Yes SIHR !

Après quelques concerts / projections improvisés en duo, au Caire et à Beyrouth, pour les rencontres d’Arles, le centre photographique de Lille ou la revue belge Halogénure, Dargent et Oberland s’associent aux francs-tireurs Elieh et Halal pour un manifeste…

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Le Yam 421 ou le 5 000 pour Bright Eyes ?

Bright Eyes sortira son nouvel elpee, « Five Dice, All Threes », ce 20 septembre. Ce sera son 10ème. Lors des sessions, Conor Oberst, Mike Mogis et Nate Walcott ont reçu le concours de plusieurs invités dont Cat Power, Matt Berninger de The National et Alex…

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Zaho de Sagazan 24/11/202...
Chroniques

Igor Prado Band

Upside down

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« Upside down » constitue le tout dernier opus de la bande aux frères Prado ; c'est-à-dire Igor à la guitare, Yuri à la batterie et Rodrigo Mantovani à la basse. Un disque pour lequel les frangins ont reçu le concours de toute une volée d’invités. Au menu : compositions personnelles et reprises. Un répertoire partagé entre plages instrumentales et morceaux chantés.

L'ouverture n’est pas vraiment une surprise, puisqu’elle permet la présentation des musiciens. Le trio familial est ici soutenu par leur ami Ari Borger. Tout au long de cet instrumental sculpté dans le west coast swing, ce pianiste démontre tout son talent de guitariste. Rodrigo est passé à la basse acoustique. Ses accords sont lourds. Ron Dziubla (NDR : un musicien de Lynwood Slim) souffle dans son sax ténor pour créer cette ambiance intimiste ou si vous préférez de fin de soirée. JJ Jackson est un chanteur de couleur noire. Sa voix est chaude. Igor s’évertue à reproduire les astuces de T-Bone Walker. De son véritable nom Léo Robinson, J.J, compte aujourd’hui 65 balais. Né dans l’Arkansas, ce vocaliste a vécu à Seattle. A l’âge de 15 ans, il militait au sein des Rocking Teens, en compagnie d’un certain James (Jimi) Hendrix. Il s’est établi au Brésil en 1980. Les musiciens tissent une trame délicieusement funky pour attaquer "Hoo ray for hoo raw". Les sonorités entretenues par Igor évoluent dans un univers sis quelque part entre Albert Collins et Jimmie Vaughan. Greg Wilson se charge des parties vocales. C’est le chanteur des Blues Etilicos. Il est né à Tupelo, dans le Mississippi, il y a 45 ans. Dziubla se réserve le honky saxophone. Les frères Prado ont régulièrement épaulé R.J Mischo sur les planches. On n’est donc guère surpris qu’il apporte sa participation pour trois plages. Tout d'abord le "Dancing senhorita" de TV Slim. Un rock'n'roll exécuté à la manière de Chuck Berry. André Youssef martèle son piano comme un possédé, alors que RJ chante passionnément devant les cordes déchaînées d'Igor. RJ interprète également le "Whiskey, cachaça & wimmen" de John Lee Hooker. La rythmique chère à Howlin' Wolf lui sied à merveille. Igor adopte sereinement les accords de John Lee en leur communiquant une tonalité saisissante! Et enfin le "Lonesome cabin" de Sonny Boy Williamson II. Un blues serein au cours duquel RJ semble hanté par le spectre de Rice Miller. Classique, "Bumble bee" nous replonge dans le quartier sud du Chicago des années 50. L'ambiance est très proche de Muddy Waters tout au long de ce blues lent, une plage envoûtante que chante Steve Guyger, le bluesman de Philadelphie, d’une voix chaude, ponctuée de courtes phrases à l'harmonica. "Tiger instrumental" porte bien son nom. Rejoint par Borger, le trio continue de passionner. Igor se révèle un guitariste créatif et inventif. Il maîtrise tous les styles qu'il aborde en y ajoutant des touches personnelles. Il se montre ici proche mais différent de Junior Watson. Le pianiste est également un régal pour les oreilles. Ce musicien parvient à synthétiser le boogie woogie. Et ses interventions sont toujours récréatives. Le résultat plane à très haute altitude. Veloutée, sculptée pour le soul blues, la voix de JJ Jackson est cependant capable de s’adapter au west coast jump. A l’instar de "Mary Jo". Le sax baryton de Ron et les cordes atteignent alors de nouveaux sommets. Les plages instrumentales qui parsèment cette œuvre enthousiasmante sont épatantes. Et je pense tout particulièrement au boogie jump "Hey! Boogie", caractérisé par une chaude bataille entre Prado et Borger. JJ Jackson se réserve une dernière fois les vocaux pour le "Give a little" de Johnny Guitar Watson. Son timbre est profond tout au long de ce blues lent, chaleureux, soutenu par l’orgue Hammond, les cuivres et les cordes divines. Igor chante enfin "I ain't no man". Sa performance est honorable. Il est soutenu par son ami et concitoyen Robson Fernandez. L’opus s’achève par "My blues after hours". Une occasion rêvée pour Igor Prado de confirmer toute son habileté et sa parfaite perception du style de Ronnie Earl, lors de ce long slow blues instrumental. Excellente surprise, l’elpee recèle deux bonus tracks. Tout d’abord le nerveux "Mr King Collins Medley", un vibrant hommage à l'un des gratteurs favoris d'Igor, ‘The King of the Telecaster’ alias Albert Colllins. Flavio Navez s’y réserve l'orgue Hammond. Et enfin le funky et jazzy "Maceo's groove". Ron Dziubla se charge du saxophone alto lors de cet hommage respectueux à Big Maceo. Indispensable !  

