Teinté de hard FM, le rock progressif pratiqué par Saga est frais, innovateur et accessible. A l'aube des années 80, il ouvrait les portes d'un univers cosmique, en parfaite adéquation avec les superbes illustrations futuristes des pochettes de leurs albums ; et je pense plus particulièrement à " Silent Knight " et " Images at Twilight ", devenus des classiques aujourd'hui. Après un passage à vide, Saga réussissait un beau tour de force en 1999 en commettant " Full Circle ", un elpee qui renouait avec les sonorités qui avaient fait son succès jadis. " House of Cards " en était la suite logique, et le nouveau né, " Marathon ", concilie lui aussi passé et présent avec brio. Faut dire que le guitariste émérite Ian Crichton drive l'entreprise d'une main de fer dans un gant de velours. Les compositions sont surprenantes de qualité et d'intensité, l'interprétation irréprochable, et la production s'avère d'une qualité bien au-dessus de la moyenne. Bondissantes et romantiques, les onze nouvelles ritournelles du groupe s'affirment conquérantes et d'une cohérence suffisante pour conserver intégrité et crédibilité. L'apport modéré de nouvelles technologies renforce l'impact de titres novateurs comme le déroutant " Rise and Shine ", tandis que la plage d'ouverture, " Marathon ", single potentiel au refrain taillé pour la scène, renvoie l'auditeur à l'époque de " World's Apart ". Mais la marque du quintette de Toronto demeure la voix unique, veloutée et caressante du charismatique Michael Sadler, l'âme de Saga. A ce titre, le combo n'a rien à envier aux nouveaux ambassadeurs du genre que sont Archive ou Spock's Beard. Les vrais fans ne se priveront pas de s'offrir le DVD Silhouette qui recèle, outre les neuf premiers vidéo clips du band, du matériel 'live' enregistré au cours de la tournée Heads or Tales, des interviews récentes des cinq musiciens et même des images bootleg capturées par un fan londonien.