Derrière Watine musardent Catherine Watine, chanteuse française, et son compagnon de jeu Nicolas Boscovic. Le duo est entré sur la scène rock indie en 2006, en publiant l’album « Dermaphrodite », et a renforcé sa présence par « B-Side Life » en 2009. A peine un an plus tard, ils nous reviennent en nous plongeant dans l’univers organique, cinématographique et très personnel de « Still Grounds for Love ».
Dans le souffle d’un vieux vinyle, l’opus débute par un conte joliment progressif (« The Story of That Girl ») bercé par une ballade pop rock harmonieuse. Si les thèmes abordés semblent féminins (voire féministes), ils relèvent plus d’une philosophie personnelle et universaliste : « Connected Queen » aborde la Femme dans un son doucement expérimental insufflé de cordes qui octroient la même délicatesse que notre Raymondo national, d’autant plus par le xylophone qui conclut le morceau, rejoint par un piano, ouvre « The strings of my fate » dans l’intimité d’une boîte à musique en rythme de valse. Ce sont aussi des éléments tels que la résonance des ivoires ou de sabots sur les pavés qui confirment le monde féérique dans lequel Watine développe son savoir musical. Mais les synthétiseurs –fantomatiques, certes– nous rattrapent (« Trying to »), notamment en mode clavecin électrique sur « Books & Lovers » ; et si l’on replonge ci et là dans le sombre monde de Tim Burton, l’histoire mène toujours à une éclaircie et revient systématiquement à un confortable cocon. La voix étrangement masculine qui chuchote les mélodies dans son monde intimiste pourrait nous faire penser au petit frère de Keren Ann. « Strong Inside » reste dans la mélancolie et souligne l’impression baroque de l’album. Watine ne s’immobilise cependant ni dans le niais ni le contemplatif : leur plénitude est prouvée par l’intelligence compositionnelle de certains titres (le rythme décalé d’« Architect ») et le son brut qu’ils s’approprient très bien également (« Le cours de ma vie »).
Watine dépeint son univers par une electronica organique, à l’aide d’un son parfois analogue à celui exploré par Imogen Heap, dans une profusion d’arrangements réalisés avec maturité.