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Chroniques

Ulrika Spacek

Modern English Decoration

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Alors que son nouvel elpee, « Compact trauma », est paru ce 10 mars 2023, il était temps de jeter une oreille attentive au précédent et second album d’Ulrika Spacek. Un groupe fondé à Reading, en 2014.

Tout au long de « Modern English Decoration », la musique baigne dans des eaux psychédéliques sur rappelant les meilleurs moments de Deerhunter (« Ziggy »), la scène shoegaze en général et les sonorités urbaines et nonchalantes chères à Television (« Silvertonic »).

Dans un certain esprit DYI et post-punk, Ulrika Spacek n’invente rien de neuf, mais manifeste énormément de ferveur et de panache ! Le groupe mérite donc les critiques dithyrambiques que lui réservent les médias, tant classiques que sur la toile…

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Stubborn Heart

Made of Static

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Stubborn Heart est un duo britannique réunissant Luca Santucci et Ben Fitzerald. Teintée de soul, son électro/pop a vu le jour en 2012, sur un premier elpee éponyme. Il a donc fallu près de 9 ans à la paire pour donner une suite à cet opus,

La soul nordique (= froide) dispensée tout au long de « Made of Static » évoque James Blake voire Sohn, à cause de la voix d’ice’crooner de Luca Santucci (« Mum’s The World », « Talking Gold »), mais les deux musiciens n’oublient cependant pas de de gâter un dancefloor qui se voudrait mélancolique (« Against The Tide »).

Mutant, glaçant, ce r’n’b reste néanmoins accrocheur de bout en bout !

 

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Index For Working

Dragging the Needlework for the kids at uphole

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Index for Working, c’est un projet fondé par Max Oscarnold, aka Max Claps (The Proper Ornaments, TOY), et Nathalia Bruno (DRIFT). Ils se chargent des guitares, de la basse, des claviers et de la programmation. Le line up implique également le drummer Bobby Syme (aka Bobby Voltaire) et le bassiste/violoncelliste Edgard Smith. C’est Max qui se consacre essentiellement aux vocaux. Enfin, il s’agit, le plus souvent, de murmures qu’il dispense en anglais, mais aussi parfois, dans sa langue maternelle, l’espagnol (NDR : il est argentin).

Sur les 11 plages de l’opus figurent trois intermèdes instrumentaux et surtout expérimentaux, probablement réalisés à l’aide de bandes passées à l’envers, dont l’orientaliste « The Beatles » qui adresse un clin d’œil à la période psychédélique des Fab Four.

En général, le climat de cet LP est plutôt tourmenté, ténébreux voire inquiétant ; les paroles, probablement issues de l’écriture automatique et les bruitages urbains déformés accentuant ces impressions.

Et pourtant, le résultat est plutôt épatant. « Railroad bulls » baigne dans la country délavée. « Ambiguous fauna » s’autorise un blues/rock improbable. « Palangana » est hyper mélodique et « 1871 », particulièrement accrocheur. Quoique bien électrique, « Chains » émarge à la lo-fi. Et en final, d’abord tramé sur une structure acoustique, « Habanita » passe, à mi-parcours, en mid tempo, puis se charge d’électricité à la fois torturée et sulfureuse…

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Super Pink Moon

Iron rain

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Super Pink Moon, c’est le projet d’Ihor Pryshliak, le leader de Somali Yacht Club. Chanteur/compositeur et multi-instrumentiste (claviers/guitare), il est établi à Lyiuv, en Ukraine. Pas étonnant qu’introspectifs, les lyrics traitent de la guerre, et des émotions qu’elle entraîne : douleur, tristesse, désespoir, culpabilité, etc.

« Iron rain » constitue le second album de SPM, un œuvre dont la musique émane d’un cocktail subtil entre psychédélisme, shoegaze, cosmic rock et metal. Les harmonies sont très susceptibles de rappeler Ride, alors qu’Ihor emprunte parfois les inflexions de Ian Brown (« Per aspera ad astra »).

Le long playing recèle plusieurs instrumentaux dont « Forwardbreakforward », un morceau qui s’enfonce dans le prog/metal, le floydien « Mirage », l’expérimental « Hollowness », au cours duquel on a l’impression d’entendre des bandes passées à l’envers et l’étrange finale, curieusement intitulée « ウクライナにславаあれ ».

Petit coup de cœur pour l’excellent et accrocheur « Collision » qui parvient à combiner sonorités de gratte métalliques caverneuses (pensez à Prong) et shoegaze tout en soignant le sens mélodique. Un régal !

