Après avoir commis un elpee empreint de majesté symphonique ("The soft bulletin"), les Flaming Lips nous reviennent avec un opus gorgé de sonorités électroniques organiques. Surtout sur les premiers fragments du disque. A première écoute, ces interventions synthétiques sont plutôt surprenantes, pour ne pas dire dérangeantes. Mais au fil du temps, elles se fondent dans l'ensemble pour faire partie intégrante de leur expression sonore. Une assimilation qui devient plus facile lorsqu'on saisit le message de Wayne Coyne développé tout au long de cet opus. On est même plus très loin du concept album, même si Coyne en rejette l'idée. A la limite, les Flaming Lips viennent peut-être de réaliser leur Tarkus (NDR : si vous ne connaissez pas ce classique du prog rock, allez donc voir la biographie d'Emerson Lake & Palmer). L'histoire met ici en scène une petite fille qui combat des robots. Une imagerie naïve qui en dépit de toutes ses références à la machinerie, demeure fondamentalement humaine. Parce qu'elle est consacrée à l'analyse de thèmes existentiels comme l'amour et la mort.
Pour enregistrer cette nouvelle plaque, les Lips ont reçu le concours de Yoshimi P-we, une jeune chanteuse japonaise impliquée à la fois chez l'ensemble de psyché noise expérimental Boredoms, et chez OOIOO. En fait de chanter, on l'entend surtout déclamer et hurler chez le chaotique organisé " Yoshimi battles the pink robots pt 2 ". Autre invité, mais de marque : un musicien de Mercury Rev ! Pas Jonathan Donahue le chanteur (NDR : il avait joué chez les Lips, à leurs débuts), mais le bassiste Dave Fridman. A la production, tout d'abord. Parfois à la basse. Mais aussi, et c'est plus étonnant, il a collaboré à l'écriture de quelques morceaux. Ce qui explique sans doute pourquoi, les arrangements de cordes sont parfois aussi somptueux. A l'instar de " Do you realize ??", nonobstant cette ligne de basse ténébreuse, ‘joydivisionesque’. De l'atmosphérique, psychédélique et visionnaire " It's a summertime ", une chanson embuée de nuages de cordes et de backing vocaux angéliques. Et puis du space rock épique, mélancolique, délicatement agité par un tempo hypnotique, " Ego tripping at the gates of hell ". L'album s'achève pourtant par un instrumental plus filmique, sorte de bande sonore pour western contemporain intitulé " Approaching Pavonis Mons by balloon ". Excellent !