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Various Artists

Tour de Chauffe

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‘Tour de chauffe’ est un dispositif d’accompagnement aux pratiques amateurs mené avec le soutien financier de LMCU par trois structures culturelles de la métropole lilloise : le Centre Musical les Araces de Faches Thumenil, la Maison de la Musique-le Nautilys de Comines, la Maison Folie-Ferme d’en haut de Villeneuve d’Ascq.

Cette opération a permis à 18 groupes de la métropole de bénéficier, durant l’année 2006, d’une résidence de travail scénique, d’un enregistrement professionnel de 2 titres, d’une aide à la structuration administrative et à la communication, et de formations diverses et variées (législation du spectacle, MAO, mise en scène, master-class, chant…) Un festival dans les trois lieux et un double cd compilatif concluent cette année de travail. Une compile sur laquelle nous allons nous pencher…

Le premier disque nous entraîne à la découverte de 10 formations. Depuis Automaticq, version electro-pop de Noir Désir à Deinzen, responsable d’une formule electro-pop-jazz lorgnant tour à tour vers Perry Blake ou Thom Yorke, en passant par The Clercks, combo parisien vivant à Manchester dont le post punk (à moins que ce ne soit la cold wave) juvénile puise manifestement ses influences chez Joy Division, Blondie, Bis et Elastica, Day One A Porno et ses atmosphères ténébreuses, sombres, réminiscentes d’And Also The Trees et Sad Lovers & Giants, le post rock singulier de L’Objet, mêlant habilement cold et no wave (imaginez une rencontre hypothétique entre Cure, Sonic Youth et Slint), le hip hop teinté de Philly sound cher à Mic Familia, le post hip hop de MasKgaz, l’electro opératique de Maymun, susceptible de virer au minimalisme sous des accents dub ou empruntés à la chanson française, Valentine’s Day, sorte de Hooverphonic en moins trip hop et le jazz/prog de Six Reine (ou les prouesses vocales de Gentle Giant transposées chez Meredith Monk).

La deuxième plaque épingle 8 artistes ou groupes. Elle s’ouvre par Rodrigue, disciple de la chanson française, évoluant dans un registre plus proche de Cali que de Thomas Fersen, et s’achève par la world fusion de Borka. Un disque qui se révèle globalement plus intéressant. Mon premier coup de cœur va ainsi à Kinski Palace, dont la musique cinématique, à la croisée des chemins d’Enio Morricone, de CharlElie Couture, Calexico et Bashung est hantée par le baryton de Venko. Yukiko The Witch ensuite. Un duo responsable de 18 albums autoproduits à ce jour et pourtant qui végète toujours dans la zone crépusculaire de l’underground. Des artistes complets, puisqu’ils partagent leur passion musicale avec la peinture, la lutherie et la sculpture. Leur pop/rock mélodique semi-acoustique, mélodieuse (pour ne pas dire contagieuse) me rappelle même les meilleurs moments de Travis. Et la troisième bonne surprise nous vient de The Neverending. Parce que sa vision hardcore évolue dans un registre mélodique, cosmique, proche d’Isis. Le reste de l’elpee épingle encore le déglincore de Tronckh, qui se réclame autant de Primus de Cypress Hill que de Faith No More, le rap teinté d’exotisme de Fiensou et enfin nous invite à voyager à travers le riche patrimoine kabyle sous la houlette de Trad’Am…

 

 

 

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Franck Monnet

Malidor

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Pour concocter son quatrième album, Franck Monnet fait fort. Non content de nous montrer une fois encore l’étendue de son talent, il nous offre un disque plus incisif que jamais. Mais si « Malidor » offre un côté plus rock que les disques précédents, il ne perd rien en beauté. La voix tendrement suave de Franck Monnet, conjuguée à sa plume désormais reconnue, nous livre quelques bijoux musicaux. Citons, entre autres, « Barcelone » pour son punch qui entraînerait le plus chauvin des Madrilènes ; « 18 ans », propice à nous replonger dans cette sensation presque oubliée de liberté acnéique ou encore cette perle de « Malidor », titre phare incontestable de l’album. Pays imaginaire, « Malidor » a de quoi séduire tout le monde. Fête qui semble perpétuelle, on y trouve de tout : des femmes qui ont du poil aux pattes ou boudent des gringalets, barbes à papa, chansons, caresses, hippopotames, farces, aphrodisiaques… Franck Monnet dit y avoir rendez-vous après la mort et on aimerait l’y rejoindre. Mais pour l’instant, inutile d’aller si loin : la complicité évidente manifestée entre Franck Monnet, François Lasserre (guitariste) et Franck M’bouéké (batteur) font de ce disque un échantillon de paradis, où l’on ‘trouve le sommeil, mais pas avant l’aurore’ (« Bonn’aise »).

