accordé par l’audience à l’artiste. La peau se couvre d’émotion. Les poils se hérissent. « La Nuit je Mens » est accueilli de manière soutenue. Le public est complètement acquis à la cause, et le fait savoir. L’intro est à nouveau enrichi par le violoncelle et la guitare. Bashung lève les mains. Il enrobe, de ses mouvements lents, la moindre parcelle d’amour que les spectateurs lui accordent. « Je tuerai la Pianiste » et « Légère Eclaircie » sont des compos que l’auteur semble vivre de l’intérieur. « Mes Bras », un extrait de l’album « L’Imprudence », approche la perfection. ‘Sauve toi. Sauve moi, et tu sauras où l'acheter le courage’ : ces quelques mots suscitent à nouveau la révérence. Une leçon de courage que tout le monde se prend en pleine poire. La salle est subjuguée. Elle est encore sous l’emprise des paroles prononcées, juste avant, par l’artiste. Mais il devra se ressaisir en écoutant « Happe » ; histoire de ne pas en louper une miette. Ballade mélancolique, « J’passe Pour une Caravane » déclenche une salve d’applaudissements. Le groupe s’accorde une pause, quelques instants. Le chanteur a ainsi tout le loisir de s’exprimer en solitaire. Il interroge les spectateurs. Leur demande si quelqu’un connaît le film « Macadam Cowboy ». Un hurluberlu ignare hurle : ‘C’est un film de pédé !!’ Bashung manifeste un flegme exemplaire dans sa réponse : ‘Non, c’est un film d’amour’, et entonne « Everybody’s Talkin » de Harry Nilson, une adaptation de la BO du film de John Schlesinger. Et il embraie par un morceau dont l’intro a été volée à Bob Dylan : « Blowing In The Wind ». Cet interlude ouvre une version percutante du célèbre « Osez Joséphine ». Le light show est vraiment superbe et danse autour des musiciens. Sans le savoir, nous entamons le dernier morceau de la soirée. « Fantaisie Militaire » achève la prestation, une compo démantibulée par un solo de guitare énergique qui doit en étonner plus d’un. Il est 22h15.

Le rappel est incroyable, les applaudissements et les cris s’entrechoquent pour former un brouhaha incroyable. Bashung ne s’en sortira pas ainsi. Il en faut une dernière, une ‘sublime’, comme si les 85 minutes précédentes n’étaient qu’une mise en bouche. Bashung revient interpréter « Madame Rêve ». Il en profite pour présenter ses acolytes. Et nous laisse comme deux ronds de flanc, complètement sur les genoux. D’un pas lent et imprécis, il quitte la scène, remerciant la main sur le cœur le témoignage d’amour qu’il vient de vivre. Et que nous venons de vivre. Il se retourne, s’en va dans l’embrasure du côté de la scène. Il y laisse un grand vide. Dans nos cœurs aussi. Sûr, c’est la véritable clôture de la soirée ! Les lumières réapparaissent. Les roadies commencent à démonter le matos. Rien n’y fait, le public continue de hurler. Sans doute résignée, la foule se décide finalement à quitter les lieux. Cette soirée du 27 novembre était magique, et me laissera, longtemps encore, de superbes souvenirs. Je vais par contre tenter d’oublier le parfum de ma voisine de soirée… Quelle horreur !

Organisation Ubu

Alain Bashung

Bashung, sinon rien !

Écrit par

Jeudi 29 mai. Bruxelles. Le temps est lourd. Très lourd. Le soleil n’y est pas, mais tout le monde sait où le retrouver : au Cirque Royal. Ce soir, le soleil porte un nom : Alain Bashung. Il est venu présenter son nouvel album, « Bleu Pétrole ». Ce soir, pas de set intimiste ; car le concert affiche complet depuis belle lurette. Mais qu’importe, la présence de Monsieur Bashung est tellement rare qu’on irait le voir n’importe où.

En première partie, Chloé Mons est complètement passée à travers. Elle a même dû quitter le podium après seulement 15 bonnes minutes. Faut dire que pour elle, rien ne collait. On avait même parfois l’impression qu’elle chantait faux. En outre, on ne lui attribuera pas le premier prix d’élégance… Sur scène, la pauvre fille semble abandonnée à son triste sort. Elle n’a pour seul compagnon qu’une guitare. Mais elle ne lui est pas d’un grand secours. Pourtant, elle a quand même enregistré un album en duo avec Bashung (« Cantique des Cantiques »). Mais au sein de cet immense espace, elle semble perdue. Et la foule est impatiente. Elle est venue voir le ténor. Le réclame déjà. Et le folk/blues de la donzelle lui tape rapidement sur le système. C’est donc sous les sifflets et les huées que Chloé Mons a vidé les lieux.

