En Norvège, le soir venu, chacun apportait son bout de bois ou ses brindilles, au choix. Les flammes montaient, la fumée se dévoilait et les premières cendres se répandaient dans l’air, flirtant avec les mots mélancoliques de la belle Ane Brun. Sur les rebords du brasier, en chœur, nous chantions ses belles complaintes, piquées sur deux albums divins (« Spending Time With Morgan » et A Temporary Dive »). Le cul dans l’herbe, la tête dans les étoiles, nous restions là, célébrant le songwriting dépouillé et intimiste d’Ane, ensorceleuse discrète, chanteuse talentueuse. Nous la respections pour ses chansons et ses compagnons d’aventure : Ron Sexsmith, Tobias Fröberg, The Tiny, Teitur, Madrugada, Syd Matters et tous ces gens qui, comme nous, admiraient le folk délicat de cette Norvégienne au yeux bleus.
Cette fois, oublions les feux de bois… Ane Brun habille ses chansons d’une section de cordes et se lance dans une tournée scandinave. Allez hop, tous dans le van : en route pour Uppsala, Stockholm, Trondheim ou Oslo à la découverte de ces nouvelles versions ! Assistée par la compositrice danoise Malene Bay Landin (ce nom !), Ane Brun revisite ses compositions et enregistre chaque spectacle accordé. « Live In Scandinavia » laisse entrevoir la fragilité de ses plus beaux morceaux (« My Lover Will Go », « Are They Saying Goodby » ou « Song N°6 »). Le temps d’un concert à Stockholm, Ane Brun s’approprie même les mots de Jeff Buckley (« So Real ») et de Polly Jean Harvey (« The Dancer »). Un disque envoûtant, à savourer par ces doux matins de déprime.