 

 

 

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Nestor!

Ep

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Drôle d’idée de choisir pour patronyme Nestor ! Etymologiquement, Nestor, était le plus jeune des douze fils de Pélée. Il lui succèdera sur le trône de Pylos, en Messénie. Il était réputé pour sa sagesse et ses conseils (l’Iliade et l’Odyssée). Nestor, c’est également le domestique du château de Moulinsart, dans les aventures de Tintin. Attention, donc, aux droits d’auteur, sachant que la maison ne plaisante pas en matière de royalties. Et puis il y a également le célèbre détective Nestor Burma, incarné au petit écran, par Guy Marchand. Bref, il y a toujours moyen de s’étendre sur le sujet, sans jamais être sûr d’avoir fait le tour de la question. Personnellement, mon souvenir de Nestor, c’était le pingouin du ventriloque David Michel. Au début des années 70, il chantait le traditionnel « A la pêche aux moules ». Un 45tours qu’on glissait entre « Mon p’tit cul » et sa flip side, « Ma p’tite culotte », dans les farandoles des soirées dansantes. Et croyez-moi, sans le faire exprès !

Mais revenons à notre sujet principal : Nestor ! Un quintet belge dont l’histoire commence à 1997. Quatre potes se réunissent chaque fin d’après-midi, après l'école, pour y répéter. Ils n’ont alors que 12 ans, font davantage de bruit que de la musique, mais ont la ferme intention de monter un groupe de rock. Ce sera les Morbacks. Antoine Bonan a opté pour la guitare, Morgan Vigilante les drums, Alexis Den Doncker la basse et Tommy Onraedt les synthés. Sept longues années plus tard, leur projet commence à remonter à la surface. Et le quartet imagine intégrer une sirène. Mais les différentes tentatives ne sont guères concluantes ; aussi les musiciens décident de se charger finalement, eux-mêmes, des parties vocales. A partir de ce moment (nous sommes alors en 2005), le vent va commencer à tourner et les événements se produire en cascade. D’abord les premières compos personnelles voient le jour. Ensuite la formation commence à jouer sur scène et participe à différents concours. Elle y remporte, au passage, le Blast-Beat. Ce qui lui permet d’embarquer pour une mini-tournée en Irlande. A son retour elle récupère dans ses filets le guitariste Thomas de Hemptinne. Et rebaptise son nom en Nestor ! En avril 2006, le groupe enregistre un cinq titres sous la houlette de Cédric Goisse, futur ingénieur du son du quintet. En novembre 2006, Nestor! est plébiscité pour son titre « Falling » dans le cadre du concours Pure Demo. Le combo écume d’autres concours : Het Kampioenschap van Brussel, Maanrockrally, Starting Rock… et le Tremplin Rock The City. Le team de BlackDog leur met le grappin dessus. Les concerts (comme les petits pains et les poissons) se multiplient : La Flèche d’Or à Paris, l’Escalier, Atelier 210, AB, Boutik Rock, les Nuits du Bota, etc. ; et on les annonce à l’affiche de différents festivals d’été, dont celui de Dour.

