Ronnie Horvath est aujourd’hui âgé de 58 ans. Il vit aujourd’hui à New York, mais a réalisé l'essentiel de son parcours musical à Boston. Il avait monté un groupe en compagnie de Sugar Ray Norcia, les Bluetones. Il a vécu son heure de gloire, lorsqu’il a remplacé Duke Robillard au sein du big band, le Roomful of Blues. Il a ensuite entamé une carrière de leader, en dirigeant ses Broadcasters. Depuis, il a aligné un nombre important d'albums. Ronnie est un guitariste respecté, vénéré même. Un esthète qui allie une profonde sensibilité et une technique irréprochable. Sa musique semble parfois presque trop parfaite et manquer de chaleur. A cause de sa recherche constante de la perfection. Ronnie ne chante pas. Il se consacre donc exclusivement à son instrument. Ce nouvel album a été concocté ‘live’, au sein des studios Wellspring Sound. A Acton, dans le Massachussetts. En avril 2007. C’est un opus instrumental. Lors des sessions, il a reçu le concours de Dave Limina au piano et à l'orgue Hammond B3, de Jim Mouradian à la basse et de Lorne Entress à la batterie. Son vieil ami Michael ‘Mudcat’ Ward intervient circonstanciellement à la basse et au piano. Tout au long de cet elpee, Ronnie étale sa connaissance et sa profonde compréhension des musiques qu'il aime : le blues d'Otis Rush, de Magic Sam et de T-Bone Walker ainsi que le jazz de Kenny Burrell et de Wes Montgomery. En outre, il reprend ici certains thèmes qu'il avait déjà abordés dans le passé.
Ronnie ouvre son concert privé en faisant la part belle au rythme et aux percussions. "Eddie 's gospel groove" nous entraîne au cœur d’un voyage proche des sphères musicales de Carlos Santana. Les interventions de Lumina à l'orgue Hammond sont superbes. "Bobby's bop" pénètre dans l’univers du jazz. Lumina se met alors dans la peau de Jimmy McGriff, tandis que Ronnie produit son flux ininterrompu de notes lumineuses. L’œuvre aligne alors une (trop) longue suite de blues lents. Des plages fort intéressantes, il faut le reconnaître, mais dont le registre rythmique souffre d’une trop grande uniformité. Ce n'est pas la première fois qu'il nous réserve son "Blues for the West side", un hommage aux gratteurs de Chicago qui ont immortalisé ce style : Magic Sam, Otis Rush, Buddy Guy, Luther Allison ou encore Luther Johnson. La transition vers la compo suivante, "I am with you", s’opère tout naturellement. Mais qu'est-ce qu'il joue divinement, ce Ronnie ? Il met son cœur et son âme au service de sa musique. "Katrina blues" ouvre une parenthèse. Earl y joue seul de la guitare acoustique. Le climat est empreint d’une grande tristesse. Guère étonnant lorsqu’on sait que les lyrics évoquent la tornade dévastatrice qui a défiguré la vieille cité de la Nouvelle Orléans. Une bonne dose de vivacité irradie "Wolf dance". La trame rythmique de base est aussi solide que celle du géant Howlin' Wolf. Ronnie se prend pour Hubert Sumlin. Il ne manque pas de panache. Lumina le seconde au piano. "Kay my dear" replonge aussitôt dans le blues bien lent. Un style très classique, institué par BB King. Bien mis en exergue, l’orgue Hammond contribue à une écoute confortable. "Blues for the homeless" adopte un même tempo. Une ancienne composition au cours de laquelle Lumina joue passionnément du B3. "Beautiful child" baigne dans la douceur et la mélancolie. Une plage très atmosphérique, magnifiée par ce véritable esthète des cordes. Plus explosif, "Blues for Otis Rush" constitue sans doute le meilleur blues de cet opus. A l’instar d’Otis, qu’il apprécie tout particulièrement, Ronnie y injecte toute sa passion et sa fougue. Ce "Hope radio" s’achève par "New gospel tune", un gospel instrumental caractérisé par ses échanges de piano et guitare.