Qui peut se vanter de pouvoir aligner des chansons en 3 langues différentes sans qu’on ne sente le moindre point de rupture ? A ma connaissance, Alina Orlova est la seule réponse possible. Que ce soit en lituanien, en russe ou en anglais, les chansons glissent dans l’oreille comme une lettre à la poste. Pour ceux qui pensent encore que ces langues de l’Est se résument à des borborygmes gutturaux, elles constituent le plus beau des démentis. La splendide voix de la jeune artiste de seulement 23 ans est un peu comme la mer : belle, envoûtante, mystérieuse, capricieuse. Nous, nous sommes les bateaux qui nous laissons aller à son gré. La chanteuse lituanienne nous emporte, nous fait valser. Tantôt calme, avec pour seul bruit les vagues qui s’en vont mourir doucement sur les côtes. Tantôt déchaînée, au bord de la folie, prête à nous faire chavirer, elle nous balance comme des vulgaires insectes. Mais elle peut aussi être d’une poésie extraordinaire, d’une mélancolie incroyable. Oui, la voix d’Alina Orlovskaya, de son vrai nom, est capable d’accomplir toutes ces prouesses et de bien plus encore. Et que dire des compositions enchanteresses, des mélodies frissonnantes, des notes remplies de sensations indescriptibles. Quand on pense qu’elle se charge de tout. Il est complètement impossible de ressortir un morceau plus qu’un autre car cet elpee est un coffre empli de richesses toutes plus belles les unes que les autres. Mais ce qui parait improbable, c’est que, dans ce trésor, il n’y a pas la moindre pièce de toc.
A sa naissance, la jeune Lituanienne a dû bénéficier des grâces d’une bonne fée ou d’un ange pour jouir de cette « Kibirkstélé » (titre d’une des pistes, ce qui, en français, signifie ‘étincelle’) divine. Je suis tellement subjugué et tout retourné que j’en oublierais presque de vous dire que l’album s’intitule « Mutabor » et qu’il est, à mon sens, une des plus grandes réussites de cette année (je sais, on en est qu’à la moitié, mais je suis persuadé qu’il restera parmi les meilleurs). Artiste à suivre !