« How To Hunt A Deer » est un album franco-british : français d’origine, british pour le son et l’expatriation provisoire. C’est à Nottingham que se forme le groupe Nezza, qui rentre à Paris et devient Kalamazoo en 2006. Après avoir publié un premier Ep intitulé « 101 Radford Boulevard », sorti en Angleterre, le groupe produit chez No Clappin!, « How To Hunt A Deer », un mini elpee 8 titres.
Le disque recèle une certaine force, il va sans dire, mais c’est une force que l’on connaît, que l’on sent empruntée. Il commence maladroitement par « Interpolis » qui nous rappelle incontestablement… Interpol, et surtout Bloc Party dans l’énergie ainsi qu’un Mud Flow simplifié. Les riffs de « Take it » peuvent être apparentés aux Killers, le « Void » plus féroce, aux Kings of Leon. Si le tout possède malheureusement des accents de démo, quelques caractéristiques sauvent la mise : le poignant « Change Order », qui mixe Soundgarden et (les jeunes) Radiohead, est de ces longues plages qui accrochent.
La voix semble encore chercher… sa voie : d’un timbre si particulier (doux et profond –comme chez les Doves– au puissant potentiel), le chanteur et leader de Kalamazoo, Imade Elbaraka, devrait cependant être capable de faire vibrer ses mélodies à son avantage lorsqu’il aura trouvé le style auquel sa voix se prête (et dans ce cas, il ne devrait pas hésiter à monter la balance de son côté).
« How To Hunt A Deer » respire l’effort de produire de belles mélodies originales et des sections de guitares alambiquées, mais si la forme y est, il manque le fond. On note les grandes influences, mais on souhaite que les Parisiens puissent sortir des sentiers battus pour créer leur propre chemin. Le quatuor est également à la recherche d’un label et l’on espère que ce ‘luxe’ leur permettra de développer leur identité. En effet, si l’on s’accorde à dire ‘qu’ils sont bons’, la musique est dépourvue d’une Idée, d’un soulèvement d’émotion susceptible de conférer plus de crédit. Elle est dominée par un esprit de rock collégien expérimentant plusieurs basiques des années 1990. Elle le fait cependant bien. Aussi, on leur conseille humblement : ‘à vous, maintenant !’