Plus intéressant, en janvier 2008, Nestor ! a enregistré quelques prises en studio avec l’aide du S.A.M. (Service d’Actions Musicales de Liège). Lors des sessions d’enregistrement, le band a reçu la collaboration de Julien Galoy (Montevideo). Le disque a débarqué ce 14 avril. Un Ep 6 titres de toute bonne voilure, mais dont la coque est plutôt difficile à maintenir à flots. On ne peut pas dire que l’on soit inondé de littérature à leur sujet ; mais pêchant le peu d’info qui leur est consacrée, j’avais cru comprendre que le groupe naviguait au sein d’une forme de post rock s’inspirant à la fois de Radiohead, Interpol, Cure, Can, Police, Pink Floyd, B 52’s, Sigur Ros et dEUS. Pour la bande à Tom Barman et Mauro Pawlowski, c’est probable. Pour le reste, c’est plutôt bateau. Voire même farfelu. Une chose est sûre, les plages sont assez complexes, parfois à la limite de la prog, mais hyper mélodiques. Un peu comme chez Pavement. Le clavier/synthé y ondoie aventureusement. Pensez à Weezer. Et puis le tempo est susceptible de prendre la houle à tout moment. Dans l’esprit de Supergrass. Une des deux guitares privilégie les accords staccato. Comme chez Franz Ferdinand. Alors que l’autre s’abandonne circonstanciellement dans des flux et des reflux semi-psychédéliques, semi cosmiques, mais sans jamais prendre le large. Le disque remorque l’inévitable « Falling », qui figurait sur la démo et avait permis au groupe de remporter sa semaine Pure Demo. Mais les deux morceaux susceptibles de provoquer le plus de remous sont « Boys of Warsaw », chanté d’un timbre assez particulier, plutôt falsetto, proche de Pye Hastings (Caravan) et puis en final « Edgar Morbacks », une sorte de power pop vindicative, rappelant les Buzzcocks. Mention spéciale à la section rythmique dont la tâche ne doit pas être facilitée par les changements permanents de cap, opérés dans les compos. Le potentiel de Nestor ! est indéniable. Et il ne faudrait pas grand-chose pour que le public morde à l’hameçon…

(Version développée de l’article ‘Nestor ! à la plage…’ paru en 2008, dans la revue des festivals en communauté française ‘Caravan Pass’. Voir http://www.caravanpass.be)

 

 

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Get Well Soon

Rest now, Weary head ! You will get well soon

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« Rest now, Weary head ! You will get well soon » est la traduction –un peu à rallonge je le concède– d'un furieux talent. Get Well Soon est l'auteur de ce titre qui sonne comme une garantie ; mais Get well Soon n'est pas un groupe... il s'agit d'un homme, un seul, un vrai et talentueux qui plus est ! Konstantin Gropper est un jeune Berlinois de 25 ans. Il a eu l’idée géniale ou la folie de composer l’intégralité de cet album, se réservant tous les instruments, se chargeant de chaque arrangement, chantant ses propres textes ; et le résultat est épatant. Une seule imposture dans ce tableau de chasse édifiant : la douce et belle voix de sa sœur Verena. Elle vient au fil des élucubrations de l'artiste l'accompagner, le soutenir, lui répondre.

Mais venons-en à cet opus. « Rest now... » constitue donc la première œuvre d'un jeune homme de 25 ans. Il accomplit un parcours initiatique au sein d’un univers abouti, un recueil de chansons déterminées par des lois qui nous échappent complètement mais s'agencent de la façon la plus naturelle possible. Il règne tout au long de cet elpee, une même homogénéité atmosphérique que sur le « Fort Nightly » des White Rabbits. Peut-être davantage. Dans le monde de Konstantin, un sentiment naît, se meurt et ressuscite au fil des quatorze morceaux de l'elpee.

Dès les premiers accords du prélude, le jeu du Berlinois séduit. D'ailleurs si la première et la dernière plage de l'elpee évoquent une œuvre symphonique (prélude et coda), ce n'est pas une excentricité de plus à épingler au palmarès de Konstantin. Certains morceaux ont véritablement la dimension d'un grand orchestre. La musique, souvent progressive, s’alimente aux accords de violons, trompettes et orgue électrique qui réverbèrent des accents wagnériens. Quoi d'étonnant après tout ? Gropper a suivi une solide formation classique ; alors à mon humble avis, il aurait tort de ne pas s’en servir ! Cette touche orchestrale conjuguée aux thèmes évoqués et abordés suivant une technique de ‘questions/réponses’, renforce la cohésion de l'ensemble.

Mais attention, ce n’est pas le ‘classique’ qui domine ici l’expression sonore ; les chansons de Get Well Soon sont avant tout pop ! Lors de la deuxième chanson, l’intro nous entraîne dans une sorte de valse de salon interprétée au violon, avant que les trompettes ne se mettent à résonner en se mariant harmonieusement à la guitare et aux drums. Et le côté fanfare de cette plage refait surface par la suite.  Cependant, le ton est loin d'être joyeux. Dans la musique du Berlinois, on recèle même quelque trace d’inquiétude. Un sentiment qui ne fait que croître au fil de l’elpee. « Help to prevent forest-fires » marque un tournant dans l’œuvre. Après des débuts animés, la musique verse subitement au cœur d’une douce nostalgie et se mue même en mélancolie lors de l’excellent « We are safe inside while they burn down our house ». D’ailleurs, si on redécolle ensuite vers des sphères plus chaleureuses, la tristesse ne nous quittera plus.

