En 1993, Verve commettait un superbe opus, "A Storm in Heaven", un disque que la plupart d'entre vous ont sans doute snobé par manque d'audace ou tout simplement par paresse. C'est vrai que la musique de ce quatuor est intemporelle, atmosphérique, difficile même parfois, mais tellement vivifiante et surtout exaltante. Reflétant l'état d'esprit d'un chanteur/compositeur illuminé et fascinant, Richard Ashcroft. Depuis, le groupe a dû adapter son patronyme en The Verve, suite à une action judiciaire menée par un label yankee frustré. Commis une compile de singles. Passée totalement inaperçue, faute de promo, il faut le souligner. Enfin, s'est décidé à faire appel à Owen Morris, ingénieur du son chez Oasis, pour coproduire son nouvel opus. Et, il faut reconnaître que la formation galloise vient de frapper fort. Très fort même. Etablissant subconsciemment un pont naturel entre Oasis et les prémisses des Stones Roses. Rien que le titre maître, qui exhume les fantômes des Stooges, Doors et autres Thee Hypnotics originels, mérite un prix d'excellence. Et le reste ne manque pas de surprises. Comme cet "History" enrichi d'orchestrations symphoniques opérées dans le célèbre studio Abbey Road. Ou encore "A new decade" et "This is music" aussi stupéfiants qu'imprévisibles. Douze expérimentations stimulantes où violence, douleur, exaltation, sexualité, dépression, romance, mort et mysticisme alimentent un paysage sonore vertigineux, kaléidoscopique. Calme un instant, tumultueux le suivant, il s'évapore dans l'éther stratosphérique avant d'atteindre les rêves célestes de la "Northern soul"...