On ne présente plus Arno, le rocker ‘number one’ du royaume. En activité depuis plus de trente ans, il est devenu un phénomène médiatique. Bien que bégayant et dipsomane, ce personnage fréquente radios, télés et alimente les rubriques des journaux qui se pressent pour écouter ses propos décousus. La nouvelle fournée du vénérable Ostendais souffle le chaud et le froid. Hésitant entre ballades rock (« Help Me Mary/Reviens Marie »), funk bien raide rappelant TC Matic (« Enlève ta langue », « Miss Amérique ») et rock sévèrement ‘burné’ (l’incongru duo « I’m not into hop », partagé en compagnie du marseillais Faf Larage, issu de la galaxie Iam), ce « Jus de box » se révèle assez varié(té), mais pas vraiment inspiré.
On peine ici à extraire un vrai bon morceau de cette collection un peu paresseuse pour laquelle il a reçu le concours de ses indéboulonnables complices (le claviériste Serge Feys ou encore le bassiste Mirko Banovic), mais aussi quelques ‘guests stars’, dont Marie ‘Zap Mama’ Daulne. Il faut attendre les comptines à la Tom Waits de « Jusqu’au bout » et « Toute la nuit » pour, enfin, voir Arno communiquer son émotion. Et, surtout, permettre à l’auditeur d’entendre de chouettes mélodies. Reste quelques moments d’humour, comme lorsque d’un accent bizarre, il déclare ‘Hier matin je voulais tuer la mort, aujourd’hui je ris et même Dieu est heureux’ ou encore (sur le comique « Red Lipstick ») ‘My last girlfriend was a drinker, she lost her dog, his name was Thinker’. Le reste, pas franchement passionnant, est réservé aux fans acharnés. Si vous venez de découvrir le bonhomme, il est préférable d’entamer votre initiation par l’album « A la française », bien meilleur que cet effort un peu poussif.