Joel Plaskett est une figure emblématique de la scène indie canadienne. Inconnu en Europe, il était le leader, chanteur et guitariste des mythique Thrush Hermit. Depuis une dizaine d’années, il mène une carrière solo. Une carrière couronnée de succès, puisqu’il a remporté de nombreux prix dans son Canada natal (Juno Awards, Polaris Music Prize et East Coast Music Awards). « Three To One » est une sorte de synthèse de son triple elpee, « Three », publié en 2009. Treize titres, sur les 27, en ont été extraits pour figurer sur cette compile. Les morceaux figurant sur ces trois disques étaient baptisés, pour la plupart, sous la forme de la triple répétition d’un mot (« Deny, Deny, Deny », « Run, Run, Run » ou « Precious, Precious, Precious », par exemple)… Ce programme dogmatique était-il un peu vain ?
Les compositions de Joel Plaskett naviguent entre l’americana classique (« Deny Deny Deny ») et la country introspective (le superbe « New Scotland Blues »). Majoritairement acoustiques, ses morceaux échappent toutefois à un trop grand classicisme grâce à de petites touches personnelles : les chœurs féminins omniprésents, le violon country sur « Deny, Deny, Deny », la trompette Motown sur le magnifique « Through, Through, Through » ou l’ambiance celtique de « Sailors Eyes ». Dans l’esprit des Hold Steady ou de Whiskeytown, Joel Plaskett s’inscrit dans la lignée des artistes évoquant les grands espaces nord-américains. Malgré sa tendance à tracer sa route musicale sur des chemins déjà arpentés, il n’oublie pas d’insuffler des mélodies de qualité évitant à l’ensemble de sombrer dans la facilité. Le songwriter canadien mélange habilement les morceaux rock et les ballades acoustiques, en y injectant une réelle sincérité. Les fans de Bruce Springsteen, Neil Young et Wilco devraient apprécier cet artiste particulièrement talentueux…