Un peu de géographie, tout d’abord. Connaissez-vous les Iles Féroé ? C’est un archipel sis au nord de l’océan Atlantique, à mi-chemin entre l’Ecosse et l’Islande. Un territoire appartenant au Danemark, mais autonome depuis la fin des années quarante. Les Iles Féroé sont tristement célèbres chez les écologistes et autres défenseurs de la nature. En effet, les féroïens organisent traditionnellement, chaque année, un véritable massacre de dauphins globicéphales. Pas bien !
Mais tout n’est pas horrible aux Iles Féroé. La preuve, c’est qu’elles comptent une toute petite communauté métallique. Une poignée de formations locales de qualité, dont la plus célèbre est Týr. Ce combo mené par le vocaliste/guitariste Heri Joensen défend, depuis dix ans déjà, les couleurs du viking métal féroïen.
Heljareyga est le projet solo de Joensen. Ce dernier a passé trois années à composer quelques pièces musicales sortant du cadre purement viking/folk métal de sa formation principale. Pour concocter ce premier album éponyme, il a reçu le concours de quatre jeunes musiciens, tous issus de la scène féroïenne.
Il faut bien avouer qu’à premier abord, la différence entre le viking métal de Týr et le métal progressif d’Heljareyga n’est pas flagrante. Heri Joensen possède une voix assez typique, proche du chant clair de Vintersorg (Vintersorg, Otÿg, Bork Nagar) voire de Simen Hestnæs (Arcturus, ex-Bork Nagar, ex-Dimmu Borgir), qu’il est difficile de ne pas associer à Týr. De plus, les lyrics d’Heljareyga, comme la plupart de ceux de Týr sont entièrement écrits en langue féroïenne, ce qui contribue à donner un petit air de famille aux deux formations.
Il faut prêter une oreille attentive à Heljareyga pour se rendre compte que, finalement, hormis les vocaux, les deux groupes sont assez différents. Heljareyga propose un métal à tendance progressive. Moins influencé par les mélodies folkloriques, mais beaucoup plus élaboré que celui de Týr. Les compositions sont longues et épiques (NDR : L’album est divisé en cinq plages dont la plus courte dure quand même 8’45). Comme c’est le cas chez Iron Maiden, Lynyrd Skynyrd ou autrefois Molly Hatchet, Heljareyga évolue sous la forme géométrique du triangle guitaristique. Trois six-cordistes (dont Joensen lui-même) se partagent les attaques multicouches intenses et les soli travaillés. Les compositions alternent les cavalcades épiques, rapides et les passages plus calmes. Bien que Joensen s’en défende, on peut tout de même discerner quelques influences folkloriques dans la musique d’Heljareyga (NDR : les lignes de guitare et la mélodie de « Regnid », par exemple lorgnent vers la musique celtique). Pas vraiment transcendant à la première écoute, « Heljareyga » finit par envoûter pour peu que l’on prenne le temps de s’y intéresser en profondeur.