Malgré la surenchère de regrets mélancoliques, on ne verse jamais dans le pathos. On le doit peut-être aux harmonies sans faille, au mélange savant des instruments, à la richesse musicale. A la capacité de l’artiste à préserver une ligne mélodique claire. On le doit certainement aux paroles signées par Konstantin. La mort hante la plupart des lyrics. Evoquer l’avenir trouble dans la saturation des basses et les effets Larsen d'un « I sold my hand fo food so please feed me » recèle une dimension glauque. Morceau sublime au passage qui a été taillé pour la scène !

On pourrait s’étendre encore pendant des heures pour tenter (vainement) décrire toute la magie de cet album. Une chose est sûre, sa musique vous travaille le corps et l'âme. La vie a une fin, c'est une évidence mais « Rest now... » a le mérite de nous le rappeler. Obstinément. Une obstination qu’il manifeste également pour nous remémorer aussi nos joies, nos peines, les souvenirs d'un désir acharné de vivre qui finiront par prendre toute la place, quand inexorablement, le temps qui passe, nous aura conduit devant la grande inconnue qu'est la Mort. Dans ces conditions dictées par Konstantin Gropper, nous nous interrogeons : à quoi bon ? Et je répondrai en citant l'artiste que je salue bien bas : « Shoot, baby ! Shoot ! Free us from the pressure ! With a rifle or a gun ! We can't live forever ! ». Définitivement, j'adore.

 

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Jackie Payne Steve Edmonson Band

Overnight sensation

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« Overnight sensation » est le fruit de la réunion entre le vocaliste Jackie Payne et le guitariste Steve Edmonson. Ils nous y proposent un excellent cocktail de blues, soul et rythm & blues. Jackie s’est longtemps illustré au sein du Johnny Otis Show. Comme chanteur. Edmonson cite volontiers Jimmie Vaughan, Duke Robillard et Ronnie Earl, comme influences majeures. Il a régulièrement soutenu Syl Johnson, James Cotton et Luther Tucker. La section rythmique jouit d’une solide expérience. Le bassiste, Bill Singletary, a côtoyé Jackie et Steve au sein des Dynatones. Le drummer, Nick Otis, n’est autre que le fil de l’illustre Johnny Otis. Le line up est épaulé par les Sweet Meet Horns. En l’occurrence Carl Green aux saxophones et Lech Wierszynski à la trompette.

Jackie et Steve ont opéré leurs débuts discographiques chez Burnside. En 2003. Pour l’elpee "Partners in the blues". Un disque réunissant des reprises d'Albert et de Freddie King, ainsi que de Johnny Copeland, Little Milton et Willie Dixon. Cet opus leur avait permis de décrocher un contrat auprès du label Delta Groove. Et "Masters of the grame", paru en 2006, ouvrait la voie à cette écurie chargée de promesses dans l’univers du funk et du R&B. « Overnight sensation » se consacre essentiellement à des compos signées par le duo. David Z en a assuré la mise en forme. Et puis, parmi les invités, on relève la présence de Gail Deadrick aux claviers, Mitch Kashmer à l'harmonica et Jeff Turmes au sax baryton.

