Producteur talentueux, Matthew Dear pourrait être considéré comme le chaînon manquant entre Brian Eno et James Murphy. S’il se cache le plus souvent sous le pseudonyme Audion, cet électronicien marqué par les influences techno minimales, mais aussi ‘made in Detroit’, peut se targuer de posséder une discographie haute comme la tour de Babel. Ses remixes, Ep’s et compilations parlent pour lui ; et depuis 1999, le nom du Texan s’inscrit comme une référence au sein de la sphère électro. Son cerveau jamais épuisé, Matthew Dear opère son grand retour après avoir publié l’excellentissime « Asa Breed », un elpee paru en 2007, sous son véritable nom. « Black City », son dernier long playing, est radicalement l’album le plus sombre de Dear. Concocté à New York, il aurait parfaitement pu servir de B.O. à ‘Ghotam City’. Mais pour l’Américain, il ne s’agit que du titre de son nouvel opus et il n’existe aucune ville fictive dans son imagination. C’est donc un Matthew Dear complètement métamorphosé par son séjour à Brooklyn qui nous offre des compositions denses, riches en émotion et soutenues par ses vocalises graves. Bref, une rondelle qui régale par ses nombreuses pépites. Les poils se dressent et les frissons parcourent un corps en ébullition sur des titres tels que « Monkey » ou le sensationnel « Gem ». L’électronicien nous plonge au sein d’un climat intense, mais ténébreux. Les sonorités sont épurées et racées. La production est comme toujours d’une qualité impeccable. Ce qui explique que ce nouvel essai de Matthew Dear s’installe tout naturellement, dans le haut de mon classement des meilleurs albums, pour l’exercice 2010 ! Et c’est amplement mérité !