“Voracious love” constitue le troisième opus, de la féline Finlandaise, pour Ruf. Il fait suite à "Dreamland blues" et "Grip of the blues". Manifestement son œuvre la plus personnelle à ce jour. Notre rouquine s’est teint les cheveux en noir ébène. Son regard est devenu sombre. Mais en même temps, elle cherche à se montrer plus sexy. Ce qui explique sans doute le titre de son long playing. Pour enregistrer ce disque, elle a reçu le concours de ses musiciens locaux, dont le fidèle Davide Floreno, à la guitare rythmique.
L’album s’ouvre par le titre maître. La slide est généreuse. Les sonorités sont torturées, triturées par le recours fréquent à la pédale de distorsion. Les riffs sont puissants. Les interventions à l’orgue de Harri Taittonen accentuent cette impression. Perso, le travail opéré sur les voix féminines ne me botte pas trop. Erja a changé de look mais aussi de style. Si elle s’inspire toujours du blues, les sources ne sont plus aussi claires. S’il n’y avait l’échange entre la slide époustouflante et l’orgue Hammond, dont les tonalités insolites apportent un bon coup de fraîcheur, "Don't let a good woman down" serait une plage sans grand intérêt. "Crowes at your door" baigne au sein d’une ambiance mystérieuse, éthérée. Le tempo est lent. Tous les instruments sont bien en place ; et en particulier les cordes acoustiques, le piano électrique et l’harmonica, dont le souffle gémit en toile de fond. Erja doit être amoureuse. Communiquant un sentiment de douceur infinie, "Bed of roses" est une ballade bercée de violons et violoncelles. Elle y échange de tendres vocaux en compagnie d’un invité, Marco Hietala. Blues/rock de bonne facture, "Bird" s’appuie sur une solide ligne mélodique. Et toujours pas d’agressivité manifestée chez Miss Lyytinen tout au long de "Gilmore", une autre gentille ballade tramée dans les cordes. Cette douceur empreinte de mélancolie se prolonge lors de l’éthéré "I think of you". Du blues, quand même, sur le subtilement rythmé "Oil and water". Avant qu’Eerja nous revienne plus voluptueuse et envoûtante que jamais, lors d’un fragile "Can't fall in love", caractérisé par un solo aussi brillant que délicat. Enchanteresse, la slide refait surface sur le vibrant "One thing I won't change", une compo pop/rock de toute bonne facture. Et la fin de parcours de se consacrer à des folk songs, à l’instar de "Soul of a man" ou "Place like home". Manifestement, cet album marque un changement radical d’orientation chez Erja. Dans ces conditions, ses plus fervents adeptes risquent d'être déçus…