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Flavio Guimaraes and Prado Blues Band

Flavio Guimaraes and Prado Blues Band

Écrit par

Outre son implication chez Blues Etilicos, Flavio Guimaraes se réserve une carrière individuelle. Un espace solo qu’il a déjà ponctué d’opus très intéressants. Et en particulier "Little blues" en 1995, "On the loose" en 2000, une "Jam for Big Walter", un "Tribute to William Clarke" et "Navegeita" en 2003, ainsi que "Coletänea" en 2005. Harmoniciste notoire, Flavio sévit au sein du tout aussi réputé Blues Etilicos ; un ensemble en compagnie duquel le musicien de Rio de Janeiro a participé à la confection de dix albums au cours des vingt dernières années. Ce nouvel opus a reçu le concours d’Igor Prado à la production.

L’elpee s’ouvre par "I may be wrong", une compo signée Count Basie. Le swing envahit ce boogie jump. Une plage idéale pour mettre la formation sur orbite. Le versatile Igor Prado se réserve la guitare et le chant, Ari Borger les claviers. Dans son style boogie, il s’agit du meilleur pianiste de blues brésilien. Une section de cuivres imposante communique parfaitement cette impression de big band indispensable à l'atmosphère Basie. Et il revient à Flavio de conclure à l'harmonica face aux 88 touches d'ivoire de Borger. Flavio est un élève, davantage même : un disciple du regretté William Clarke. Par conséquent de l'instrument chromatique. Il rend hommage à son maître sur "Missing Mr Clarke". Il s’y révèle très brillant. Une compo aux accents jazz et swing imprimée sur un tempo vif. Les échanges entre Flavio et les cordes d'Igor sont de bonne facture. Miss Jeannette Clarke, la veuve de William, a d'ailleurs déclaré tout le bien qu'elle pensait de ce "Missing  Mr Clarke". Ce morceau baigne dans un climat West Coast. "T-Bone shuffle" est le fruit d’un subtil cocktail de blues et de jazz. Flavio se concentre au chant et Prado prend son pied en épousant le style cher à T-Bone Walker. Constituée de Yuri Prado aux drums et de Marcos Klis à la basse acoustique, la section rythmique est légère et sautillante. Le duo est toujours au poste pour "Riding with Ray" ; mais pour la circonstance, Howard Levy a été invité à siéger derrière les ivoires. Howard est new-yorkais. Pianiste, mais également harmoniciste, il a milité chez Bela Fleck and the Flecktones. Igor brille au chant sur le sémillant "Please send her home to me". Son ton est même agressif. L’attaque sur l’instrument chromatique de Flavio est sublime. "Tin pan Alley" campe un slow blues traditionnel. Classique, si vous préférez. Flavio le chante en s’accompagnant à l'harmonica diatonique. Guimaraes rend un hommage chromatique à George ‘Harmonica’ Smith (NDR : la source d'inspiration principale de William Clarke) sur "George's boogie", un exercice instrumental semblable à "Missing  Mr Clarke". "Lazy thing" opère un retour au jump style. Flavio chante cette plage caractérisée par les interventions étincelantes d'Igor aux cordes. L’osmose entre les deux musicos est largement mise en exergue lors du shuffle instrumental "Below's shuffle". En soutien, Mr Yuri Prado assure un tempo à la fois bourré de vitalité et métronomique. Décidément insatiable, Igor en remet une solide couche sur son "Swing me baby". La partie de cordes est impériale. Les vocaux accrochent instantanément. Cet axe Chicago – Los Angeles passe par Rio. Flavio chante le traditionnel "Put the kettle on" que le PBB reprend en chœur. Un second harmoniciste entre en scène : Mr Ivan Marcio, collaborateur habituel des frères Prado. Il vient rivaliser avec Flavio. "Going home tomorrow" voyage au cœur des swamps louisianais. Coécrite par Fats Domino, cette plage semble se dérouler en l'absence de Flavio. Igor chante et joue chaleureusement ce blues. L'harmo d'Ivan Marcio suit cette compo à la trace. Après un dernier instrumental intitulé "Boogie do Cauê", l’opus s’achève par "Louise". Un morceau qui se recueille dans l'intimité acoustique d'un impeccable duo acoustique. Igor et Flavio conjuguent un dernier hommage à l’une de leurs influences majeures : Big Walter Horton. Un remarquable album!

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The Samuel C. Lees Band

Bigg Mann

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Samuel est dyslexique. Ce qui ne l’a pas empêché de se consacrer à la musique, dès son plus jeune âge. Il aime le rock, et en particulier Queen. Mais est surtout fasciné par les guitaristes. Et en particulier Yngwie J Malmsteen, Tommy Bolin ou encore Stevie Ray Vaughan. En 2000, il fonde Texas Flood, un quartet dont le patronyme laisse, bien entendu, augurer du style adopté. Il se lance ensuite dans un duo, en compagnie du batteur Steve Washington : le Washington Lees Experiment. Toujours pas satisfait de ses expériences, il cherche à créer un nouveau concept dans l’univers du blues, en posant les bases de son projet sur l'ambiance et le fun que peuvent générer sa musique. Il fonde alors son propre trio, flanqué du bassiste Adam Ogiliev (déjà impliqué dans le Texas Flood) et du drummer Andy Perfect. Le groupe veut briser les perspectives conventionnelles du blues, en communiquant aussi bien un sentiment de bonheur que de tristesse. Mais suffit pas d’avoir de bonnes idées, il faut aussi les concrétiser. Alors, ce "Bigg Mann" est il vraiment différent de la production blues habituelle ? Tout d’abord, il n’affiche qu’une durée de 40 minutes. Ce qui est vraiment peu pour un cd. Surtout lorsqu’on veut convaincre le mélomane avoir décelé un nouveau créneau. Blues Matters, label anglais particulièrement dynamique, a signé le Lees Band. B.M. est également un magazine de blues qui prend une ampleur certaine sur le net…

