Discrètement actif en solo depuis 2005, le Français Bertrand Belin tisse peu à peu son univers musical, un univers à part au sein de la très obturée chanson française… En particulier depuis qu’il a publié ses deux derniers albums souvent encensés par la critique : les magnifiques « Hypernuit » et le petit dernier « Parcs ». C’est une Orangerie toutefois réduite d’un tiers de sa capacité qui accueille ce crooner moderne à la voix très profonde.
Soutenu par une drummeuse, un guitariste, un claviériste et un bassiste, Bertrand le débonnaire débute son set par les murmures de « Comment ça se Danse », le morceau qui introduit son nouvel album. D’abord hésitant, il ne faut pas très longtemps pour qu’il se sente à l’aise. Il attaque son « Hypernuit », une compo ultra efficace caractérisée par son ambiance estampillée ‘France profonde’. Il base son improvisation sur les rumeurs locales et se transforme en étonnant acteur. Pas pour rien qu’il a tourné dans plusieurs courts-métrages. Si on savait ses textes particulièrement soignés, tout au long de la soirée, l’artiste va jongler avec les mots de la langue française tout en affichant un sens de l’humour surréaliste mais plutôt séduisant. La musique n’est cependant pas négligée. Aux backing vocals, la drummeuse assure son rôle à la perfection. Et son timbre me fait penser à celui de la choriste qui a participé à l’enregistrement du dernier elpee de Baxter Dury. C’est particulièrement flagrant sur l’allègre « Un Déluge » et « La Chaleur », une chanson au cours de laquelle elle échange un ravissant duo en compagnie du Breton (NDR : il est né à Auray). Empruntant des intonations à Alain Bashung, il échafaude des histoires qui nourrissent des ambiances influencées par l’americana (« Plonge », « Ca va, ça va, ça va, ça » et « Avant les Forêts »). Guitariste inspiré, doublé d’un étrange talent de showman, il communique beaucoup avec son auditoire. Deux rappels et plus d’une heure et demi de concert plus tard, le public est conquis. Il finira même par entrer en communion avec lui. Bertrand Belin est un artiste dont on devrait encore entendre parler dans un futur proche. Et il le mérite. Une ‘Hyper-bonne-soirée’ !
(Organisation Botanique)