Désormais clean et délivré des ses addictions multiples, l’ex chanteur de Black Sabbath ne nous avait guère convaincu lors de la sortie de son dernier album studio, en l’occurrence l’insipide « Down To Earth ». Un disque paru il y a six ans déjà. Le Madman allait-il réussir à se renouveler et à faire oublier cette erreur de parcours ? En quelque sorte oui. Sur les dix morceaux qui constituent « Black Rain », cinq sont excellents, les autres anecdotiques. Ozzy ne composera plus jamais un « Over the Mountain » ou un « Bark at the Moon ». Mais épaulé par son poulain Zakk Wylde, gratteux de génie, de l’ex Faith No More Mike Bordin derrière les fûts, et d’un producteur aussi talentueux que Kevin Churko, il aurait été impardonnable d’accoucher d’un navet.
D’entrée, « Not Going Away » au rythme bulldozer, enchaîné à « I Don’t wanna Stop », caractérisé par son riff tronçonneuse, confirme l’osmose qui règne entre les musiciens et l’homme en noir. La volonté est bien d’aller de l’avant en actualisant le son, en industrialisant la voix, en incorporant des éléments inattendus, comme ce didgeridoo et ces bruits de bottes sur la plage titulaire, authentique manifeste anti-guerre ! ‘Je vois les cadavres s’accumuler… God bless the almighty Dollar’. Ozzy s’engage, Ozzy se mouille d’une pluie noire comme le pétrole. Hélas on s’ennuie durant les deux fragments qui suivent ce nouvel hymne pacifiste. Heureusement, « 11 Silver » redressent la barre. Mike Bordin s’en donne à cœur joie sur le titre le plus rapide de l’album, tandis que Zakk Wylde balance un solo en forme de clin d’œil à Rhandy Rhoads.
Nous zappons à nouveau deux titres pour savourer le meilleur ! « Countdown’s Begun », dont l’intro ressemble comme deux gouttes de bourbon au « Hell’s Bells » d’AC/DC, est probablement le titre le plus classieux d’Ozzy depuis « No More Tears ». Une grosse machine de riffs bien lourds et une rythmique qui ferait headbanger notre rédacteur en chef en personne (ce dernier est pourtant loin d’être un inconditionnel de cette discipline si chère à Beavis and Butthead). « Trap Door » conclut l’opus en force, un autre morceau de bravoure une nouvelle fois éclaboussé d’un son époustouflant et de l’incroyable talent de l’Ozbourne’s Team. Un album inégal sans aucun doute, mais ponctué d’authentiques joyaux du heavy rock.