Parfois, le son est si dense qu’on a du mal à imaginer qu’il est le fruit du travail d’un seul artiste…

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Matmatah

Miscellanées bissextiles

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Six années déjà que la formation brestoise n’avait plus sorti de nouvel opus. Le précédent, « Plates coutures », remonte donc à 2017 ! Et « Miscellanées bissextiles » constitue son sixième. ‘Miscellanées’ a beau signifier ‘recueil sur des sujets divers de sciences et de littérature’, en y ajoutant bissextiles, le combo a voulu jouer sur les mots.

Le combo s’était séparé en 2008 et s’était reformé en 2018 ; mais depuis, le guitariste Emmanuel Baroux a cédé le relais au jeune Léopold Riou.

Double album, « Miscellanées bissextiles » recèle 14 plages, dont la première, « Enlenmeyer », découpée en 8 sections, dépasse les 19 minutes. Une piste ténébreuse, complexe, avec pour seul fil conducteur, le piano. Tristan ‘Stan’ Nihouarn y déclame ou chante des textes torturés voire mystiques. On est d’ailleurs ici, carrément dans le concept prog. Tout comme lors du morceau d’ouverture du second volume, « Trenkenn Fisel », dont les interventions d’orgue rognées nous replongent carrément dans les 70’s. Également partagé en plusieurs parties, il véhicule cependant des accents celtiques parfois électro. La collaboration de David Pasquet et la Kevrenn Alre n’y est certainement pas étrangère.

Le long playing propose deux morceaux interprétés en anglais, « Bet you and I », enrichi de chœurs, et la ballade « Let’s say it’s alright », un hymne à la ville d’origine des musiciens (« Brest »), et puis une ballade mélancolique, cinématographique, « Hypnagogia », dont les arrangements de cordes relèvent plutôt de la symphonie classique.

Le reste de cet LP nous réserve quelques plages plus légères, dont le festif « De l’aventure » ou l’allègre « Populaire », du rock bien 80’s (« Fière allure ») et en guise de clôture, l’acerbe « Coupette ? ».

Une œuvre agréable, mais dont deux compos sortent manifestement du lot : « Erlenmeyer » et « Trenkenn Fisel ».

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Not Scientists

Staring at the sun

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Not Scientists réunit des ex-membres de Uncommonmenfrommars et de No Guts for Glory, une formation lyonnaise qui nous propose son troisième elpee. Le groupe puise manifestement son inspiration dans la new wave et la cold wave des eighties. Et tout particulièrement chez The Cure et Sisters of Mercy.

Dès « Push », on en peut s’empêcher de penser à « A forest » de la bande à Robert Smith. Un spectre qui plane tout au long de l’opus, tout comme celui des Sœurs de la Miséricorde… Mais au fil de l’écoute, on se surprend à apprécier une expression sonore plutôt bien ficelée.

Régulièrement, les synthés viennent compléter la ligne de basse cotonneuse ou caoutchouteuse. Et même caustique, tout au long de la cover du « %8x5 » de UK Subs. Et si « Standing at the edge » se distingue par ses jolies harmonies vocales ponctuées de ‘Oh, oh, oh’, elles véhiculent des accents empruntés à Green Day sur le titre maître…

Depuis la sortie de cet LP, le guitariste Big Jim a quitté le navire et a été remplacé par l’ex-Pookies, Frédéric Measson.

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C’mon Tigre

Scenario

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Fondé en 2013 par un duo italien, C’Mon Tigre est une formation à géométrie variable qui sévit en Europe et aux USA, depuis une décennie, sans pour autant caresser les tympans du grand public. Elle s’est même établie à New York. Et manifestement, malgré l’absence de popularité, elle possède plus d’une griffe à sa patte.

« Scenario » constitue son troisième elpee et lors des sessions d’enregistrement, elle a de nouveau impliqué une multitude de musiciens issus de tous les horizons. On croise notamment le saxophoniste Colin Stetson sur « Sleeping Beauty », le rappeur Mick Jenkins sur « Flowers in my spoon » ou encore la jazzwoman Xenia Jenkins sur « No One You Know ».

Le groupe nous invite à voyager en intégrant des touches orientales à son mélange de jazz, afro-jazz, hip hop, funk et disco. A l’écoute de sa musique, on pense tour à tour à Fela Kuti, William Onyeabor ou, parmi les plus contemporains, Sinkane. La démarche de C’Mon Tigre n’est pas sans rappeler celle de Damon Albarn pour ses projets solo.