Dès les premiers accords de "Bigg mann", on sent le Lees Band libéré. Tout au long de ce blues rock bien carré, tempétueux, la guitare occupe tout l'espace sonore. Sam possède une bonne voix. Puissante également. Mais surtout, ses cordes dominent parfaitement leur sujet. Faut dire que grâce aux vertus du re-recording, il assure également la rythmique. En trame de fond, Andy tape dur sur ses peaux. "The way it is" se distingue par une rythmique digne du ZZ Top de naguère. Lees double à l'orgue. Cette plage me fait penser furieusement au hard blues rock anglais des seventies. "See you again" accentue cette première impression. Rien de bien neuf à l’horizon. La cohésion rythmique est irréprochable. Ce qui permet, sans aucun doute, de donner toute confiance au soliste. Le travail sur les voix passe bien la rampe. Résultat des courses : la musique est très accessible. Parfois elle me rappelle les duels échangés entre Jeff Beck et Jimmy Page, lorsqu’ils sévissaient chez les Yardbirds. Plage lente et atmosphérique, "It's not your fault" s’écarte totalement de l’univers du blues. L’interprétation est cependant de bonne facture, même si les cordes empruntent un profil heavy metal. Acoustique, "Dusty road blues" est un intermède instrumental de brève durée. Dans le registre des ballades, "Little girl lost" trempe dans le R&B. Mais je la trouve un peu trop américanisée à mon goût. Dans le registre, je préfère "The memories that still holds me". A cause de ses accents sudistes. Une compo de southern rock dont le mur de guitares est aussi épais que solide. Blues rock classique et rythmé, "Dance hall" rappelle l’inévitable Vaughan. Autre ballade, "The other side of the day" constitue un des meilleurs moments de l’œuvre. Un blues très mélodique réminiscent d'un certain Fenton Robinson. La finale s’enfonce dans le hard rock pur et dur. Agressives, les guitares sont traitées à la manière de Pat Travers. Et en bonus track, on a encore droit à "Set me free", une ballade, ma foi, tout à fait inoffensive. Bref, si cet opus met en exergue des musiciens particulièrement efficaces dans leur style, on ne peut vraiment pas dire que leur musique soit révolutionnaire…

 

 

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Max Romeo

Pocomania songs

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Baptisé en l’honneur des rites et rythmes ancestraux de la pocomania (la vaudou jamaïcain), ce nouvel album de Max Romeo, co-auteur avec Lee Perry du célébrissime « Chase the Devil », bénéficie de l’appui d’une belle brochette de musiciens : Sly&Robbie, Dean Fraser, Rico Rodriguez, etc. Non seulement cette dream team a façonné l’histoire du reggae, mais elle a été rassemblée par Mad Professor. Les rythmiques bondissantes de Sly & Robbie posent les fondations d’une sympathique série de chansons rencontrant des thématiques rasta chères à l’ami Max ; mais se réservent également quelques moments plus légers comme ce « Woman Friend », au cours duquel un homme est aux prises avec les délires consuméristes de son épouse, depuis qu’elle regarde, à la télé, les ‘soap operas’. Chaque titre bénéficie du ‘dub treatment’ spécifique au professeur fou : les basses fortement filtrées et le délire causé par le reverb et les delays atteignent leur apogée lors des 5 dubs qui achèvent l’album. On pointera également l’excellente mélodie de l’aérien « Babylon Like Me » ainsi que « Take It Slow », les poisseux « Evil Evil » et « Wicked Babylon ». Sans oublier le très dub, « Think Again », paraphrase du « Guns of Brixton » des Clash et « Ganja Free », une plage enrichie par un chouette intermède deejay de Bushead. Conseillé !

 

 

 

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Dave Gahan

Hourglass

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Dépêche, Mode oblige, ou pas,… file écouter de toute urgence. Que tu sois fan ou tout simplement curieux de découvrir l’une des bonnes surprises de 2007…

Quatre années après avoir concocté un premier album solo (« Paper Monster ») pas vraiment exceptionnel, le sympathique Dave Gahan nous propose son second. Lassé de la dictature imposée par Martin Gore au sein de Depeche Mode, ce vocaliste a décidé de voler de ses propres ailes, dès 2003. Et si son ex-acolyte (qui avait également commis un elpee en solo à la même période) dépasse de plusieurs longueurs le second, en terme d’écriture, Dave n’a pas son pareil transcender les foules et épancher ses émotions les plus extrêmes. Un charisme, qu’il n’était pas parvenu à refléter sur son premier essai.

