Ce chanteur/harmoniciste est déjà un vétéran, puisque ses débuts discographiques remontent à 1976. Son premier album personnel, "Rockinitis", est paru en 1981. Il a été très longuement un proche des frères Ford, Robben, Pat et Mark, en compagnie desquels il a beaucoup enregistré pour leur label Blues Rock It. Saluons donc ici le retour d’Andy Just, flanqué de ses amis italiens.
Andy est un des grands souffleurs californiens. Il est sans aucun doute moins notoire que Rod Piazza, Charlie Musselwhite, Kim Wilson, Mark Hummel ou Rick Estrin, mais il n’empêche que l’homme jouit d’un talent certain. Lors des sessions d’enregistrement de "Preaching the blues", il a reçu le concours du guitariste Donnio Romani, du bassiste Charles Romagnoli et du drummer Emmanuel Zamperini.
L’elpee s’ouvre par une plage acoustique, "You’re so fine". Un classique caractérisé par le jeu efficace, limpide, efficace d’Andy. Instrumental, "Wild cat" est imprimé sur un tempo soutenu. La capacité pulmonaire de Just est hors du commun. Les cordes commencent à s’amplifier. Blues lent, "Driftin’" est une nouvelle fois marqué par ce souffle extraordinaire, déchirant, beau à pleurer. Dommage que le chant ne soit manifestement pas de la même trempe. Faut dire qu’il filtre sa voix à travers un micro astatique. Lors de ces trois premières plages, son ami texan, Shawn Pittman, était présent dans le studio. Blues enlevé, "I’m gonna change" adopte une recette souvent utilisée par Howlin’ Wolf au sommet de son art. Andy remet le turbo pour "I was walkin’". Romano est passé à la slide. Tout au long de ce blues rock efficace, le rythme est offensif. Andy est un adepte de l’overblowing. Il étale ses nombreuses notes à la manière d’un Jason Ricci ou de Jon Popper du Blues Traveler. "I am a loner" demeure très rock. Tout semble si simple, mais le résultat est probant. Andy et Donnio s’échangent quelques coups de feu redoutables. Romani est un tout bon gratteur. Il est très à l’aise sur la slide. Et il le démontre sur la plage éponyme, un morceau instrumental de bonne facture, caractérisé par ses changements de rythme. Shuffle, "Love you baby" est parfaitement balisé par les partenaires italiens. La voix est autoritaire et passe bien la rampe. "Andy’s boogaloo" permet de solides échanges entre les deux solistes. Faut dire qu’ils sont habitués à partager les mêmes planches. Pugnace, cette solution sonore lorgne quand même vers le rockin’ blues de Mick Clarke (NDR : c’est un Anglais !) Même type de voix, mais moins de boogie et plus d’harmo. Et cette constatation se vérifie à nouveau sur "Shake", une compo dont les accords tranchants de guitare nous prennent littéralement à la gorge. "Hey little girl" maintient l’étreinte. Un blues rocker marqué par la griffe d’Elmore James. Jusque la fin de l’elpee le tempo ne faiblira plus. Que ce soit à travers le solide boogie "Devil’s hand", et puis la finale instrumentale "Flyin’ high".
En quelques mois, le label Feelin’ Good Productions a permis à ce remarquable souffleur californien de nous servir deux excellentes plaques : le double live "Smokin’ tracks" et ce "Preachin the blues". A ce titre, on ne peut que le féliciter.