Après « Chambre avec vue », énorme succès concocté en compagnie de Keren Ann et Benjamin Biolay, l’attachant Henri Salvador revient avec ce « Révérence » tout aussi décontracté. Un opus enregistré entre le Brésil, les USA et la France. Bardé d’invités de marque (le percussionniste de Miles Davis, Mino Cinelu, au mixage, Gilberto Gil et Caetano Veloso pour des duos), l’atmosphère indolente de « Révérence » oscille en ballades jazzyfiantes et ambiances sud-américaines. Si l’instrumentation fait la part belle à l’acoustique, la production a mis les petits plats dans les grands : un grand-orchestre accompagne la petite formation jazz (guitare, piano, contrebasse, batterie) qui constitue l’ossature des chansons. Excepté l’énergique « L’amour se trouve au coin de la rue », couverts d’accents jazz chicagolais, le tempo général est très lent et renforce l’atmosphère mélancolique du disque dont l’apogée est atteinte sur le beau « Tu sais je vais t’aimer ». Moins crucial que son illustre prédécesseur, « Révérence » manque peut-être de chansons marquantes pour susciter une adhésion sans faille ; mais parvient malgré tout à faire passer un agréable moment en compagnie d’un artiste qui mérite le plus grand respect.