Pour les aficionados de la chose country-folk, Nanci Griffith n’est pas une inconnue. Sur ce dix-neuvième album en vingt ans de carrière, la chanteuse ‘réalise un vieux rêve’ : compiler ses torch songs préférées ; bref appuyer d’un geste tendre sur nos glandes lacrymales. Une aubaine pour nos oreilles, puisque son grain de voix subtil, tout en douceur et propice à la mélancolie, se prête forcément bien à ce genre d’exercice. Et même si les arrangements qui l’enrobent pêchent par préciosité (ces cordes, envahissantes) et gâchent un peu notre plaisir, on l’écoute. Jusqu’au bout. Parce que c’est évident : Nanci Griffith chante bien, très bien. « Ruby’s Torch », du nom de la cover de Tom Waits (« Ruby’s Arms », magnifique), est avant tout le disque d’une voix. De ce grain donc. De beauté. De Jimmy Webb à Sinatra (« In The Wee Small Hours Of The Morning », signé par le tandem Mann/Hilliard), il caresse ces covers (+ 2 inédits) dans le sens le plus agréable du poil. On ronronne sous son poids chaleureux et ça fait du bien par où ça passe.