Le 14 janvier 2004, Terje Bakken, alias Valfar se dirige à pied vers la cabane isolée que possède sa famille dans le village de Fagereggi (Norvège). L’imprudent promeneur n’atteindra jamais sa destination. Coincé toute la nuit en pleine tempête de neige, il succombe aux attaques du terrible hiver norvégien. Ce fait divers tragique aurait probablement été oublié depuis longtemps s’il n’avait pas été à l’origine de l’épilogue de la saga de Windir. Car, avec Valfar disparaissait le membre fondateur, le vocaliste et l’accordéoniste de ce fabuleux groupe folk/viking métal norvégien.
Peu enclins à continuer l’aventure sans leur leader historique, les autres membres du groupe dissolvent Windir. Trois d’entre eux fondent alors Vreid (NDR : colère en norvégien). Les deux premiers opus « Kraft » (2004) et « Pitch Black Brigade » (2006) recèlent encore quelques réminiscences des atmosphères païennes caractéristiques de Windir. Elles sont toutefois associées à la brutalité du ‘true norvegian black metal’ ainsi qu’à un groove plus typiquement trash métal. Les lyrics sont chantés en norvégien ou en anglais et traitent de sujets historiques. Le troisième album « I Krieg » est publié en 2007. Les paroles sont cette fois inspirées de poèmes écris en 1946 par un membre de la résistance norvégienne appelé Gunnar Reiss-Andersen. Ce thème de la résistance norvégienne (NDR : celui de la seconde guerre mondiale) est à nouveau abordé dans l’album « Milorg » de 2009. Le style de Vreid s’éloigne peu à peu de celui de Windir. Les épopées nordiques hivernales font désormais place à un black métal guerrier et rageur. Vreid y inclut cependant des influences aussi variées que le trash, le progressif et le rock seventies. « Milorg » devient le plus gros succès commercial du groupe.
Entièrement produit par le bassiste Jarle ‘Hváll’ Kvåle, « V » s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur. Avec une surprise de taille tout de même : alors que son line-up n’avait jamais changé depuis sa formation en 2004, Vreid introduit ici un nouveau six-cordistes. Nouveau, mais pas inconnu puisqu’il s’agit de Stian ‘Strom’ Bakketeig, un autre ex-Windir. En 2011, Vreid est donc composé à cent pour cent d’anciens membres de Windir.
En bon quatre-cordistes, Hváll ne s’est pas oublié dans le mix. Sa basse percutante, apporte une dynamique maximale aux compositions les plus violentes. Mais ce qui frappe le plus à l’écoute de ce cinquième opus des Norvégiens, c’est la diversité de styles quasi fourmillante que dégagent les guitares, les riffs trash énormes, les breaks acoustiques, les accélérations typiquement black extrêmes, le groove seventies, les cassures progressives, et surtout, les soli superbes inspirés par le métal classique des années quatre-vingt. Les vocaux de Sture, écorchés à souhait rappellent l’appartenance du groupe à la scène extrême norvégienne. Ils sont, à de rares occasions, soutenus par un chant clair tout à fait adéquat.
Plus que les genres, Vreid mélange ici les époques. Les années 70, 80 et 90 sont réconciliées sur un disque au son puissant et moderne. Un boulot superbe ! Valfar, là haut, est probablement fier de ses amis.