Après le départ du guitariste/violoniste Russell Senior, nous avions craint que Pulp ne connaisse une période d’incertitude. Situation tout à fait normale, au vu de la place prise par ce musicien au sein de la formation. Pourtant, le groupe de Sheffield vient de commettre son meilleur elpee à ce jour. Et, sans aucun doute, un des ‘must’ de l’année 1998. Une œuvre produite par Chris Thomas, c’est-à-dire le même personnage qui avait mis en forme " Different class ". Avec pour résultat des compositions qui atteignent une profondeur impressionnante et une sensibilité mélodramatique que nous ne leur connaissions pas encore. Tout ceci sous la forme d’un concept album découpé en douze chapitres parodiques, dans le sens le plus pervers du terme. Faut dire que Jarvis Cocker est un chanteur qui possède un sens de l’ironie sombre, morbide, paranoïaque et libidineux, ses lyrics dévoilant les faiblesses les plus vulnérables et paradoxalement ordinaires de l’être humain. Des lyrics qu’il chante d’un timbre déclamatoire, susurré, de plus en plus souvent inspiré par celui de Steve Harley (Cockney Rebel). Même si ses inflexions lorgnent tantôt du côté de Bowie circa " Scary monsters ". On pense ici surtout au glamourueux " Little soul ". Ou de Ric Ocasek. Indiscutable sur la composition la plus carrée de l’opus, " Little soul ". Un disque dont la richesse des arrangements atteint également celle de My Life Story. Symphoniques bien entendu. Notamment sur les deux meilleures chansons de l’album. Tout d’abord le titre maître. Ensuite sur l’exorcisme psyché soul " Seductive Barry ". Et avant de boucler un épilogue pathétique, paroxystique, diffusé sous la forme de " The day after the revolution ", Pulp s’offre une petite excursion dans la musique prog rock des seventies. Celle du Genesis de Peter Gabriel ; les cordes de guitare épousant des envolées dignes de " Nursery crime ". Fabuleux !