Dans l’histoire de la musique rock, Peter George St. John le Baptiste de la Salle Eno (appelons-le Brian) est un artiste mythique. Un arrangeur, concepteur, producteur et musicien hors du commun. Un personnage incontournable, si vous préférez. Son cv est long comme une encyclopédie. Les points d’orgue ? Lorsqu’il a bossé en compagnie de David Bowie, pour sa trilogie berlinoise ou encore les Talking Heads. Sans oublier le début de l’aventure Roxy Music. Il en existe bien d’autres ? Evidemment, mais si je commence à étaler sa biographie, on n’est pas sorti de l’auberge.
Sa récente signature chez Warp est quand même très surprenante. Bien sûr, le label Warp et Eno partagent pas mal de visions musicales. Mais avait-il vraiment besoin de choisir cette écurie ? Coup de pub ? Bref, la question reste posée ; mais venons-en à l’essentiel : ce nouvel opus.
D’autant plus que le fruit de la rencontre entre Warp et Eno, cueilli sur « Small Craft On A Milk Sea », est une totale réussite. En 2008, flanqué de son pote David Byrne, il avait décidé de creuser à nouveau dans ses expérimentations sonores explorées dans le passé, notamment sur le très bon « Everything That Happens Will Happen Today ». Dans l’ambient, si vous préférez. Pour y parvenir, l’Anglais a invité deux artistes prometteurs. Tout d’abord le pianiste Jon Hopkins. Ensuite le guitariste Leo Abrahams. Et le résultat est tout à fait probant.
Un opus partagé entre compos empreintes de douceur (« Emerald And Lime »), tortueuses (« Complex Heaven ») ou dynamisées par des beats rudes et intenses (« Flint March », « Horse »), paradoxalement très significatifs chez Warp. Et lorsque notre esprit se perd sur des nappes au delay retentissant, c’est pour rejoindre les ondes irradiantes dont seul Eno a le secret (« Written, Forgotten »).
Un disque remarquable de bout en bout et d’une efficacité diabolique, démontrant que malgré ses 62 piges, Sir Eno n’a toujours rien perdu de sa science ni de son talent…