Cet « Hourglass », avouons-le tout de suite, mérite un prix d’excellence. Dès le titre d’ouverture, « Saw something », on est directement plongé dans une atmosphère très feutrée, dont il a le secret. John Frusciante participe à ce morceau, comme invité à la guitare solo. C’est que Gahan a toujours bien su s’entourer. Sur son premier opus, c’est Knox Chandler (ex-Psychedelic Furs) qui s’était chargé d’allonger la musique sur la voix de Dave. Et une nouvelle fois, dès le premier titre, l’alliance est parfaite entre la voix de velours de notre chanteur et les sonorités planantes, teintées de solos de guitare tout en subtilité. « Saw something » nous rappelle indéniablement l’ambiance planante de « Songs of Faith and Devotion ». Quant à « Kingdom », il n’est plus utile de vous le présenter si vous écoutez quelque peu la bande FM. Sur les dix fragments de cet opus, deux morceaux sont manifestement un peu plus quelconques : « Deeper, deeper » et « Endless », deux titres davantage destinés aux dancefloors. Par contre, deux plages entrent dans un univers au sein duquel Gahan ne nous avait jamais habitués : l’ambient esthétique. Ou alors si peu. Un peu à la manière de David Sylvian. Vous voyez ce que je veux dire ? Surtout « Miracle ». Dave emprunte même un baryton tellement proche de l’ex-Japan. Remarquable ! « Insoluble » en est la seconde. Si elle y puise son inspiration de manière moins évidente chez le Londonien, c’est parce que l’apparente indolence entre en émulsion sous la ligne de flottaison. Un excellent titre. Et surprenant de surcroît. La magie continue à opérer sur « Use you ». Percutante, la boîte à rythmes revient s’accoupler à la voix de Dave. On frôle ici la perfection. Enfin, les deux derniers fragments de la plaque sont de toute beauté. « A little lie » ressemble à une grande messe macabre et jouissive, comme Depeche Mode est capable de nous accorder rituellement ; alors que « Down » embrasse un profil plus lascif. A l’image de l’album, il nous entraîne dans une ambiance électro-pop plutôt sombre. Bouleversant, le climat est hanté par un refrain qui n’en finit plus de nous trotter dans la tête. Et pour couronner le tout, la production est hyper soignée ; on y sent d’ailleurs très bien l’empreinte de Tony Hoffer (Beck, The Kooks ou The Thrills entre autres).

On vient donc de passer en revue un de ces grands blockbusters de la fin de cette année 2007, un superbe album qui ne pourra que ravir les aficionados de Depeche Mode. Il ne manque plus que la cerise sur le gâteau. Une nouvelle date à Forest National, où tous les fans se donneraient rendez-vous. Et comme de coutume, l’ami Dave pourra fréquemment laisser chanter ses admirateurs en chœur, et créer cette ambiance si propre à ses concerts et à ceux de Depeche Mode. Celle d’une communion célébrée entre cet écorché vif de la scène et une audience qui lui est entièrement dévolue. En attendant cette tournée qui n’a pas encore été annoncée (‘No Tour Plans for Dave Gahan But He 'Won't Rule It Out'’ précise la une d’un de ses sites), ces fans et les autres, pourront passer de longues soirées à se laisser porter par l’ambiance atmosphérique, en écoutant cet « Hourglass ». Il suffira de fermer les yeux…

Voici le dernier clip de Dave Gahan:

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title: Saw Something (Video)

author: Dave Gahan

copyright: Mute Records

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Nick Moss

Play it til' tomorrow

Écrit par

Le premier album de Nick, "First offense", date de 1999. Depuis il a commis cinq autres opus. Moss a même fait fort ; puisqu’il est parvenu à sortir, le même jour, quatre elpees pour son label Blue Bella. Quatre disques pour lesquels il a participé. Aussi bien comme musicien que comme producteur. Flanqué des Flip Tops, formation qu'il dirige depuis quelques années, il a concocté un double cd. Un ensemble qu’il dirige depuis avec beaucoup de cœur, de compétence et de réussite. Pour la circonstance, il est donc soutenu par le pianiste Willie Oshawny, le batteur Bob "Cartello" Carter et son homme à tout faire, Gerry ‘The utility man’ Hundt. Sans oublier sa douce compagne Kate. Elle se réserve sporadiquement la basse ; mais a quand même réalisé la luxueuse pochette qui habille la double plaque.

A l’âge de 20 ans, le prometteur Nick sévissait comme bassiste au sein du Jimmy Dawkins Band. Un an plus tard, il remplaçait Calvin ‘Fuzz’ Jones (un ancien partenaire de Muddy Waters) chez le Legendary Blues Band. Il tournera 3 ans en compagnie du Jimmy Rogers Band, avant de fonder ses Flip Tops. Ce nouveau projet est aussi le plus ambitieux. Le ‘Program one’ se consacre au blues électrique. Le ‘Program Two’ réunit des plages essentiellement acoustiques.

