Les ayants-droits n’en finiront probablement jamais de piller les réserves du plus grand songwriter de sa génération. Après voir réédité « From a Basement on the Hill » en 2004 et « New Moon » en 2007, Domino a décidé de ressortir « Roman Candle », le premier album de Mr. Smith. Un elpee initialement paru en 1994 chez Cavity Search. Mais devrait-on pour autant bouder notre plaisir ? Il est tentant de critiquer cette nouvelle initiative, surtout lorsqu’elle est destinée à se faire du blé sur la tombe d’un artiste. De la qualifier d’indécente. De stigmatiser cette opération mercantile. D’hurler à la trahison. Ou parce qu’elle est susceptible de troubler le repos de l’âme du chanteur texan… mais dès les premières notes du morceau d’ouverture, « Roman Candle », l’auditeur ne peut que se réjouir de retrouver la douceur de ces voix doublées et la pureté de ces mélodies douces et fragiles…
Album injustement méconnu, « Roman Candle » recèle toute une série de perles dont les magnifiques « No Name # 2 » et « Condor Avenue » (proches des trésors d’« Either/Or »). Quel compositeur contemporain ne signerait-il pas des deux mains pour hériter d’une seule seconde d’inspiration qui a permis à feu Elliott d’écrire ces neuf morceaux figurant sur cet elpee. Le disque avait été enregistré sur un quatre pistes ; et pourtant, jamais les plages n’émargent à la lo-fi, tant Smith maîtrise son sujet. Chaque note frappe en plein cœur. Qu’elles émanent de ses cordes de guitare ou de sa voix. Des chansons probablement trop lourdes à porter pour un musicien tellement peu sûr de lui, malgré son immense talent ! Des ses débuts, il était déjà au sommet de son art. Et il l’ignorait. Ce « Roman Candle » est pourtant un classique. Et dire que ces morceaux n’auraient jamais été publiés, si sa petite amie n’avait pas eu la bonne idée de les envoyer à une maison de disques… bien entendu ravie de l’aubaine… Indispensable!