Originaire de l'Oklahoma, ce jeune chanteur/guitariste n'a encore que 36 ans ; mais il fait son chemin lentement et sûrement. Il s’est établi à Austin, la capitale du Texas. Au cours des dernières années, il a publié toute une série d’albums, et très précisément pour le label italien Feelin' Good. Shawn ne dispose pas d'importants moyens financiers. Il enregistre chez lui, assurant pratiquement toute l’instrumentation. Il a tenté un pari audacieux : envoyer une maquette chez Delta Groove, à Los Angeles. Et le label est tombé sous le charme. Pour concocter « Edge of the world », Shawn a bénéficié du concours de son ami Lewis Dickson, un procureur à la préretraite. A la composition.
L'ouverture est imparable. Du texas blues rock par excellence. Nous sommes plongés dans un des clubs d'Austin. Issu de la plume de Howlin Wolf, ce "Sugar (Where'd you get your sugar from)" est une rampe de lancement idéale pour notre Shawn. Il libère constamment ses cordes sur une assise rythmique bien solide. Il a dû s'y reprendre à plusieurs fois, puisqu’il cumule le chant, la guitare, le piano, la basse et la batterie. C’est un véritable homme-orchestre. Si vous appréciez les premiers elpees des Thunderbirds, la musique de Pittman devrait vous plaire, même si bien sûr, Kim Wilson et l'harmonica sont absents. Néanmoins, Pittman tolère la présence d’un saxophoniste, Jonathan Doyle. "Leanin' load" est imprimé sur un tempo très vif, presque rock'n'roll. Face au sax baryton, la guitare, dans un style proche de Jimmie Vaughan, exerce son emprise sur l’espace sonore. Tout comme lors du très rythmique "Scent of your benjamins", une compo au cours de laquelle il décoche des flèches très incisive, dans l’esprit de l'aîné des Vaughan. Autre surperbe tranche de rock'n'roll, "Almost good" aurait pu garnir un de ces mythiques juke-boxes issus des fifties. Une compo balisée par le piano et le sax qui aurait pu également figurer au répertoire d’Ike Turner. "One of these days" adresse un clin d'oeil au blues contemporain, celui qui sévit au sein des juke joints dans les collines, au Nord du Mississippi! "Edge of the world" emprunte la trame rythmique rituelle de Howlin' Wolf. Reverb, les cordes de guitare sont excellentes. Les accords de piano omniprésents. Un plaisir évident des oreilles, proche ici du son d'Otis Rush. "That's the thing" est une autre réussite. Répandant ses parfums de bayous louisianais, cette plage rappelle le regretté Guitar Slim. Les sonorités dispensées tout au long de "Maintain" sont primaires, rudes à l'extrême, une sensation accentuée par les percussions quasi tribales de Shawn. Surprenant ! Mr Pittman empoigne sa slide pour aborder "I've had enough", un Chicago bourré de charme. Son instrument ronronne sur un profil rythmique en béton. Bouleversant, "Somebody gonna lose, somebody gonna win" évoque le mythique bluesman Texan, Sam Lightnin' Hopkins. L’artiste est seul avec sa voix et ses cordes amplifiées. L’intensité est à son paroxysme. Et c’est à la sèche qu’il achève cet elpee lors de la ballade "If I could (make the world stop turning)".