Robert Pollard est un artiste prolifique. Il est cependant surtout devenu notoire pour son aventure vécue à la tête de Guided By Voices, entre 1983 et 2004. Un fameux bail ! Depuis, il multiplie les albums solos, les projets et les collaborations. Il doit avoir commis 12 albums lors de ces 2 dernières années, sans compter les singles, Eps et compiles en tous genres. Il a écrit la bagatelle de 1300 chansons, au cours de ses 25 dernières années de carrière. Excusez du peu ! Le souci, c’est que certains disques sont tellement expérimentaux, qu’ils passent complètement inaperçus. Heureusement, en solitaire (NDR : pas tout à fait, puisqu’il est alors épaulé par le drummer/producteur Todd Tobias), ses opus se révèlent bien plus consistants.
Robert aime le Who, Peter Gabriel, le punk et la prog. Il le concède. Des goûts qui l’ont influencé et l’influencent toujours. Il accorde un soin tout particulier au sens mélodique de ses chansons. Quand ce sont des chansons, bien sûr. Ce qui est bien sûr le cas tout au long de « Moses on a snail ». Elles peuvent même se révéler contagieuses. A l’instar de « Each is good in his own home ». Découpé en 12 plages, son dernier long playing baigne au sein d’un climat plus ténébreux, même si Pollard n’a pas perdu son sens de l’humour (le chacha/rockabilly « Big time wrestling »). Tout au long de ce disque, il alterne ballades et compos plus vivifiantes (l’excellent « It’s news » trempe même dans le punk tumultueux), parfois à la limite du hard rock (riffs lourds assénés sur « Lie like a dog » et percutants réservés à « In a cold war », dans l’esprit du « Who's Next » de la bande à Daltrey). Un spectre du Who, mais davantage proche de l’opéra rock « Tommy », hante également « Arrows and ballons ». Trois titres s’écartent cependant de l’ensemble. Tout d’abord l’élégiaque « Teardrop Paintballs », un morceau sculpté dans la lo-fi acoustique. L’épique, presque prog, « A constant strangle », ensuite. Puis en final, le titre maître. Dramatique, majestueux, il est parcouru d’un solo de guitare brûlant, digne du Blue Oyster Cult dans sa phase la plus classique. Bref, un album de bonne facture, mais sans surprise pour Robert Pollard.