Le premier volume s’ouvre par "Late night saint". La guitare rythmique balise parfaitement cette compo. Elle est dévolue à l'invité d'honneur, Eddie Taylor Jr. Oui, oui, le fils du ‘bad boy’, gratteur officiel de Jimmy Reed. Ce riff récurrent devient même hypnotique. Le refrain est repris en chœur par l'ensemble des musiciens. Le son semble avoir été pris ‘live’ en studio. Le tempo est rapide. Nick chante d’un timbre rugueux son "You make me so angry". Eddie Jr est le premier à se libérer sur les cordes ; il est bientôt talonné suivi par Nick qui lâche tout ce qu'il a dans les tripes ; et lorsque le père Moss est lancé, il est difficile de l’arrêter. Le "Woman don't lie" de Luther ‘Snakeboy’ Johnson trempe bien dans le funk. La voix de Nick est convaincante, pendant que sa douce Kate se réserve les cordes rythmiques. Moss nous rappelle qu'il a régulièrement secondé le grand Jimmy Dawkins, dans le passé. Il se révèle ici aussi éclatant qu’excellent! Nick est très inspiré par le divin Dawkins. Faut dire qu’au sommet de son art, le natif de Tchula, dans le Mississippi, était sans aucun doute un des plus brillants guitaristes. Et il nous le démontre à nouveau tout au long du remarquable "Mistakes from the past". Saturées, ses cordes répondent au chant par des courtes phrases bien acérées. L’orgue de Willie nappe le tout lors de ce Chicago westside blues époustouflant. A couper le souffle ! "Bad avenue" est issu de la plume d’un autre habitué du quartier Ouest : Lefty Dizz. La version des Flip Tops est échevelée. Nick plaque sèchement les accords rythmiques. Il manifeste une agressivité inhabituelle. Sa voix est plus ténébreuse que jamais. C’est bien un blues du début de ce XXIème siècle. Moss libère ses cordes avec une violence inouïe, mais il parvient néanmoins à maîtriser son sujet. Son assurance mérite le respect. Il réussit même, au détour, à lancer un clin d'œil complice à Magic Sam Maghett. Du blues 5 étoiles ! "Lyin' for profit" est un shuffle puissant. Nick shoute ses vocaux. Implacable, la rythmique évolue dans un registre proche des Teardorps de Magic Slim. De ses cordes il nous retrace le who's who des gratteurs noirs issus des seventies. Nick Moss a manifestement tout misé sur ce « Program One ». "Woman's holler" est un Chicago blues inventif et respectueux. Piano Willie prend un billet de sortie, tandis que la section rythmique scelle en puissance les fondements de ce blues sans concession. Le "Rising wind" de Floyd Jones est un blues lent empreint d’une grande sensibilité. Nick manifeste toute sa versatilité à l'harmonica tandis que Taylor Jr assure les cordes. Blues décontracté, "My love is like a fire" est imprimé sur un mid tempo, proche de Jimmy Reed. Complice inspiré, le piano entretient une intimité déconcertante. Moss empoigne une dernière fois l'harmonica et souffle comme Big Walter sur "Peculiar feeling". Les musiciens nous donnent le tournis. Oshwny passe à la guitare et Hundt l'harmonica pour "Too many miles", une plage abordée dans l'esprit de Muddy Waters. Et enfin, Gerry se réserve les cordes et Willie glisse à la basse lors de l’instrumental "The rump bump", la finale secouée de ‘Program One’. Brillant!

Je ne m’épancherai pas trop sur ‘Programm two’, dont les compos sont quasi unplugged ; cependant, toutes ces plages évoluent à un excellent niveau. Depuis un "You've got the devil inside" à l'énergie débridée, au bien rythmé "I'll be straight on you", au cours duquel piano et harmo sont à la fête. Moss amplifie sa slide pour aborder "Another life is gone" et "Married woman blues", de vibrants hommages à Muddy Waters. Et "It's written in the bible" est de la même trempe. Dernière plage amplifiée, "Wild imagination" surprend par son jump bien frais. Le piano semble servir de ligne de conduite. Willie O'Shawny est le responsable de ces interventions empreintes d’émotion. Plusieurs plages sont consacrées à des duos intimistes. Tout d’abord l’instrumental "Fille r up". Moss à la sèche et Hundt à l’harmo s’y partagent l’espace sonore. Tout comme pour "Crazy mixed up baby '07". Mais respectivement à la guitare et à la mandoline. En outre, le tandem conjugue ses vocaux lors du gospel traditionnel "I shall not be moved". Enfin, Nick est soutenu par les ivoires de Barrelhouse Chuck pour "Got my mail today". Vu l’imagination de leurs créateurs, cette fresque de blues contemporain constitue un exercice de style passionnant. Un projet dédié à Muddy Doggers, le chien de la famille Moss qui a égayé leur vie durant ces huit dernières années.  

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Bill Lupkin

Hard pill to swallow

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Originaire de Fort Wayne, dans l'Indiana, Bill réside depuis une quarantaine d'années à Chicago. En y débarquant, il fréquente les clubs de blues implantés dans les ghettos des quartiers ‘Southside’ et ‘Westside’. Il sympathise avec les Aces, le groupe qui avait accompagné Little Walter et Junior Wells. On le retrouve donc dans une aventure impliquant les frères Dave et Louis Myers, Fred Below, le mandoliniste Johnny Young et le pianiste blanc Bob Riedy. Il rencontre ensuite le légendaire Jimmy Rogers et participe aux sessions de son elpee "Gold tailed bird". Un disque paru en 1972. Son premier véritable opus ne date que de 1999. Un live immortalisé dans sa ville natale de l'Indiana : "Live at the Hot Spot". Une œuvre pour laquelle il reçoit le concours du Chicago Blues Coalition. Ainsi que de Barrelhouse Chuck au piano et Billy Flynn aux cordes. Au cours des dernières années, il s’est lié d’amitié à Nick Moss ; ce qui lui a permis d'enregistrer pour Blue Bella. Dont un "Where I come from", paru en 2006.

« Hard pill to swallow » succède donc à ‘D’où je viens’, une ‘Pilule difficile à avaler’ habillée par une très jolie pochette créée par Kate Moss. Elle illustre un flacon contenant un harmonica. Pour enregistrer cet opus, Bill s'est enfermé dans les studios ‘Rancho de Rhythm’ à Elgin, chez Nick Moss. Il est épaulé par son frère Steve à la basse, Mark Fornek aux drums et Tim Wire aux claviers. Moss se réserve la guitare, le mixage et la production. Les 14 plages ont été composées par Lupkin.

