Il y a trois ans, Henri Salvador faisait un come-back fracassant, à… 83 ans. Alors que tout le monde le donnait pour mort, le vieux crooner au rire (et au physique) simiesque explosa les hits parades avec " Chambre avec vue ", disque de la renaissance et de la reconnaissance, porté par l'écriture raffinée d'un duo de jeunes songwriters alors méconnus, Keren Ann et Benjamin Biolay. Autant dire que Salvador n'allait pas changer son fusil d'épaule (ni passer l'arme à gauche) pour ce nouvel album, en tous points semblable au précédent, mais sans l'effet de surprise. On y retrouve donc tout ce qui plaisait sur " Chambre avec vue " : cette voix douceâtre de vieux chanteur à l'esprit mal tourné, ces atmosphères délétères de cabaret bossa/jazzy, ces textes emprunts d'une poésie surannée, ces arrangements patinés, bref des " flonflons " dans lesquels Salvador, sénile dragueur d'opérette, ‘jette son cœur déchiré’ (" Quand un artiste ") avant de reprendre une dernière fois son souffle. C'est bien joli, sauf qu'on n'y croit plus trop, à toutes ses simagrées douces amères : le vieux a beau chanter des mots d'amour, on l'imagine de plus en plus mal en bourreau des cœurs. Dans un hospice, à la limite.