Que les amateurs de jazz me pardonnent, cette chronique est écrite par un amateur de rock n’y connaissant absolument rien au genre cher à Miles Davis…
Matana Roberts est une saxophoniste de jazz. Issue de Chicago, elle vit aujourd’hui à New-York. Son nouvel album, « Coin Coin » est un ‘work-in-progress’. Il relate l’histoire de ses ancêtres qui ont vécu l’esclavage. Et ce ‘mémoire’, elle l’a réalisé ‘live’ en compagnie de 15 musiciens : plusieurs saxos, deux trompettistes, deux bassistes, deux violonistes, un guitariste, un drummer, un préposé à la scie et un autre au doudouk (hautbois arménien) !
C’est le très libre label canadien Constellation qui a signé cette artiste dont l’expression sonore évolue dans un univers proche du free-jazz d’Albert Ayler, de John Coltrane voire de Charlie Mingus. Une signature courageuse mais pas étonnante de la part de la maison mère de Godspeed You Black Emperor ! (NDR : Matana a d’ailleurs joué en compagnie de la formation montréalaise) et de The Silver Mount Zion. Malgré son style résolument jazz, Roberts n’hésite pas à intégrer des éléments indie dans sa musique. Elle avait ainsi invité Prefuse 73 et Tortoise, à participer à l’enregistrement de son précédent elpee.
Espérons que son nouvel opus lui ouvre les portes d’un public plus large ; car, même si sa musique n’est pas toujours d’accès facile, elle recèle des moments de pure magie. Et je pense tout particulièrement à « Rise », caractérisé par ces dissonances si particulières de cuivres, de « Karasia », magnifique dans ses moments de quiétude ou encore de « Libation for Mr. Brow : Bid Em In », exécuté en gospel a capella. On rencontre même sur cet elpee du ‘spoken word’. Bref, jamais on ne s’ennuie à l’écoute de ce disque. Et dire que ces 90 minutes de pure liberté ont été interprétées en ‘live’ ! Une fameuse performance !