Placebo vient de refuser de faire la couverture du Melody Maker. Une proposition, selon eux, jugée beaucoup trop hâtive et qui risque à long terme de leur être néfaste. En fait ce trio ne veut pas devenir un autre hype, et souhaite maîtriser le plus longtemps possible le cours des évènements, en privilégiant le fond sur la forme. Ce qui ne veut pas dire que la formation ne soigne pas son image. Au contraire. A cause de Brian Molko. Leader, chanteur, guitariste, compositeur, dont les traits sont incontestablement efféminés. Et dont la voix dénote une certaine ambiguïté sexuelle. Mais une formidable voix comparable à celle de David Surkamp. Frêle, androgyne, naturelle, elle évite cependant les envolées emphatiques du vocaliste de Pavlov's Dog (NDR: A vos encyclopédies!). Musicalement, le contenu de cet album éponyme est cependant à des années lumière de ce mythe révélé au tout début des seventies. Produit par Brad Wood, drummer de Tortoise, il apporte une bouffée de fraîcheur à la britpop britannique. Mais concède trop peu de références distinctes pour pouvoir en dessiner un profil analytique. En fait, hormis le premier titre "Come home", dont le tempo new wave semble avoir été emprunté au Sound, les seules qui apparaissent vaguement appartiennent indistinctement à des formations yankees. Telles que Sonic Youth, Magnapop, Jane's Addiction et bien sûr Tortoise. Maintenant, après plus de dix écoutes, plus rien d'autre qu'une certaine fascination ne semble vouloir filtrer. Un phénomène qui, bien souvent, laisse présager certaines promesses...