On connaissait le bonhomme un peu neurasthénique, pour l'avoir déjà fréquenté quatre albums durant sous le pseudonyme de Third Eye Foundation. Avec ce cinquième opus signé sous son propre nom, Matt Elliott semble s'être encore un peu plus enfoncé dans la mouise et le brouillard, celui duquel surgissent nos pires cauchemars. Cette fois, plus de breakbeats désossés, de BPMs affolés : sa musique, partagée entre silences pesants et ambiances mortifères, se fait de plus en plus menaçante. Des voix dépressives résonnent tandis qu'un piano déglingué expire son dernier souffle (" The Mess We Made "). Une boîte à musique achetée aux puces grésille sous la poussière d'une vielle rengaine malsaine (" Let Us Break ") . Des guitares malades étirent leurs arpèges dans la douleur (" The Dog Beneath The Skin "). De vieux marins chantonnent une complainte suicidaire pendant que leur bateau coule (l'effrayant " The Sinking Ship Song "). Un banjo fantôme précipite tout espoir dans un ravin sans fond (" Forty Days "). " The Mess We Made " fait partie de ces albums qui donnent la nausée, tellement l'atmosphère y est glauque. A la fin, quand le disque s'arrête, on respire. Voilà un album d'une tristesse insondable, aux couleurs sépia et aux sonorités délavées : un peu comme ces spectres qui hantent le purgatoire en attendant de retrouver leur âme.