Stornoway est un nom bien écossais pour un groupe bien anglais (NDR : le premier affront est fait). Le quatuor nous vient d’Oxford (non, pas Radiohead, n’y pensez même pas) et a signé en mars dernier chez 4AD pour un premier opus qui promet de raviver la scène rock/pop britannique réellement indie.
« Beachcomber’s Windowsill » incarne l’hétéroclisme : en quelques mesures seulement, on se trompe trois fois en croyant cerner le genre –encore une petite bulle pop à la Vampire Weekend ?– ah non, voilà des chœurs substantiels qui apparaissent furtivement pour nous laisser coi, puis une trompette (les cuivres sont remis au –bon– goût du jour depuis peu, même dans le monde de la légèreté !) et oh, une harmonie jazzy esseulée mais manifeste, modulations surprises ci et là qui cassent ainsi la rigidité structurelle. L’album continue en ballades plus folk que rock, en un air quasi pastoral (l’orgue électrique sur « Fuel up »). Ensuite, l’apogée du disque, déjà, le magnifique « The Coldharbour Road », qui, avec son début brumeux ‘triolique’ violon-piano-voix railleuse dont la douceur rappellera Gomez, entre en rythme après un couplet pour s’élancer dans des rêves vaporeux plus consistants. On se dit que Brian Briggs, Jon Ouin, Oliver et Robert Steadman en sont à leur comble compositionnel… mais l’on se méprend à nouveau : dans un autre registre « Boats and Trains » offre aussi une émulation absorbante, tout en progression comme chaque piste de ce 11 titres. Etrangement, aucun de ces deux morceaux n’est l’un des trois singles déjà publiés. L’elpee passe ensuite à du country minimaliste aux arrangements scintillants comparables aux Dodos (« We Are the Battery Human », « On The Rocks ») et semble malheureusement s’évanouir sans nous rassasier entièrement.
Que l’on pense aux instruments légèrement cahoteux de Brendon Benson à ses débuts ou aux battements chaotiques de Blur (« Watching Birds »), Stornoway offre un mélange agréablement bringuebalant mais pas mal ficelé, où chaque piste évolue de manière complètement inattendue et où chaque ornement jazzy ne tombe jamais dans le funk lourd. De la légèreté, il y en a, mais l’excès nuit à tout… Néanmoins, l’album –qui a atteint la 14ème place des charts britanniques dès sa sortie– attisera la curiosité et ses jeunes membres méritent qu’on attende leur prochaine publication.