Rédiger la chronique posthume d’un artiste n’est pas chose facile ; les propos seront peut-être atténués par le respect funèbre que l’on souhaite tout de même offrir. Souffrant d’un violent cancer du foie, Rowland S. Howard a donc quitté ce monde. Le 30 décembre 2009. Et il est difficile de savoir s’il était déjà malade lors de la production de « Pop Crimes » ; néanmoins, son dernier album est étrangement habillé d’inflexions sépulcrales.
Ex-The Birthday Party et The Boy Next Door (en compagnie de Nick Cave, jusqu’à ce que leurs deux egos les séparent), Rowland S. Howard était ce musicien australien connu pour ses talents d’auteur-compositeur qui a participé à une dizaine de groupes. Devenu un symbole du mouvement new wave londonien et berlinois pré-chute du mur, l’artiste ne se produisait plus que rarement sur scène. Essentiellement producteur, il vivait à Melbourne.
Si sa musique a été définie comme bruyante et son jeu de guitare bien spécifique, « Pop Crimes » est au contraire un album plus doux, en aucun cas excité, voire légèrement fatigué, même si le son reste certes brut et un brin expérimental. La basse est bien présente et consiste habituellement en point de départ de ses compositions ; les quelques distorsions métalliques offrent certains effets grinçants. On ne peut s’empêcher de penser à Jarvis Cocker à chaque piste de l’album, et de se remémorer la voix chevrotante de Bowie. Il s’agit donc d’un style en soi, où la richesse n’est pas à trouver dans l’harmonie et la tessiture, mais bien dans les arrangements, la personnalité, l’aura. Rowland S. Howard était aussi un poète –les paroles poignantes de ses chansons remettent les rimes au contemporain et leur simple lecture accroche les émotions. Vous approprier « Pop Crimes » signifiera autant plonger dans l’univers lyrique de l’artiste que lui rendre hommage à juste valeur.