Ceux qui me connaissent le savent, il m’est quasi impossible d’être impartial lorsque l’on parle de !!!. Seulement, bien des choses ont changé entre la sortie de l’indispensable « Myth Takes » et de ce « Strange Weather, Isn’t It ? ». D’abord le départ de John Pugh. Une mauvaise surprise qui laissera Nic Offer sans l’essentiel binôme. Suivi d’autres désertions ; mais surtout la mort de Jerry Fuchs. Toute une série d’événements très susceptibles d’achever le moral de la troupe. !!! compte aujourd’hui 5 membres dont les indécrottables Nic Offer et Allan Wilson ainsi que Shannon Funchess qui remplace Pugh sur scène comme en studio sans jamais l’égaler. Le quatrième recueil de la formation est donc indiscutablement celui du changement. Et de prime abord, dur dur de s’y faire… Mais !!! a plus d’un tour dans son sac.
Enregistré à Berlin, « Strange Weather, Isn’t It » est le disque le plus pop de !!! concocté à ce jour. Offer et ses collègues ont opté pour plus de légèreté tant dans les textes que les arrangements. Souvent, la pilule passe sans effort (« Wannagain Wannagain » et son irrésistible ascension finale, « Steady As The Sidewalk Cracks » et son saxo obsédant, « The Most Certain Sure » et son ‘bridge’ tripant ou encore le délirant « Jamie, My Intentions Are Bass »). Parfois, elle coince (le refrain mollasson de la version studio de « AM/FM », l’inutile « Hollow »). Reste que !!! ne serait pas !!! sans une large dose de riffs funkys et de beats orgasmiques. S’il ne convainc pas instantanément, « Strange Weather, Isn’t It » est de ces disques qui tracent leur chemin vers les neurones à leur rythme et, une fois atteints, s’y installent confortablement. D’autant plus que ce quatrième essai contient le Tube, T majuscule, de !!!. « The Hammer », l’hommage suprême à Jerry Fuchs, construit tout crescendo, sera rapidement reconnu par les fans comme incarnant ce rouleau compresseur qui te retourne le public comme une crêpe, à chacune des prestations du quintet depuis quelques années déjà. Et ne serait-ce que pour ce morceau, l’un des derniers coécrit par Fuchs et accueilli en version studio comme le messie, il serait honteux de ne pas compter « Stranger Weather Isn’t It ? » dans sa discographie !(!!)