Seattle est situé au Nord-Ouest des Etats-Unis d’Amérique. Dans l'état de Washington, près de la frontière canadienne (NDLR : difficile d’être plus précis !). On y rencontre de multiples formations de blues. Dont le Crossroads Band. Son line up implique un noyau dur de vétérans locaux. Tout d’abord Steve Bailey. Ce chanteur, harmoniciste et circonstanciellement guitariste sillonne les routes depuis la fin des 60s. Flanqué de ses Blue Flames, il a joué en Europe et au Japon. Dennis Ellis, ensuite. Chanteur et saxophoniste. Il souffle comme un possédé dans son instrument. Big Jay McNeely et Eddie Cleanhead Vinson constituent ses influences majeures. Au cours des 70’s, il pratiquait déjà le jump et le swing, au sein du groupe drivé par le guitariste Chris Cain. Dan Newton, encore. Il chante, se partage plusieurs guitares et se réserve les claviers. Il a également milité chez les Blue Flames. John Lee également. Originaire de l’Alaska, ce bassiste a sévi dans le backing band de John Lee Hooker en compagnie de Charlie Musselwhite et au sein des Blue Flames. John Rockwell enfin. Il est préposé à la batterie. En bénéficiant du concours de musiciens aussi expérimentés, la qualité de la musique doit être bien présente. Et cet opus en est la plus belle démonstration. En 2005, le combo a décroché le titre de ‘meilleur band’ auprès de la Washington Blues Society. Avant de graver "I want it…..Right now", le Crossroads Band avait déjà commis un premier album éponyme. L'album révèle les différentes facettes de ce combo qui bénéficie de la présence de quatre chanteurs différents, évoluant dans des styles tout aussi distincts. L’originalité procède de cette particularité de proposer, sur pratiquement chaque plage, des joutes ou des combinaisons entre le saxophone et l'harmonica! Variée, la musique ne se confine pas au Mississippi, mais s’aventure du côté de Clarcksdale, près du célèbre carrefour sis entre les nationales 49 et 61 ou si vous préférez entre Memphis et Greenwood.
Steve se met à souffler à pleins poumons, à la manière de Sonny Boy Williamson II. Ce qui n’est guère surprenant puisque "Too young to die" est une de ses compositions. Les cordes de Dan vibrent immédiatement, pendant que le leader se met dans la peau de Rice Miller. Dans le style, la technique au vibrato est infaillible. Dan nous emmène à la Nouvelle Orléans pour chanter son "What's he got". Pour la circonstance, il s'est installé derrière le piano. Ses notes sont syncopées tandis que le honky sax de Dennis évolue dans un milieu naturel. Dennis chante "Depression blues", un late night blues. Son organe vocal est puissant. Au sein de cette atmosphère enfumée, Dan Newton signe une sortie spectaculaire, rappelant les grandes envolées de Michael Bloomfield. Steve revient sur scène pour diriger de sa voix déchirée un entraînant "Barefoot rock". Harmonica et sax se conjuguent, se défient et font de la surenchère. Le bassiste John Lee passe au chant pour interpréter "Mama and Papa", un R&B signé Earl King. Sa performance est digne de celle de ses compères. Tous les instruments sont bien en place. Les vétérans se déchaînent! L’album monte en intensité. "Follow me" met en exergue un duel de souffleurs sur fond d'orgue. Ressemblant étrangement à "Mellow down easy", "Long distance operator" consacre une rythmique irrésistible. Bailey est totalement bouleversant sur "Never leave me at home". Il s’époumone sur son harmo, avant que Dennis ne passe à la flûte traversière. Et on n’est pas au bout de nos surprises, car Mr Bailey saisit sa guitare slide et nous emmène dans un de ces Chicago shuffle dont il a le secret. Tout droit sorti des 50’s, ce "Mean & evil blues" est de la pure dynamite. Le sax et le piano sont de la fête. Un véritable bonheur! Les deux guitares paradent sur le rocker "Let me go" ; mais c'est Newton, poursuivi par l'harmo, qui s’illustre par son côté Otis Rush sur "I'm lost without you". Bailey est plus Leiber & Stoller que nature sur son "All night lovin' man". Cet opus d’excellente facture s’achève par le "Hot & cold" d'Albert Collins, une plage caractérisée par le sax ravageur et la guitare en picking, épilée à la manière d’un Collins, de Mr Ellis.