La richesse instrumentale, les mélodies de plus en plus contagieuses au fil des auditions et la large palette des influences font de « Scenario » un des meilleurs albums parus au cours de ces derniers mois…

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Lucie Sue

To sing in french

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Lucie Gremer, aka Lucie Sue, est une rebelle. Elle a intitulé son album, « To sing in french », alors que toutes les compos sont interprétées dans la langue de Shakespeare. En fait, elle conteste la loi Toubon qui impose des quotas de chanson française sur les ondes radiophoniques. Et pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas envie.

Auteure, compositrice, chanteuse, guitariste, bassiste et violoncelliste (NDR : elle a fréquenté le conservatoire de Lyon), elle vient d’enregistrer son premier elpee. Hormis les drums, pour lesquels elle a reçu, lors des sessions, le concours de Philippe Entressangle (Benjamin Biolay, Etienne Daho), Frank Armand (Clara Luciani, Catherine Ringer) ou Nicolas Charlier (Retrievers), elle assure tout le reste de l’instrumentation.

Entre titres éthérés (la ballade « Promises » qui invite à la rêverie et à la contemplation ainsi que le final « Soma »), plus pop (la reprise du « Freedom » de Michael Jackson), énigmatiques (le morceau d’entrée « Lick your teeth »), une égérie des 90’s revient régulièrement à la surface : PJ Harvey.

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Red Beans & Pepper Sauce

7

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Red Beans & Pepper Sauce est un quintet montpelliérain dont le septième elpee s’intitule sobrement « 7 ». Première constatation, les interventions d’orgue nous ramènent à celles dispensées par Jon Lord chez Deep Purple ou de feu Ken Hensley, pour Uriah Heep. Ce qui apporte manifestement une coloration métallique à la musique d’un groupe qui avait remporté le tremplin du ‘Cahors Blues Festival’ en 2013. D’autant plus que tout au long de cet elpee, les solos de guitare dégoulinants ne manquent pas.

Surprenant, l’intro de « Out law on the run » emprunte le phrasé de gratte du légendaire Peter Green, sur le célèbre « Oh well » de Fleetwood Mac. L’adaptation du « Rock and roll » de Led Zeppelin est méconnaissable. Pas parce qu’elle est plus lente que l’originale ou que le groupe a voulu se la réapproprier (NDR : ce qui est louable, malgré tout), mais parce que la voix ne colle pas ; et le résultat est fade.

On épinglera quand même l’excellent drumming sur « World is burning », une piste qui rappelle quelque part Jethro Tull (sans la flûte ni la voix de Ian Anderson), mais à cause de cet orgue rogné qui s’infiltre dans l’expression sonore à la manière de John Evans. Et puis, quand même, le final « Let you down », une ballade acoustique qui s’enrichit de cuivres et de cordes, en fin de parcours.

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Christine & The Queens

To be honest (single)

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Il n’est pas dans les habitudes de votre chroniqueur de rédiger des articles sur des chansons interprétées dans la langue de Shakespeare, mais les quelques phrases qui y sont prononcées dans celle de Molière servent d’excuse et justifient le bonheur d’écrire une chronique à propos de ce titre de toute beauté.

Redcar, alias Christine and the Queens, nous livre un morceau magnifique, céleste.

Cette chanson constitue une prémisse de l’elpee « Paranoïa, Angels, True Love », dont la sortie est prévue pour le 9 juin 2023.

L’opus a été écrit, interprété et coproduit par Redcar en compagnie de Mike Dean (Lana Del Rey, Beyoncé). On y retrouve aussi, sur plusieurs morceaux, la participation de 070 Shake et Madonna.

On comprend mieux la qualité de la production musicale qui nous entraîne du début à la fin. Les nappes électro et l’écho sur la voix nous permettent de prendre notre envol afin de nous conduire vers la quintessence de l’artiste, une plage stratosphérique dont les paroles poétiques sont à double sens.

Le clip onirique (à découvrir ici) est d’une douceur et d’une force incroyables.

Redcar y est habité par son art, sa passion, et transperce nos âmes de sa présence et son regard. Les clips tournés à la mer et tout particulièrement sur la plage sont rarement réussis, car il s’agit d’un procédé éculé dont les artistes abusent. Mais ici, le noir et blanc laiteux, la lumière, les contreplongées communiquent un moment de grâce au cours duquel il danse de manière complice et envoûtante avec la mer et le soleil. La toute fin se termine sur un flash de couleur. C’est une œuvre d’art.

Merci Redcar de faire partie de la scène musicale actuelle, on a hâte de découvrir l’album.

Pour les dates de concerts, c’est

Méthode chanson

 

 

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