Le titre maître ouvre les hostilités. Une solide plage funky R&B. Le timbre vocal de Payne est ample. Une voix de soul shouter respectant la tradition des meilleurs du genre. Pensez à Wilson Pickett. Edmonson dispense ses notes parcimonieusement, à la manière d'Albert King. Nous ne sommes pas loin des productions immortalisées par le label Stax, à Memphis. "Can I hit it again" glisse vers le pur funk bien rythmique. L'orgue de Deadrick enrichit le décor sonore. Les cuivres sortent de leur réserve : Carl ‘Maestro’ Green sur son sax ténor et Lech à la trompette. Le blues pur est également au menu. Jackie chante magistralement et d’un timbre particulièrement expressif le "Mother in law blues" de Gene Barge. Superbe compo, "Take a chance on me" lorgne vers la quintessence d'Otis Redding. Notre shouter est idéalement appuyé par le piano électrique, les cuivres sobres mais efficaces et des chœurs féminins. Une formule judicieuse reconduite sur "Midnight friend". Le blues du big band est susceptible de s’inspirer du Chicago des fifties. A l’instar d’"I got a mind to go to Chicago". Une plage dont les références oscillent de Muddy Waters à Howlin' Wolf en passant par Buddy Guy. Mitch Kashmar est à l’harmo. Il est dans son fief. Ses interventions sont remarquables. Dans le style, Edmonson se sent comme un poisson dans l’eau. Kashmar participe également au nerveux "No money, no honey", un morceau qui respecte toujours l'axe Chicago Memphis. L’opus continue d’expérimenter les styles. "Uptown woman downtown man" nous plonge dans un univers jazz et swing. La voix de Payne est toujours aussi envoûtante. "Bringin' me right back" baigne au sein d’un climat jazz. Les cuivres s'animent pendant que l'orgue Hammond de Gail tapisse le décor sonore. Signé Jackie Isaac Hayes/David Porter, "Your good thing" est bouleversant d’émotion. Mais le meilleur reste encore à venir. Notamment lors de "Bag full of doorknobs", au cours duquel Edmonson s’autorise une sortie à haut niveau, dans ce registre tant inspiré par Albert King qu'il maîtrise parfaitement! Medley, "She's looking good/I’ve never found a girl" démontre que Payne a parfaitement assimilé le style Stax R&B. On a même parfois l’impression qu’il réincarne Eddie Floyd. D’excellente facture, cet elpee s’achève par une merveilleuse cover du "I feel like going home" de Charlie Rich. L’émotion est à nouveau à son paroxysme. Jackie Payne chante comme un dieu. L'ombre d'Otis Redding se met à planer. Un frisson nous parcourt l’échine…

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Take That

Beautiful World

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Après nous avoir imposé le retour des All Saints, il y a quelques semaines, la Grande Bretagne frappe encore plus fort en nous livrant Take That. La résurrection ! On ne les attendait pas mais ils reviennent quand même. Super ! Après avoir vendu des millions de disques et fait hurler tout autant de jeunes écolières durant les années 90, les Brittons ont accusé le coup lors du départ inattendu de Robbie Williams en 1995. Un an plus tard, le groupe prenait une retraite anticipée. Cette séparation a été un tel drame pour les petites Anglaises qu’une ligne téléphonique de soutien moral avait été mise en place pour aider celles-ci à faire leur deuil (si, si !). On imagine donc facilement ces fillettes, aujourd’hui jeunes femmes, rugir de plaisir à l’annonce de la reformation du quatuor. Pour preuve, le carton du single « Patience », doublé par ce nouvel essai, classés pour l’instant en tête des charts britanniques.

Le problème posé par ce genre de formations au chroniqueur mélomane, est qu’il est difficile de ne pas tomber dans le cliché de la review ‘express’ du type ‘C’est un boys band, on s’en fout du disque, c’est de la merde’. Et on aurait pu penser que ces 13 nouveaux titres nous auraient permis de changer la donne. Hum. Bon, les gars… Ce ne sera pas pour cette fois. Sans être formellement une horreur sans nom, parce qu’il faut bien admettre avoir entendu pire que cette plaque, « Beautiful World » est néanmoins d’une monotonie à se couper les oreilles au couteau à beurre. Les titres se suivent et se ressemblent véritablement. On pense notamment à « Reach Out », « Patience » ou « Mancunian Way », tous fondus dans le même moule. Et lorsque les quatre complices tentent de s’extraire du tableau ‘ballade à la James Blunt’ (« I’d Wait For Life »), c’est pour mieux s’aventurer aux bordures des toiles déjà esquissées par Keane (« Ain’t No Sense In Love »), Doves (« Hold On ») ou même Scissor Sisters (« Shine »). Ils finissent alors par résonner comme des productions potentielles de Stock Aitken & Waterman, si ceux-ci n’avaient pas jeté l’éponge. Même armé de toute la volonté du monde, il est difficile d’adhérer au charme désuet de ce recueil mièvre et assommant. « Back For Good » ? On peut se permettre d’en douter…

 

 

 

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Johnossi

Johnossi

Écrit par

Si Johnossi était le nom d’un animal, ce serait celui d’un diptère ailé crachant des plumes. Suspendus aux écailles douillettes de leurs amplis, John Engelbert et Ossi voltigent. Et le duo suédois adhère sans mal aux cordes acoustiques, délivrant leur premier numéro éponyme et cupidonesque sur une piste pop rock friande de bons sentiments. Les mains se touchent, les cœurs chavirent et les flèches fusent. Sous la coquille d’une instrumentation épurée (guitare-batterie), habitent des figures mélodiques maquillées de poudre batelée qui laissent un sourire béat. La critique scandinave s’y est abonnée et Soundtrack of Our Lives l’a supporté. En à peine 3 mois de formation, le contrat était signé (V2 Records), la bulle était gonflée et l’envolée comblée de bonne volonté. Parti d’un paysage tamisé, l’opus remplit toutes les fonctions de la perle pop, efficace et légère, ornée de petits trophées (« Man must Dance », « Family Values ») propices à l’invasion médiatique. Saluant au passage les Velvet Underground, Jack Johnson et Jeff Buckley, l’équipe gagnante de Stockholm gravit les échelons du rock romantique et prend la pause dandy pour se caser dans la gueule grande ouverte d’une discothèque affamée.

