Son dernier album solo (You My Baby And I) datait de 1998. Autant dire un sacré bout de temps pour un artiste qui adore bosser et n’est pas vraiment réputé pour son laxisme artistique. Et comme Alex Gopher est encore moins réputé pour sa conventionalité, il a carrément décidé de fêter son retour en studio par un (nouveau) changement de style. L’idée : délaisser les platines pour céder à des sonorités beaucoup plus rock. Après avoir réalisé un album purement électronique sous le nom de Wuz, le gaillard s’est mis à réfléchir, puis à fléchir devant l’appel des guitares et des batteries, en profitant, au passage, des conseils de son ami Etienne de Crécy pour se lancer dans le chant. Le sampler étant devenu trop routinier dans sa vie, il s’est tout simplement mis en tête de revenir aux saveurs de base de la musique.
Du coup, forcément, on est légèrement perturbé. Ce virage brusque ne provoque certes pas de carambolage, mais il suggère une question : aurait-on été aussi tolérant s’il n’était pas signé Alex Gopher ? Optons pour une réponse claire : oui et non. La qualité est au rendez-vous à travers la plupart des titres, que ce soit dans le sautillant Brain Leech ou le tonitruant Carmilla, deux tubes programmés pour concilier les fans de la veille et les dancefloors d’aujourd’hui. Ajoutez-y l’ombre bienfaisante du groupe Air (Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin ont mis la main à la pâte) ou la brise apaisante nommée Helena Noguera, et vous obtenez la recette parfaite du retour en force et en forme. Mais il y a un hic : on s’ennuie. Ecouter l’album en une seule traite relève du défi, tant monsieur Gopher dénigre la cohérence et choisit trop souvent la formule ‘je vous remue les pieds, puis je vous invite à la sieste’. Ce premier album en tant que chanteur-auteur-compositeur mérite donc le coup d’oreille, à condition d’aimer les cocktails caféine-tisane.