Emmené par Peter Vermeersch, ce big band jazz convie l’auditeur à une plongée dans les tréfonds de l’âme humaine, mais surtout son côté sombre. L’ami Peter possède un solide c.v. : il a produit dEUS, travaillé en compagnie de Fred Frith et dirigé plusieurs formations responsables d’un style oscillant entre jazz et rock ‘zappaesque’, dont X-Legged Sally. Pas étonnant que Mike Patton ait compilé les premiers efforts de la formation sur son label Ipecac car ces gens ont en commun un goût certain pour les compositions à tiroirs où une multitude de styles musicaux se télescopent à grande vitesse. Le jazz swing croise le fer avec le free, la musique de cirque, le blues, le rock et des éléments empruntés aux musiques du monde entier. On pense aux sonorités chaudes et hantées de Mingus, au jazz abstrait du Herbie Hancock des débuts ; mais aussi à Captain Beefheart et à la musique délirante des dessins animés de la Warner (Coyote, Bugs Bunny et les autres), le tout joué par une brochette d’excellents musiciens. Certainement pas toujours facile à écouter, ce disque tutoie la folie et contient quelques grands moments comme “Hilton’s Heaven”, pièce composée en hommage au rocker batave Herman Brood (NDR : il décida de quitter la terre en se jetant du haut d’un hôtel Hilton). Dommage que la Paris du même nom n’ait pas inclus ce titre sur son album solo… Les amateurs de jazz timbré ont trouvé leur plaque pour bien (?) commencer l’année.