Tout comme pour Suede et The Verve en 1992, le Melody Maker a de nouveau surpris tout son lectorat en plébiscitant le premier opus de Tindersticks comme meilleur album de l'année. Nous on veut bien, mais sans promo, il était difficile de jauger le véritable potentiel de ce groupe insulaire (Nottingham). Heureusement, nous sommes aujourd'hui en mesure de vous décortiquer ce CD. D'abord vous en aurez pour votre argent, car ce disque flirte allègrement avec les septante-sept minutes. Vingt et un titres autobiographiques nés de la conjugaison des esprits torturés, malicieux, inspirés, de Neil Fraser et de Stuart Sticks. Un Stuart Sticks dont la voix grave sinistre épouse le timbre vocal de Ian Curtis. Vous pensez à Joy Division? Vous n'avez pas tout à fait tort. Cependant chez Tindersticks l'instrumentation est plus riche, moins linéaire, épousant davantage les perspectives tracées par Crime & The City Solution ou les Triffids que celles développées par le mythique ensemble de cold wave. Claviers vertigineux ou piano spectral, basse ténébreuse, guitare torturée et violon angoissant obéissent parfaitement à une expression romantique qui macère dans la mélancolie, la tristesse, la colère, l'obsession ou la jalousie. Une œuvre fascinante qui dans ses moments les plus douloureux épanche l'émotion la plus pure...