Rafter Roberts est un drôle d’animal, dont le parcours est plutôt contradictoire. Impossible, en effet, de déceler une direction claire dans sa nouvelle collection de morceaux aussi hétéroclite que réussie. Succédant au très moyen « Music for Total Chickens », sorti en 2007, « Animal Feelings » constitue le 5ème album de Rafter Roberts. Un artiste friand d’expérimentations. Issu de San Francisco, il est également producteur. Il a signé chez Asthmatic Kitty, la maison de disques de Sufjan Stevens (pour le compte duquel il est également ingénieur du son). Ne se refusant aucune folie, son cœur balance constamment entre Cody Chesnutt, Justin Timberlake, les Jackson 5 et Phoenix, sans avoir peur de faire le grand écart ou de déraper dans le mauvais goût. Auto-tune R&B sur « No Fucking Around » ou basse funk sur « Feels Good », il mélange les genres comme le Beck de la grande époque (flagrant sur des titres comme « Fruit » ou « Feels Good »). Si le mélomane pourrait, dans un premier temps, se perdre dans les dédales de son inspiration, il reviendra rapidement sur terre à l’écoute de l’imparable single « Timeless Form, Formless Time ». Une pépite pop à faire danser les filles dans l’esprit ‘nerd’ de Hot Chip: ‘I’ve never heard this before / ‘Cept for the part where I say / Get your ass out on the floor’. Bercé par ses rythmes africains chaloupés, le très dansant « Paper » s’en tire également haut la main.
Difficile d’accès à première écoute, « Animal Feelings » est une œuvre étrange, inégale et kitsch ; mais captivante et agréable de bout en bout.