 



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Maria Rita

Segundo

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Fille d’Elis Regina (chanteuse phare du mouvement tropicalia) et de César Camargo Mariano (arrangeur pianiste du même mouvement), Maria Rita a toujours baigné dans l’univers de la musique. Comme son titre l’indique, « Segundo » constitue le deuxième album de Maria. Un disque paru en 2005, au Brésil. Lenine (autre pointure de la pop « made in Brazil ») a coproduit cette collection de chansons partagées entre joie et tristesse. Jouée totalement en acoustique par un efficace trio jazz (piano, contrebasse, batterie), la musique de Maria Rita est ancrée dans la pop occidentale mais puise largement dans le jazz et les rythmes brésiliens comme la bossa et la samba. Maria possède ce trait commun à beaucoup de chanteuses brésiliennes : une belle voix un peu voilée et fragile, déchirée entre allégresse et mélancolie. Beau disque sans artifice, « Segundo » privilégie les mélodies suspendues à la formule piano/voix. Risquant de passer inaperçu au milieu de la furie discographique, cette œuvre discrète mérite pourtant qu’on y prête une oreille attentive…

 

 

 

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Les Tisserands

Les Tisserands

Écrit par
Les Cathares, religieux aux principes élevés et à la spiritualité radicale, prospérèrent pendant les onzième et douzième siècles, notamment dans le sud de la France, et furent persécutés et anéantis lors d'une croisade orchestrée par l'église catholique associée au pouvoir. Comme leurs idées étaient en vogue parmi les marchands d'étoffe, ils reçurent le sobriquet de 'tisserands'. C'est à eux que ce CD rend hommage. Des musiciens issus de trois formations (Amorroma, Traces, Zefiro Torna) se sont associés à ce projet. Les textes sont de quelques troubadours d'époque. La musique, regroupant une majorité de créations originales, respecte scrupuleusement les musiques anciennes et traditionnelles, qu'elle célèbre aux sons d'instruments acoustiques (flûtes, cornemuse, harpe celtique, bouzouki, vielle, luth, etc.). Elle puise sa variété dans l'étendue géographique de son inspiration. A peine ose-t-elle très rarement une concession à la modernité via une légère coloration jazz. Souvent dépouillée et mélancolique, cette oeuvre bien documentée fait place à quelques bourrées à la vocation plus festive. Si vous êtes adepte de ce genre d'approche musicale, le résultat est ici hautement digne d'intérêt.

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Pitbull

El Mariel

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Originaire de Miami, cet emcee aux racines cubaines avait écoulé 600 000 exemplaires de son premier opus « M.I.A.M.I. ». Rappé en espagnol et en anglais, ce disque risque fort d’en faire autant. Une œuvre dont le patronyme a été emprunté au bateau qui amena des milliers de réfugiés cubains sur les côtes américaines, en 1980. Le même navire qui embarqua Tony Montana jusqu’aux USA lors du sanglant « Scarface » de Brian De Palma. « El Mariel » porte à son bord les productions musicales chères à Lil Jon, le roi du crunk, les inévitables Neptunes, le revenant Wyclef Jean et même le Jamaïcain Don « Vendetta » Bennet (Sean Paul, Sizzla, etc.). Pitbull possède un flow tout terrain capable de surfer -et à merveille- sur les rythmiques très électros qui composent ce disque, habile recyclage des sonorités d’Afrika Bambaata en beaucoup plus dansant. L’essentiel d’ « El Mariel » a été taillé pour les pistes de danse ou les clubs de fitness ; et il faut avouer que la mission est largement accomplie. Ce disque recèle une sacrée fournée de tubes, et même si la médiocrité des paroles (biatches, gangsters) révèle la vacuité grandissante du rap U.S., on ne peut que s’incliner face à cette machine de guerre alliant reggaeton, hip hop et crunk.

 

 

 

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