Il faut l’avouer, à ce jour, je ne m’étais jamais frotté au hip-hop judaïque. Ephryme (prononcez ‘E-prime’), est un rapper étasunien qui le pratique. Après avoir macéré dans l’underground, à Olympia (c’est dans l’Etat de Washington), pendant une décade, l’artiste décide de déménager à Brooklyn. En 2009. Et « Dopestlyvesky » constitue son premier elpee. Un opus publié sur le légendaire label K Records, cher à Calvin Johnson, plus connu pour ses signatures indie-rock (Bikini Kills, Built To Spill, Modest Mouse).
Particulièrement engagé, Ephryme aiguise ses commentaires sociaux et religieux, en les truffant de références littéraires. Il est soutenu par un backing band talentueux : le Smoke of Oldominion. « Dopeslyvesky » mixe donc les beats électro et la musique live. Le ‘hip-hop’ pratiqué par l’Américain oscille du hip folk (le brûlot autobiographique « Poppasong », inspiré par Everlast) au carrément reggae-dancehall (« Blow Up the Block », plage pour laquelle il a reçu le concours des rappeurs juifs DeScribe et Y-Love) en passant par le klezmer (« Better in the Dark », « Divine by Devine »). Ce qui n’empêche pas l’artiste yankee de nous réserver un titre hyper épuré digne de Sage Francis (« Grind Toroughly ») ainsi que des morceaux old-school au parfum West-Coast, proches de l’univers de Snoop Dog (« Life Sentence », « Elements of Style »).
Lors de ce grand recyclage, Ephryme revisite des pans entiers de la crème du hip-hop des années 90, tout en en les tapissant de considérations religieuses et sociales. Et malgré le poids des références inégalables, il réussit à tirer son épingle du jeu. Un fameux talent, en perspective…