Dès les premières secondes de "Think it over baby", ça déménage. Tous les doigts de pieds frétillent à l'écoute de ce morceau particulièrement remuant. Les musiciens manifestent une cohésion remarquable. Le talentueux Gerry Hundt a emporté sa mandoline électrique. Elle confère à l’expression sonore une belle touche d’originalité. Lupkin affiche une forme étincelante. Il se montre très agressif dans l’attaque de son harmonica. La lecture de son instrument est très claire. Il jouit également d’une bonne voix ; dans un style assez laidback. C'est-à-dire indolent, mais stimulant. Une excitation ouatée qu’il réitère sur "Funny way to show you love me". Sa palette de tonalités lui a permis de côtoyer des grands maîtres, comme Little Walter et Big Walter Horton. Nick Moss en profite pour dispenser un solo parcimonieux, comme il affectionne. "Bad luck" opère un changement de rythme et de style. La douceur est passée à l’aigre. Bill a glissé vers l’instrument chromatique. Il chante d'une voix saturée d'amertume. Il me rappelle ici manifestement le grand Rod Piazza. Cette excellente compo constitue un très grand moment de blues! Mais ce que j’apprécie tout particulièrement sur cet elpee, c’est la sonorité d'ensemble. Tout fonctionne à merveille dans ce petit studio d'Elgin. Sur "Fine little thing", Lupkin parvient à recréer le son de ce Chicago blues qui nous a toujours fait rêver. Les esprits de Jimmy Rogers et de Little Walter y sont tellement présents ; mais sous une forme tellement naturelle, qu’on en est complètement bouleversés. "I'll be over you someday" en revient au tempo lent. La mélodie emprunte probablement à "It hurts me too". Moss joue comme un dieu. Le spectre du géant Freddie King nous traverse l’esprit. La complicité entre les intervenants est traduite par une communion de leurs sensibilités. Et que c'est beau à écouter. "Elgin bounce" est un instrumental qui remet au goût du jour le son des Aces. Le soupçon de swing et de groove permet de restituer le génie de l'harmoniciste leader, alors poussé dans ses derniers retranchements par le piano de Wire et l'intarissable Nick aux cordes. La classe! L'esprit de Johnny Young refait surface lorsque Hundt reprend sa mandoline. En l’occurrence sur "See that little girl", un morceau que Lupkin chante avec beaucoup de conviction. Sculpté dans le funk, "Blues again today" nous invite à danser. Un peu comme autrefois, au cœur des petits clubs enfumés de la cité des vents. "You're gonna be sorry" évolue sur un tempo digne de Jimmy Reed. La paresse des swamps louisianais nous envoûte. "Hook, line and sinker" adopte les rythmes chers à Howlin' Wolf. Bill se consacre à l'harmo chromatique et un impressionnant Moss parvient à recréer les climats chers à Henry Vestine. "Where you goin'" est le long blues lent que l'on espérait. Bill souffle rageusement comme un Walter Horton soutenu par Sunnyland Slim (NDR : pour la circonstance, Tim Wire s’y subsitue). Musicien versatile, Gerry Hundt accorde une remarquable intervention aux cordes. Ce superbe album s’achève comme il a commencé ; c'est-à-dire par le titre maître, dans une version de Chicago blues rythmé, mais dans un style très Rogers.

 

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Gerry Hundt

Since way back

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Gerry relève de l’équipe des Flip Tops de Nick Moss. Ce jeune musicien possède de nombreuses cordes à son arc. Il ne se contente pas des rôles de chanteur, compositeur, guitariste, mandoliniste, harmoniciste, bassiste et claviériste ; mais il se réserve les commandes du studio, enregistre, mixe et produit. Excusez du peu! Gerry est originaire du Wisconsin. Il compte à peine 30 ans. Il a vécu à Denver, dans le Colorado. A cette époque, il avait participé à l’aventure des Clamdaddys et apporté sa collaboration au chanteur/guitariste John Alex Mason, en compagnie duquel il a enregistré un elpee en 2002, "Mason & Hundt". Il a aussi assuré les parties d'harmonica sur les deux albums du prometteur guitariste Easy Bill Towber et son Big Beat. Depuis, il s'est fixé à Chicago et milite au sein des Flip Tops, où il a remplacé à la basse, Miss Kate Moss, qui a décidé de se consacrer à l'éducation de sa fille, Sadie Mae. Dès qu'il en a l’opportunité, Gerry se consacre à la mandoline qu’il met au service du blues. Pas de doute, il a bien écouté Johnny Young et Yank Rachell. Tout au long de son premier opus solo, il s’abandonne à ce seul instrument qui s'inscrit dans le renouveau de la mandoline blues, une vocation que partagent Billy Flynn et Richie Del Grosso. Les Flip Tops l’ont cependant rejoint lors des sessions d’enregistrement : Moss est à la basse, Willie Oshawny au piano, Bob Carter aux percussions, l'ami Bill Lupkin à l'harmonica et Josh Stimmel du Kilborn Alley Blues Band aux cordes.

