Personnellement, je n’attendais rien de cet album. Et au final, il se révèle une véritable tuerie. Comme quoi, il faut se méfier des premières impressions. Il faut dire à ma décharge qu’à première vue, Wilde Starr semble se complaire dans l’accumulation de ces ‘clichés’ que les extérieurs à notre confrérie métallique n’hésitent pas à qualifier de ringards : un patronyme ronflant signifiant ‘Etoile Sauvage’ orthographié bizarrement de manière à être original, une pochette illustrée par un glaive orné d’une tête de démon sur une toile de fond lézardée d’éclairs et un couple de musiciens qui n’ont pas vraiment l’air de perdreaux de l’année.
Après avoir jeté un coup d’œil à la bio, mon avis avait déjà changé. Mais après avoir écouté « Arrival », une conclusion s’est imposée : cette formation n’était pas aussi insipide qu’annoncé et son metal pas aussi stéréotypé que ne le laissait supposer l’artwork de son CD.
En premier lieu, ‘Wilde Starr’ ne signifie pas du tout ‘étoile sauvage’. Il s’agit simplement de l’association des noms de famille des deux instigateurs du projet : Dave Starr et London Wilde. Et, si le duo n’a pas l’air tout jeune, c’est qu’il a derrière lui un sérieux bagage métallique. Dave Starr est un vétéran de la scène heavy américaine. Il était le bassiste du combo trash métal Lääz Rockit avant de rejoindre Vicious Rumours en 1985. Il apparait sur quatre disques studio du célèbre combo mené par Geoff Thorpe et notamment sur le classique « Digital Dictator » de 1988. Le quatre-cordiste offre ensuite ses services au légendaire guitar-hero David T. Chastain en compagnie duquel il enregistre « In An Outrage », en 2003. C’est d’ailleurs à l’occasion de cet enregistrement que Dave s’acoquine avec la blonde London Wilde. Cette dernière est ingénieur du son et travaille à l’époque sur la plaque de Chastain (NDR : un job qu’elle exerce depuis 1994, outre ses activités de chanteuse et de claviériste de studio).
Wilde et Starr se découvrent une passion commune pour la musique de Judas Priest. Ils formulent rapidement l’idée de monter un projet commun. Une première démo intitulée « Generation Next » est mise en ligne en 2007. En plus des ses habituelles parties de basse, Dave s’empare la six cordes pour la première fois de sa carrière. D’anciens collègues guitaristes, comme David T. Chastain et Vinnie Moore (UFO, ex-Vicious Rumours), lui reconnaissent d’ailleurs un certain talent de gratteur. London, qui avoue considérer Rob Halford (Judas Priest), Geoff Tate (Queensrÿche) et Ronnie James Dio comme la Sainte Trinité, se charge des vocaux et des claviers. En 2008, le duo s’adjoint les services de Jim Hawthorne, un requin de studio, pour tenir les fûts et les baguettes sur son premier opus.
Bien qu’il ne nous soit parvenu qu’aujourd’hui, « Arrival » est sorti sur le marché depuis le mois d’Août 2009. Malgré toutes ses qualités, l’opus n’a manifestement pas reçu tout le soutien qu’il aurait mérité. Dave et London continuent cependant à croire en leur bébé et tentent aujourd’hui d’en relancer la promotion. Et c’est tant mieux, car, voyez-vous, « Arrival » ce n’est pas moins de 54 minutes de bonheur pour l’amateur de métal classique et de power métal à l’américaine.
Le métal de Wilde Starr, à l’instar de celui des eighties, ne s’encombre pas de démesure technique. Les riffs sont simples et accrocheurs. Les parties lead sont bien ficelées, sans être trop démonstratives. Le son de la six cordes ressemble à s’y méprendre à celui de Chastain. London Wilde utilise ses claviers d’une manière ‘cinématographique’, préférant créer des ambiances plutôt que de se lancer dans d’inutiles parties lead. Mais c’est surtout au niveau du chant que la dame force le respect. Car la belle n’hésite pas à se battre à armes égales avec les ténors du métal classique. Son timbre de voix rappelle étrangement le très regretté Midnight (Crimson Glory), mais aussi un peu Ray Adler (Fates Warning) et Geoff Tate. Sur « Rise », ses vocalises suraigües rivalisent même de puissance avec celles du dieu Halford.
Si vous aimez Chastain, Crimson Glory, Judas Priest, Queensrÿche, Vicious Rumours et le métal classieux de la seconde moitié des eighties, il n’est pas encore trop tard pour donner une seconde chance à « Arrival ».