Comme le nom du groupe l’indique, ces Caennais doivent faire partie des ces punk rockers appréciant les rythmiques chaloupées du reggae. Ou plutôt du dub… Aux roucoulades romantiques du ‘rocksteady’ (pour lesquelles on avouera un faible), les Français préfèrent les vibrations profondes du dub, tel qu’il était pratiqué à l’acmé du roots reggae : minimal et noyé sous les ‘reverbs’ à ressort. Pour concocter leur deuxième disque, les Guns of Brixton ont mélangé mélodies et guitares inquiètes du post rock (en y ajoutant un soupçon de hardcore et de rock gothique) aux gimmicks rythmiques et soniques du reggae. Hormis le lumineux « Sachem in Russia », l’atmosphère est pesante. Le ton est donné par « Devant leurs yeux », un instrumental épinglant le témoignage d’une rescapée de l’holocauste. Le reste est à l’avenant ; et on déplorera un certain manque d’humour, comme sur le titre « 911 » ou l’incongru « 8 minutes en Corse ». Ce recours systématique aux extraits de discours tirés de films ou de journaux télévisés finit, à la longue, par devenir lassant… Reste un savoir-faire prometteur dans la confection d’objets sonores intéressants, comme lors de l’introduction apocalyptique du bien nommé « Train fantôme ». On conseillera donc cette œuvre aux fanatiques de post rock ; les mordus de reggae risquant de ne pas y trouver leur compte.