"Since way back" démarre à plein régime. La mandoline est talonnée par la guitare de Josh Stimmel. Le son est dense, cru, primaire. La section rythmique soutient les cordes de la mandoline. "Ready to go" emprunte le même rythme. Du pur Chicago blues. Tout est bien à sa place. Le piano d'Oshawny meuble tous les espaces. Stimmel est très inspiré et Gerry chante d'une voix très mâle. Les huit cordes de la mandoline s'épanouissent au cœur d’une tonalité assez métallique tout en subissant une attaque très abrupte. "Bad water" est un blues lent très dépouillé. Le chanteur y narre la tragédie de membres de la famille du batteur, empoisonnés par l'eau toxique de leur source! L’esprit de Muddy Waters est ici bien présent. Lupkin s’y révèle assez bouleversant. Instrumental, "The Union meetin'" swingue par ses échanges opérés entre la mandoline et le piano. "Hard road" est un shuffle royal. Très Chicago. Le grand Jimmy Rogers n’est pas loin. Les musiciens évoluent à un très haut niveau. Bill suit la voix de Gerry à la trace, de son harmo, pendant que Piano Willie attaque ses touches d'ivoire, à la manière du légendaire Otis Spann! Hundt avale une solide lampée de spirit pour défier son "Whiskey makes me mean". Son énergie est décuplée. Moss abat un énorme boulot sur sa basse. Les deux seules reprises n'ont rien de surprenant. Tout d’abord le "Burning fire" d'Otis Spann. Une plage saturée d’émotion, au cours de laquelle piano et mandoline sont à l'unisson. Le remuant "You're the one" de Jimmy Rogers, ensuite. Lupkin s’y révèle insatiable. La formation reste très ancrée dans le Chicago southside des années 50. Proche du son immortalisé par les frères Chess. A l’instar de "Trying hard", un des sommets de l'album. Bill prépare la sortie de la mandoline. D'abord agonisante, elle reprend vie puis vigueur et sa ténacité est redoutable."The Lakewood bump" est un instrumental allègre qui permet aux acteurs de se libérer en toute décontraction. Caractérisé par ses échanges et joutes entre tous les solistes "Here in Chicago" porte bien son titre. L’elpee s’achève par un bonus track : "End of the day blues". Cette compo consacre un duo à fleur de peau entre les doubles cordes de la mandoline de Hundt et le piano de l'ami Barrelhouse Chuck, un musicien talentueux ; et pour cause, c’est un élève de Sunnyland Slim, Lafayette Leake et Little Brother Montgomery. Je vous recommande vivement cet album !

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The Kilborn Alley Blues Band

Tear Chicago down

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Le KABB nous vient du côté de Champaigne, dans l'Illinois. Nous ne sommes pas trop loin de l'Indiana, bien au sud de Chicago. Cette formation avait commis un album très prometteur en 2006 : "Put it in the Alley". Les musiciens sont jeunes. Ils ont presque tous la trentaine. Le line up n’a pas changé. Andrew Duncanson, chanteur/guitariste à la voix si caractéristique est toujours au poste. Il est soutenu par le guitariste Josh Stimmel, l’harmoniciste Joe Asselin (originaire du Maine), le drummer Ed O'Hara et le bassiste Chris Breen. Le seul vétéran de l’équipe, puisqu’il affiche plus de 50 ans. Le quintet signe les onze chansons de ce second opus, une œuvre produite par le génial Nick Moss. Manifestement l'originalité de Kilborn Alley procède du timbre vocal d’Andrew, son chanteur. Il est bouleversant, particulier, ténébreux et très personnel. Mais aussi susceptible de rappeler celui d'Eric Burdon. En outre, Duncanson vit sa musique. Le groupe puise ses influences majeures dans le blues urbain. En particulier celui de Chicago. C'est-à-dire cher à la génération des Muddy Waters, Howlin' Wolf, Otis Rush et autre Magic Sam. Tout en y injectant un chouia de ‘Southern fried soul’, dans l’esprit de Johnny Taylor, Denis Lasalle ou encore Tyrone Davis. Kate Moss a réalisé la pochette du CD. Illustrée par la porte d'entrée d'un vieil immeuble vétuste de Maxwell Street, on ne peut pas dire qu’elle soit très accueillante (NDR : mais existe-t-il encore ?)

"I'm spent" ouvre l’elpee. Mais ce titre ne donne pas le ton à l’ensemble. La slide lance le rythme et nous entraîne rapidement au cœur de l’atmosphère lourde du Delta. Le rythme galope. Le chant de Duncan est puissant. Joe Asselin et remarquable à l’harmonica. Il est même déchaîné. Ses courtes phrases sont acérées, tranchantes, agressives. Son souffle nous prend à la gorge. Chant blues imprimé sur un tempo lent, "Christmas in County" est coloré par l'orgue Hammond de l'ami Gerry Hundt. Duncan chante, la voix empreinte d’émotion. Elle traduit une immense peine. Son cœur saigne. Les lyrics décrivent la solitude qui ronge un détenu, dans sa prison, un jour de Noël, loin de sa famille. La guitare est très dense et mélodieuse. L'harmonica accentue ce sentiment de désespoir. Duncanson éclate en sanglots. Blues rapide et tonique, "Fire and fire" semble sortir tout droit du Westside de Chicago. La voix est proche de celle de Luther Allison. Asselin restitue le climat sonore d’un Junior Wells à ses débuts. "Crazier things" vire vers le Southside cher à Muddy Waters. Le son des studios Chess est ici reproduit. Assis dans un coin du studio, Gerry Hundt dispense un solo à la fois saisissant et sublime sur sa mandoline électrique. Il est immédiatement talonné par les cordes de Stimmel, tandis que Joe, les poumons gonflés à blocs, se libère. "Come home soul" change de style. Une ballade soul hydratée par l’orgue Hammond. La voix de Duncan est délicieuse. En fermant les yeux, il n’est pas difficile de voir se profiler l’ombre de Luther Allison. Le solo de Nick Moss est saturé d'émotion. Le thème de cette compo traite de la situation délicate des soldats américains en Irak. "Redneck in a soul band" épouse une sorte de country blues frénétique. L'harmonica est omniprésent, mais dans un registre réminiscent de Sonny Terry. Le morceau est très participatif. "It's a pity" est un blues lent, dépouillé. La voix d’Andrew y transpire son vécu. Il sort aussi de sa réserve sur les cordes de sa Stratocaster. Asselin est à nouveau bouleversant dans sa manière de faire vivre son instrument. Le titre maître est une invitation à se déhancher sur la piste de danse. Duncan et Abraham Johnson se partagent un duo aux vocaux. Johanson est un vocaliste noir, mais surtout l’ami de Duncan. Le sax de Dave Fauble appuie la rythmique très soul. "The weight on you" replonge dans la soul dansante. La voix est à nouveau en état de grâce. A l’instar d’un Sam Cooke soudain doté d'un timbre puissant et rocailleux. L'orgue Hammond opère son come-back. Savoureux ! "Lay down" prend la direction de Chicago. Mordante, la rythmique est terriblement proche du "Mellow down easy". La section rythmique accomplit un sacré boulot pour lancer Asselin à la poursuite de Junior Wells. Une formule reconduite sur "She don't know". Un dernier rappel nous est accordé sous la forme d’un bonus track. C’est-à-dire une version différente de "Redneck in a soul band" ; mais pour la circonstance, dans le style de Chicago exécuté à haut régime. Excellent!   

