Johnny Cash, (1931-2003), la star authentique de la country music, vient de tirer sa révérence. Celui qu'on qualifiait de "Man in black" a enregistré plus de 1.500 chansons et a vendu plus de 50 millions d'albums. Il figure à la fois au Country Music Hall of Fame et Rock Music Hall of Fame. Il y rejoint Elvis Presley. Cette collection est parue peu de temps avant sa mort. Elle réunit treize artistes plus ou moins impliqués dans le blues qui reprennent une de ses chansons.
Northern Blues Music est un label canadien. Il n'est donc pas étonnant que la production soit réalisée par un artiste canadien : Colin Linden. Et il revient à d'autres Canadiens, Paul Reddick et ses Sidemen, d'ouvrir cet opus. Par un "Train of love" d'excellente facture. Très blues, cette compo met en exergue le piano de Richard Bell, le dobro de Colin Linden ainsi que la voix et l'harmonica de Paul Reddick. Epaulé au chant par Benjy Davis, Clarence Gatemouth Brown inocule un ton western swing jazz à "Get rhythm". La sortie de Gatemouth à la guitare y est superbe. De nombreuses chansons de Johnny Cash étaient moulées dans le country folk. Un style aisément convertible en folk blues. Miss Maria Muldaur réalise cette opération sur "Walking the blues", en s'appuyant sur la guitare du folksinger Del Rey. Alvin Youngblood Hart également. Pour le très intimiste "Sunday mornin' comin' down", une chanson signée Kris Kristofferson. Chris Thomas King ensuite. De sa 12 cordes, il interprète le classique de Leadbelly, "Rock island line". Dans ce registre la simplicité fait merveille. A l'instar de "Redemption". Corey Harris accommode ce fragment à la sauce jamaïcaine, en l'épiçant du djembe de Farrell Rose ainsi que des chants afro de Davina et de Davita Jackson. Enfin de "Long black veil". Un morceau enrobé de forts jolis chœurs, sur lequel Harry Manx apporte une coloration indienne. D'autres musiciens traitent la musique de Johnny Cash d'une manière roots. Garland Jeffreys s'illustre sur "I walk the line", une chanson tramée sur un accordéon et des guitares acoustiques. Kevin Breit, un des potes de Harry Manx, sur l'instrumental "Send a picture of mother". Il y joue de la National steel, de la clarinette, de la mandoline, de la mandola, du mandocello et de la slide. Excusez du peu ! Sleepy Labeef n'est pas un bluesman mais un digne représentant du rockabilly. Et c'est sous cette forme qu'il resculpte "Frankie's man Johnny". Mais venons-en aux artistes canadiens. Blackie & the Rodeo Kings est un super groupe local réunissant Colin Linden, Tom Wilson et Stephen Fearing. Ces songwriters réalisent une cover, ma foi, fort originale du célèbre "Folsom Prison blues". Colin Linden se réserve "Big river". En finale, Mavis Staples chante le grand classique "Will the circle be unbroken". Elle se rappelle alors l'époque où au cœur des Staple Singers, elle rejoignait Johnny et sa femme June Carter au Grand Ole Opry de Nashville, capitale de la country…