Après cet interlude de mauvais goût, l’auditoire semble soulagé, mais recommence à exiger la présence de Bashung. De plus en plus fort. Il est 21h10. Un homme usé, rongé par la maladie, fait son apparition. Il est tout de noir vêtu, coiffé d’un chapeau, les yeux cachés par des lunettes fumées. Les applaudissements sont déjà nourris. Malgré son teint livide et les moments douloureux qu’il traverse actuellement, Bashung semble d’humeur conquérante. Il prononce quelques mots dont il a le secret, nonchalamment. Mais malgré son attitude ‘je m’enfoutiste’, ont ressent une grande sincérité dans ses propos. Des propos fidèles au personnage qu’il incarne depuis le début de sa carrière. Il entame son set par un extrait de son dernier opus, « Comme un lego ». Assis, en jouant de la guitare. Le public retient son souffle pendant plus de 5 minutes. La voix suave et grave de Bashung augure un spectacle unique, intense et magique. Mais pour y parvenir, il peut compter sur son groupe : guitariste, batteur, bassiste et violoncelliste. Le band soutient magistralement l’homme qui voulait devenir l’Elvis de l’Hexagone. Et ce soir, Bashung joue tous ses plus grands succès pour le plus grand plaisir d’un public multi-générationnel. Un public, en quête de nostalgie. Qui ne se lasse pas d’écouter ou de réécouter l’elpee « Fantaisie Militaire », dont il interprète les compos à la perfection. Et ce ne sont pas les saturations causées par un ingénieur du son, sorti de nulle part, qui y changeront quelque chose. On est même à deux doigts de verser une larme, lorsqu’il entonne « La Nuit Je Mens ». C’est une version dynamique de « Osez Joséphine » qui fera exploser l’ambiance. Après une heure de trente de prestation, au cours de laquelle il n’oubliera pas de nous réserver ses incontournables « Fantaisie Militaire » et « Résident de la République », il décide de se retirer.

Le rappel est inévitable. La clameur ‘hénaurme’. L’homme revient chanter l’inusable « Madame Rêve ». Ravi, le public lui adresse –comme si c’était logique– un ‘Merci Alain !’ Le Français poursuit par un duo auquel participe… Chloé Mons. Paradoxalement, son accueil est plus chaleureux. Après nous avoir réservé quelques compos tantôt douces, tantôt énervées, le chanteur quitte une deuxième fois les planches, sous une salve nourrie d’applaudissements, laissant le soin à ses complices d’achever un spectacle chargé d’une dose d’émotion inouïe.

Et comme pour prolonger cette vive émotion, l’artiste, seul à la guitare, remonte sur le podium partager un dernier moment d’intimité en interprétant « Angora » et la cover du « Night in White Satin » de Procol Harum. Visiblement ému, Monsieur Bashung prend alors congé de son auditoire, en lui adressant un dernier salut. Il laisse alors, après deux heures de prestation, un public charmé, conquis, évacuant le Cirque Royal, des étoiles plein la tête… Merci Alain !

Nouvelle date le 27 novembre 2008 à l’AB.

Organisation Ubu Concerts 

 

Nashville Pussy

Une oeuvre de salubrité publique...

Le rock'n'roll, cette chose vilaine qui a pris d'assaut les couv' des magazines, proclamant son grand retour (de flammes), intronisé « tendance de l'année ». Les Nashville Pussy, eux, n'ont pas attendu que de jeunes groupes en colère prennent le maquis rock pour nous en mettre plein les oreilles. Il y a déjà quelques années que leur histoire dure. « Let Them Eat Pussy » (…) date d'ailleurs de 1998. Et ce n'est pas fini ! Nashville Pussy, donc : une escouade de rednecks puant la mort, le gasoil et la vaseline – le genre de groupes qui fait peur aux aînés, et aux bigots partis en croisade. Nashville Pussy : ça parle de cul, de cul, de cul. Des gros riffs bourdonnant dans le bas ventre, jusqu'à l'éjaculation. Une musique du diable, sûrement. Du Texas. Avec des femmes à la guitare et à la basse, qui tiennent l'engin comme un gros sexe turgescent prêt à exploser… Tout cela, c'est normal, devrait être interdit au moins de 12 ans. Une fois l'âge atteint, c'est à un cours d'éducation sexuelle que nous convient les Texans, éructant des « Go Motherfucker Go » et des « Let's Fucking » à tout va : Nashville Pussy, une œuvre de salubrité publique.

Chez certains, tout cela pourrait quand même être mal interprété. Les lyrics explicites et tendancieux faisant office de feu au poudres : ce rock sudiste, ces bonnes femmes les seins à l'air, ce chanteur (Blaine) au look de sympathisant KKK… Du calme ! Ce n'est que de la musique ! Mais quelle musique : incandescente, sauvage, primaire, comme l'étaient celles de Mötorhead et d'AC/DC, il y a 20 ans. Pas question d'amalgame donc, Blaine allant jusqu'à sermonner les spectateurs du premier rang qui brandissaient fièrement un drapeau sudiste (Plus ou moins : « Beaucoup de bouseux racistes aiment à se balader avec ce genre de drapeau : faites gaffe, les gars »). Pas con, le mec, et c'est tant mieux. Parce que c'est sûr : les Nashville Pussy pourraient passer pour de gros crétins du manche, des Amerloques de bas étage, s'ils n'avaient pas une sourde colère qui tapissait leur bide et qui transformait tout ça en rock'n'roll sacrement jouissif. Encore une fois, le rock était dans la place, avec ses plus beaux spécimens. Chaud.