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Various Artists

Dr Boogie presents Rarities from the Bob Hite Vaults

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Notre Dr Boogie national voue un culte au boogie band par excellence : le Canned Heat! Ce n’est plus un secret pour personne. Bob Hite, fondateur, chanteur et harmoniciste de cette formation mythique était un énorme chasseur de disques. Tout particulièrement de 78 tours obscurs, enregistrés par les bluesmen d'avant et d'après-guerre. Une collection qu’il avait entamée dès son plus jeune âge et qui lui avait permis de réunir un véritable trésor de guerre. Malheureusement, à sa mort, ce pactole a été dispersé. Les reliques ont ainsi été vendues, volées ou même données. Par bonheur, une bonne partie a été récupérée par Adolpho ‘Fito’ de la Parra, lui-même discophile incorrigible. En tombant sur cette nouvelle source de plaisir, le bon Walter Boogie a eu bien de la peine à s'en relever ; mais généreux devant l'éternel, il a décidé de nous faire découvrir ces impérissables vestiges de la boogie music.

Dix-neuf plages remontent aux années 50. La première a été immortalisé en 1941 : "Death Ray Boogie". Du piano boogie woogie. Un homme : Pete Johnson. Deux mains et 88 touches. Un des génies du style. Le reste est partagé entre artistes notoires et méconnus. Pianiste tombé dans l’oubli, Googie Rene est le responsable de "Wiggle tail", un instrumental très boogie, balayé par un saxophone bien huilé. Saxophoniste californien, Chuck Higgins est un honker de la trempe des Joe Houston ou Big Jay McNeely. Mad Mel Sebastian est tout aussi irrévélé. Mais son "Pachuca Hop" est percutant. Empruntant le tempo répétitif de "Honky Tonk", mais caractérisé par l’intervention d’une très belle guitare, "The itch" se révèle plutôt détonant. Le personnage le plus célèbre ici est manifestement le producteur/musicien Johnny Otis. Il chante "You got me cryin", un blues fin de soirée au cours duquel, on imagine les couples enlacés. Bill Haley chante le remuant "Birth of the boogie". Nous sommes à l'époque de la naissance du rock'n'roll. Les musiciens brûlent littéralement les planches et le gratteur jumpe à mort. Texan, Clarence ‘Gatemouth’ Brown concède "Taking my chances". Encore un blues pour couples en sueur, alimenté par cette guitare à la T-Bone. Les enregistrements opérés par Otis Rush sur Cobra, constituent une révélation pour de nombreux musiciens. "Jump Sister Bessie" consacre sans doute un des meilleurs témoignages pour une des guitares les plus remarquables du blues! Eddie Hope dispense "Fool no more" et "Lost child", deux superbes shuffles à l’énergie bien texane, mais chantés nonchalamment dans l’esprit des swamps louisianais du blues. "Eating and sleeping" date de 1954. La guitare d’Earl King brille de mille feux. On en arrive au coup de cœur de ce recueil : les deux faces de trois singles d'Elmore James. Millésimés 1953, sur les labels Flair, Checker et Meteor. Né en 1918, le Roi de la slide guitare était alors à l'aube de sa carrière (NDR : il est décédé en 1963, alors qu'il n'avait que 45 ans). Il est épaulé par ses Broomdusters ; en l’occurrence le pianiste Little Johnny Jones, le drummer Odie Payne et le saxophoniste J.T Brown. Elmore avait tout compris. Son jeu sur "Some kinda feeling" est une leçon claire de boogie jump. "Please find my baby" est caractérisé par le riff célèbre qu'Elmore a usé et abusé, après avoir édité "Dust my broom", son premier succès récolté en 1952. Les échanges opérés entre JT Brown et Johnny Taylor sur "Country boogie" et "Baby what's wrong", sont d'une richesse inouïe. L'influence de James deviendra énorme pour les artistes des générations futures (Jérémy Spencer, Jimi Hendrix, Duane Allman, Stevie Ray Vaughan, George Thorogood, etc.). Il est suivi par d'autres spécialistes de la slide : J.B Hutto, Hound Dog Taylor, Homesick James, John Littlejohn, etc. Cette anthologie exceptionnelle porte le sceau de la Communauté Française Wallonie – Bruxelles. Dont acte! Ce testament constitue le premier volume d'une collection d'enregistrements datant des années 20 aux années 60, et dont on avait perdu la trace…

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