A contrario de revues comme 'Blues & Rhythm' et 'Juke Blues', 'Blues in Britain' constitue le mensuel anglais de blues qui milite en faveur de la scène locale. En fait, il a succédé à 'Blueprint', un magazine qui a porté haut et durant une décennie le flambeau du british blues. Au cours des dernières années, la revue nous a proposé une collection miroir de l'activité locale, une collection réservée aux seuls abonnés, et donc impossible à se procurer dans des points de vente habituels. Pour 2002, on y retrouve pas moins de vingt titres, exécutés par autant d'artistes différents ; la plupart peu ou pas connus. A travers un répertoire né d'un savant mélange du blues électrique et de l'acoustique. Modestement sous-titré "The best of British blues", l'opus débute par un des plus sérieux espoirs anglais : le chanteur pianiste et harmoniciste Dave "West" Weston. Issu du fameux Delta de la Tamise, il est le leader de ses Bluesonics mais aussi membre régulier des Big Town Playboys et des Blues Kings de Big Joe Louis. Il est sans doute l'harmoniciste anglais le plus talentueux. Avec Paul Lamb. Lui aussi inspiré par le 'west coast jump'. Son "I know what's going on" est tout à fait excellent. Son jeu sur l'harmo chromatique est saturé de swing. Son chant lui colle à la peau. Alimentée par la basse acoustique de Ian Jennings, la section rythmique est chargée de groove. Le Daniel Smith Blues Band assurait derrière Mojo Buford, au dernier Spring Blues d'Ecaussinnes. Sur ce "Fast train" il est soutenu par la guitare de Jon "T-Bone" Taylor et l'harmonica d'Alan Glen (ex-Nine Below Zero) ; un solide espoir du piano d'outre-Manche qui incarne ici le successeur des princes du boogie woogie. Les Customtones pratiquent un boogie blues d'honnête facture. Chez "Let's slide", le piano et la guitare passent bien la rampe, mais la voix n'est pas inoubliable! Flanqué de Chad Strentz au chant, un personnage qui fut longtemps le vocaliste des Kingsnakes de Paul Lamb et du guitariste Pete Farrugia, auteur d'un excellent solo, le Breakout Blues tire très bien son épingle du jeu sur "Drunk 'n' homeless". Drivée par le chanteur/harmoniciste Pete G Welland, Pete "G" & the Magnitones est une formation prometteuse. Ses deux guitaristes assurent dans la discrétion sur le relaxant "Big man blues". "Just enough" bénéficie du concours de Sonny Black à la guitare. Un instrumental au cours duquel Lee Badau concède un solo de sax très intéressant. Les Blackjacks évoluent dans un univers fort proche de Little Charlie & the Nightcats. Ils le démontrent tout au long de leur "Blackjack boogie". Etonnant ! Cliff Stocker et Slack Alice me rappellent le Doctor Feelgood du regretté Lee Brillaux. Côté acoustique et roots, trois plages sortent du lot. Tout d'abord "Hallowed ground". Si Guy Tortora y tire son épingle du jeu, ce fragment est traversé par l'accordéon de Charlie Hart, le chauve bien connu chez nous. Eddie Martin et son Acoustic Trio également. Chez "It's a mystery to me". Dino Coccia enfin. Pour un "Hey Renee" au cours duquel on retrouve le merveilleux Gordon Smith au chant et à la guitare. Sans oublier le duo vocal partagé entre Marcus Malone et Papa George. Ce dernier se réservant, en outre, le dobro. Leur "Take it to heart" est tout à fait bouleversant. Cette très bonne collection s'achève par "Blues mag blues" (!!), un instrumental magique, un voyage au cœur du Delta, sur lequel on retrouve Chris Rea à la slide. En fait un fond de tiroir inédit issu des sessions d'enregistrement de son dernier album, "Stony road".