Pas simple de se faire un avis sur le nouvel album de Shannon Wright ! Non, pas simple... Comme d’habitude, c’est une réussite. Une grande réussite. Mais le jugement devient plus ardu lorsqu’il s’agit de confronter « Let in the Light » à ses petits frères (dont le magnifique « Over the sun », en 2004). D’emblée, un constat : l’ouragan est passé, les marées se sont déchaînées. Aujourd’hui, l’horizon semble dégagé. L’heure est à l’accalmie. Et Shannon Wright se pose là, les doigts retroussés sur son piano. En découle un album surprenant, calme, mais traversé d’une immuable fièvre rock’n’roll.
Pour comprendre « Let in the light » et son côté serein, il convient de soulever le rideau, de passer en coulisse. Là, à notre plus grande surprise, Steve Albini (Nirvana, Pixies, etc.) n’est plus aux commandes. Pendant des années, la collaboration entre Shannon Wright et Steve Albini avait constitué une indéniable mine de créativité, prête à exploser au moindre coup de grisou. Cette fois, Steve n’est plus là. Alors voilà : l’univers écorché de Shannon s’est apaisé. Produit par Andy Baker, « Let in the Light » laisse entrevoir la face émotionnelle de l’artiste. Touchante (« Steadfast and true »), percutante par moments (« Don’t you doubt me »), Shannon Wright se présente sous un jour nouveau. Bouleversant, plus accessible aussi. « Let in the light » est un lumineux élan de nostalgie. Un album indispensable pour les fans de Chan Marshall, fortement recommandé pour tous les autres.