Paru initialement le 4 novembre 1991, “Loveless” constitue toujours le dernier opus de My Bloody Valentine. Bien que reformé en 2008, on attend toujours la sortie de son nouvel album. En fait, le groupe avait commencé à retravailler des démos ébauchées en 1996. Mais les sessions ont pris un temps fou, et Island Records, chez qui le quatuor irlandais avait signé, a refusé de prolonger le financement de ces sessions, jugées trop coûteuses. Selon les déclarations des musicos, un Ep et un elpee devraient quand même le jour, et recèleraient même des compos récentes. Enfin, si d’ici la date de sortie, ils ne changent pas d’avis.
Mais revenons-en à « Loveless », publié début des 90’s chez Creation. En fait, l’histoire semble se répéter, puisqu’à cette époque, le label avait failli mettre la clef sous le paillasson, à cause de sessions aussi interminables qu’onéreuses.
Le « Loveless » a été remasterisé par Kevin Shields, en personne, aux studios Metropolis de Londres. Suivant deux techniques différentes, réunies au sein du même digipack. La première a été opérée d’après les bandes originales. La seconde également, mais en retravaillant les analogiques à ½ pouce. Ne m’en demandez pas plus, là on entre dans le domaine purement technologique.
« Loveless » est devenu un album culte. Il constitue le point culminant de leur carrière. Et vous trouverez ci-dessous, le texte que nous avions rédigé au sujet de ce disque, en 1991… (BD)
Post néo psychédélique, c’est probablement le terme qui convient le mieux à l’architecture sonore de My Bloody Valentine. Une architecture ondoyante, fluide, vertigineuse, qui dilate votre matière grise, au point où vous vous demandez parfois si la musique défile à la bonne vitesse. MBV semble aujourd’hui se démarquer totalement de la noisy pop cultivée sur l’album « Ecstasy » (1987). Avec « Loveless », il justifie, en tous cas, son rôle de catalyseur de l’éther psyché ; celui qui a notamment donné naissance à Slowdive, Ride et Boo Radleys. Semi-consciente, semi-cauchemardesque et perfectionniste, la musique de « Loveless » bouillonne au sein d’un plasma filandreux, apparemment sans structure. Et pourtant, guitares évanescentes, drums glacés, samplings fantasmagoriques, voix blêmes, brumeuses et troublantes restent solidement accrochés à un seul fil : celui de la mélodie. Un album renversant, mais qui risque de vous laisser de marbre si vous supposez encore que MBV appartient au renouveau de la guitare… (G&BD)