Le Festival des Libertés accueillait l’un des groupes contemporains les plus en vue, tant en Belgique qu’à l’étranger. Après cinq années d'absence, Ghinzu est remonté sur les planches, à Bruxelles, pour accorder un concert décapant et électrisant. Les murs du Théâtre National ont tremblé durant une heure et demie. Les fans inconditionnels du combo ont attendu impatiemment le retour des gladiateurs du rock alternatif ; et le résultat est à la hauteur de leurs espérances. Les héros de cette odyssée nocturne et éphémère sont acclamés comme il se doit. Retour sur une soirée décoiffante !
Le set s’ouvre par une bande sonore digne des génériques des salles obscures. Dantesque, le « Once upon a time in the West » d’Ennio Morricone retentit dans l’enceinte de ce théâtre classieux. Les cinq protagonistes s’avancent tels des conquistadors à la recherche de nouveaux territoires. Ce soir, c’est une scène qu’ils avaient déjà conquise la veille. Mais, dans la lumière des projecteurs et pour leur dernière représentation dans la cité qui les a vus naître, le band espère faire mieux. Beaucoup mieux. Autant dire que la température va monter crescendo.
Le chanteur, John Stargasm (NDR : Descamps de son vrai nom), s’installe au clavier et dispense quelques accords parfaits, suivi par ceux d’un autre claviériste, Jean Waterlot, alias Jean Montevideo. L’un des morceaux du nouvel opus ne convainc pas. L’utilisation du falsetto ou voix de tête dans ce fragment musical, appelé « Face », peine à s’harmoniser avec les autres instruments, même si l’artiste reprend son timbre plus grave à la fin de la chanson.
Tandis que le public s’impatiente, la troupe entame son irrésistible ascension. Les jambes, tant des musiciens que du public, se délient. La température monte d’un cran. Les fans de la première heure se frayent un chemin pour être au plus près de leurs idoles. Les fauves sont lâchés, au grand dam des petits gabarits. Les ‘slammeurs’ osent la planche. Ils sont portés par un auditoire qui a compris que le spectacle a véritablement débuté. Le guitariste, Greg Remy, a enlevé le haut et on y contemple ses muscles saillants, typiques des sportifs de l’escalade. Le chanteur est debout sur son clavier. Il bascule dangereusement son pied de micro. Après plusieurs titres, une des cordes de la guitare de Jean Montevideo lâche. Il demande l’intervention d’un technicien. La chaleur grimpe encore.
La force du groupe est de varier les plaisirs auditifs mais aussi physiques. Le corps, en transe, a aussi besoin d’un temps de repos. C’est ainsi que les compos se suivent mais ne se ressemblent pas. Après des extraits issus de leurs anciens elpees, tels que « Mirror Mirror », « Dream maker » ou « 21st Century Crooners », l’artiste de quarante-deux balais (NDR : il a fêté son anniversaire ce 1er octobre), propose de nouveaux titres, plus calmes, mais aussi parfois davantage ‘noisy’, comme le doucereux « Forever » ou un « Out of Control », manifestement inspiré par les Beatles…
Le public a bien compris. Il n’est pas venu pour écouter la totalité du nouvel LP. En fait, il n’est pas encore prêt. Néanmoins, la troupe est parvenue à redonner goût à des compositions que l’auditoire a aimées, comme « Take it easy », « Do you read me » ou le très mystérieux et détonant « Blow ».
Le bonheur est présent et se lit sur les visages des mélomanes/danseurs. A tel point que la foule les rappelle à deux reprises. Mission accomplie pour Ghinzu. De nouveaux horizons sonores s’ouvrent pour le groupe. Qui cultive le secret comme il est parvenu à si bien le garder jusqu’à présent. Mais espérons qu’il ne tardera pas trop jusqu’au prochain long playing ; car les aficionados aimeraient continuer à danser jusqu’au bout de la nuit…
(Organisation : Festival des Libertés)